Municipales 2020 à Lyon : Quelles alliances possibles pour gagner la mairie et succéder à Gérard Collomb ?

ELECTIONS Alors que les Verts espèrent confirmer le 28 juin le score enregistré lors du premier tour, plusieurs alliances sont possibles en vue du second tour à Lyon

Elisa Frisullo
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La mairie de Lyon.
La mairie de Lyon. — C. Villemain/20 Minutes
  • Lors du premier tour des municipales à Lyon, le candidat écologiste est arrivé largement en tête.
  • Trois autres candidats se sont qualifiés pour le second tour, mais une quadrangulaire est peu probable.
  • Le jeu des alliances, mis entre parenthèses pendant le confinement, reprend.

Certains étaient pour, d’autres contre un second tour en juin. Mais maintenant que la date a été fixée par le gouvernement, tous vont devoir se mettre en ordre de bataille dans les prochains jours pour tenter de remporter la mairie de Lyon et succéder à Gérard Collomb, aux rênes de la ville depuis 19 ans.

A cinq semaines du second tour des élections municipales, fixé au 28 juin vendredi par le Premier ministre, la question des alliances possibles entre les différents candidats tout juste déconfinés, va devoir être réglée rapidement au sein de chaque camp. Leurs listes doivent être déposées d’ici quinze jours. Mais les stratégies évoquées rapidement au soir du premier tour, soit quelques heures avant l’annonce du confinement, sont-elles toujours d’actualité ou la crise sanitaire du coronavirus a-t-elle rebattu les cartes ?

Une quadrangulaire possible sur le papier…

Pour bien comprendre les enjeux qui animent les candidats, un rapide retour en arrière est nécessaire. Au soir du premier tour, les Verts, menés par Grégory Doucet, sont arrivés en tête dans huit des neuf arrondissements lyonnais (28,46 % des suffrages). Trois autres candidats, arrivés loin derrière, ont remporté suffisamment de voix pour se maintenir au second tour. Etienne Blanc, le candidat de la droite et du centre, a obtenu 17,01 % des voix. Le candidat LREM Yann Cucherat, adoubé par Gérard Collomb, a remporté 14,92 % des suffrages et le candidat dissident Georges Képénékian 11,98 %.

Chez EELV, le rêve de faire basculer en vert la troisième ville de France semble plus que jamais à portée de main. Grégory Doucet n’a cessé d’y croire, convaincu que le monde d’avant ne sera plus celui d’après le Covid-19. « La crise sanitaire aura donné à voir la pertinence de notre projet dans cette situation, Lyon et sa métropole ont plus que jamais besoin d’écologie. Nous devons saisir l’occasion de réinterroger nos politiques publiques. Ces politiques court-termistes, obsolètes ne créent pas les conditions d’un futur désirable », a estimé vendredi le candidat, qui a créé la surprise au premier tour sans jamais n’avoir exercé aucun mandat. Et ces semaines de confinement lui ont semble-il donné l’occasion d’entamer des rapprochements avec les deux candidates de gauche Sandrine Runel (7.01 %) et Nathalie Perrin Gilbert (10.06 %), afin de créer une majorité de gauche.

Mais une triangulaire plus probable

Du côté de LREM, la claque prise par les équipes de Gérard Collomb dans les arrondissements mais également lors des élections métropolitaines ne laisse pas d’autres choix qu’une alliance. Mais avec qui ? Le candidat LR comme la rumeur bruissait avant le premier tour ? Etienne Blanc avait balayé toute possibilité d’alliance au soir du premier tour et semble compter davantage désormais sur la mobilisation de son électorat de droite pour l’emporter que sur de petits arrangements avec d’autres partis.

« L’enjeu de cette élection ça va être un enjeu de mobilisation », a-t-il déclaré sur BFM Lyon vendredi soir, soucieux que les procédures sanitaires soient respectées pour rassurer les électeurs et les inciter à aller aux urnes. « On sait désormais que si l’on a des masques et que l’on respecte une distanciation de deux à trois mètres le risque est nul », a-t-il ajouté, espérant ne pas voir le scénario du premier tour – et ses 60 % d’abstention – se reproduire.

Le candidat Yann Cucherat devrait alors plutôt se tourner vers son ancien camarade Georges Képénékian, parti en solo dans la course à la mairie contre le clan Collomb. Mais là encore, rien n’est gagné. Au soir du 16 mars, l’actuel premier adjoint au maire de Lyon évoquait plutôt un rapprochement possible avec EELV. « J’aurais besoin d’avoir un projet et une cohérence par rapport à tout ce qu’on a fait. Il faudra discuter avec les uns et les autres avec l’idée d’un rassemblement le plus large possible », avait alors déclaré Georges Képénékian, évoquant un travail à engager sans doute « avec les Verts d’une manière un peu différente ».

Collomb/Kimelfeld, une alliance impossible ?

Depuis, les vives tensions entre les équipes de Gérard Collomb et son ancien dauphin David Kimelfeld, devenu son adversaire pour la métropole, ont semblé s’apaiser pendant le confinement. Chacun s’est concentré à gérer la crise sanitaire, laissant de côté la guerre de tranchée de ces derniers mois. Mais cet armistice paraît bien fragile et le maire sortant assez isolé. En insultant l’une de ses anciennes alliées lors d’un récent conseil municipal à distance, Gérard Collomb a déclenché les foudres du clan Kimelfeld/Képénékian. Il est ensuite apparu en position fragile en annonçant cette semaine l’abandon « pour des raisons financières », de son projet de boucler l’Anneau des Sciences, une mesure pourtant essentielle de son programme.

Une décision vue, parmi certains soutiens de Kimelfeld, comme une stratégie du maire de Lyon pour se rapprocher de l’actuel président de la métropole, opposé au contournement. Dans une interview à France 3, Gérard Collomb n’a d’ailleurs fait aucun mystère vendredi soir sur sa volonté d’enterrer la hache de guerre avec Kimelfeld pour gagner. « Chacun maintenant a les résultats du 1er tour et chacun voit qu’il a besoin de l’autre pour pouvoir gagner. Ces résultats appellent à être raisonnables », a souligné Gérard Collomb.

Une main tendue qui n’aurait donné lieu à aucune discussion pour l’heure entre les deux hommes et leurs équipes. « Depuis le 1er tour, nous vivons dans un monde différent, et c’est donc en quelques sortes une nouvelle élection qui se jouera dans cinq semaines. Nous devons tous, collectivement, repenser nos projets, pour qu’ils répondent aux nouveaux enjeux », a seulement indiqué vendredi David Kimelfeld en apprenant l’organisation du second tour fin juin. Une « nouvelle élection » qui risque bien, toutefois, de se préparer avec les mêmes recettes que dans l’ancien monde…