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OL: comment Aulas poursuit son combat pour une reprise de la saison en Ligue 1

Depuis la fin du mois d'avril et l'officialisation par la LFP de l'arrêt de la saison 2019-2020 en Ligue 1, le président de l'OL, Jean-Michel Aulas, ne cesse de militer pour un rétropédalage, et donc une reprise. Un combat qu'il mène sur tous les terrains.

Difficile de dire si lui-même, au fond, pense pouvoir avoir gain de cause, mais toujours est-il que Jean-Michel Aulas poursuit la bataille. Avec panache, obstination, et avec quelques arguments. Extrêmement remonté contre l'arrêt définitif de la saison 2019-2020 en Ligue 1, qui a laissé son OL à la septième place du classement, le président lyonnais s'active sur plusieurs fronts, depuis maintenant trois semaines, pour faire rétropédaler les instances footballistiques françaises.

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Des recours déposés contre la LFP

Dès le 30 avril, et l'officialisation du classement finale en L1 par la Ligue, Aulas avait menacé d'intenter des recours contre cette décision, et même de demander des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Il n'a pas tardé à passer à l'action, en déposant un premier recours auprès du Tribunal administratif de Paris "pour permettre qu’on puisse envisager de reprendre à très court terme le championnat", et un deuxième concernant "les modalités d’arrêt du championnat". Des actions en justice qui n'ont jusqu'à présent débouché sur rien.

Une pétition avec Amiens

Globalement isolé parmi les présidents de clubs, et même en conflit ouvert avec certains, à l'image de Jacques-Henri Eyraud (OM), Jean-Michel Aulas s'est trouvé un allié de circonstance du côté d'Amiens. Le club picard, relégué en L2 après le gel du classement, a lancé une pétition pour une Ligue 1 à 22 clubs la saison prochaine. Pétition signée et relayée par le président rhodanien. Problème: comme l'a fait remarquer le Montpelliérain Laurent Nicollin, Aulas est plutôt pour un championnat à 18 qu'à 22. "JMA" s'est donc justifié quelques jours plus tard: il soutient Amiens contre l'arrêt de la L1, oui, mais pas dans son projet d'élargissement du nombre d'équipes.

Des courriers aux parlementaires

Pour tenter de rallier du monde à sa cause, et si possible des décisionnaires, Jean-Michel Aulas n'a pas hésité à adresser plusieurs courriers aux parlementaires. Avec un argument récurrent: selon lui, le championnat 2019-2020 peut tout à fait se poursuivre en août, une fois la situation sanitaire améliorée, alors que les instances sportives, mais aussi la ministre des Sports Roxana Maracineanu, ont évoqué une date butoir du 3 août, soi-disant fixée par l'UEFA (voir partie suivante).

Le week-end passé, dans un troisième message aux élus, JMA a évoqué le risque d'un "naufrage économique sans précédent". Avec des chiffres à l'appui: "Face à un déficit attendu, entre 500 et 900 millions d'euros, le football français n'est pas sûr de se remettre de cet arrêt prématuré malgré les mesures de soutien de l'Etat français qui vont devoir perdurer mais aussi s'accroître." En martelant: "Il y a lieu impérativement de se poser la question (nous sommes encore dans les temps vis-à-vis de l'UEFA) d'une reprise du championnat afin d'éviter la catastrophe économique annoncée. Il en va de l'intérêt général, de l'avenir de notre football et de notre compétitivité."

Des échanges avec le président de l'UEFA

Dans ce troisième courrier, Aulas indique aussi avoir eu une nouvelle "confirmation par l’UEFA, que la date du 3 août pour les fins des championnats était seulement une recommandation et n’était ni une date officielle, ni une date butoir". Un coup de bluff pour tenter de faire pencher la balance? Pas du tout. Cette "confirmation", que RMC Sport a pu consulter, n'est ni plus, ni moins, qu'une lettre écrite par le président de l'UEFA Aleksander Ceferin en date du 14 mai (en réponse à une première lettre d'Aulas).

"Les dates du 20 juillet (pour les associations nationales classées 16 à 55) et du 3 août (pour celles classées 1 à 15, dont la France) ont été mentionnées dans les présentations faites lors de réunions. (...) Cependant, nous avons toujours mentionné lors de ces réunions que ces dates n'étaient que des recommandations, formulées à titre provisoire et non pas officiel", précise à Aulas le patron du football européen. De quoi nourrir, un peu plus, les regrets du dirigeant de l'OL.

Une pression permanente sur les réseaux sociaux

Et puis bien sûr, Aulas, c'est un pressing permanent sur le terrain virtuel. En plus de ses prises de parole médiatiques et de ses interviews, le président lyonnais dénonce quotidiennement, sur les réseaux sociaux, ce qui est pour lui une injustice. Ces derniers jours, JMA a relayé (pêle-mêle) le plan de reprise du président de la Ligue espagnole Javier Tebas, le recadrage de Ceferin à la France (une décision "prématurée"), il a critiqué un sondage selon lequel 72% des Français considéreraient qu'il a tort de s'obstiner dans son combat contre la LFP, ou a salué la reprise de la Bundesliga, appelant évidemment la Ligue 1 à en faire de même…

Ce mardi, c'est à l'éventualité d'un second tour des municipales fin juin qu'a réagi le dirigeant. En ramenant évidemment cette actualité au ballon rond: "Que pense le conseil scientifique de la reprise des activités football? C’est sûrement moins difficile et moins dangereux à organiser que les municipales?", s'interroge-t-il. Sans jamais déposer les armes.

Clément Chaillou