Arrivé en tête au premier tour, depuis rejoint par la gauche dans une "coalition pour le climat, sociale et démocratique" Grégory Doucet, tête de liste des écologistes, reste le grand favori pour remporter la mairie de Lyon, malgré cette alliance avec la gauche unie. Idem pour le candidat écologiste à la présidence de la métropole de Lyon Bruno Bernard, donné favori avec 37% des voix au second tour selon un sondage Ifop-Fiducial pour Lyon Capitale et Sud Radio paru ce 22 juin.
A l'aune de la crise, les deux têtes de liste écologiste ont renforcé leurs propositions en faveur de la solidarité - un RSA jeune par exemple - et dans la prise en compte des plus fragiles.
"Lyon a envie et besoin d'écologie. La crise nous rappelle la nécessaire solidarité et la coopération. Nous lançons une coalition pour le climat, elle est nécessairement sociale et démocratique", indique Grégory Doucet, tête de liste EELV aux élections municipales.
Mais globalement, le candidat à la métropole - c'est elle qui détient véritablement la compétence économique - campe sur ses propositions du 1er tour : écorénovation des bâtiments, encadrement des loyers, réduction des inégalités territoriales par la mobilité, emplois locaux, soutiens aux commerçants, encadrement des loyers, régie publique de l'eau. Le candidat mise sur la commande publique pour accélérer la relance du territoire.
"L'équipe sera prête pour aller vite. Nous allons dans un premier temps activer la relance par la commande publique et modifier les politiques d'achat pour favoriser les emplois locaux", indique Bruno Bernard.
Deux visions de l'économie de demain
Face à eux, la coalition ex LREM-LR agite le spectre de la décroissance et mettent en garde les milieux économiques des conséquences de la "vague verte" sur l'emploi et l'attractivité de la ville.
"Certes, on est outsiders face aux verts et à la France insoumise. Mais on porte chacun deux projets de ville : nous portons le projet d'une ville du quotidien, ouverte, accueillante où l'on pourra travailler et trouver de l'emploi et non pas celle d'une ville où l'on pourra accéder uniquement à vélo ou en train", indique Yann Cucherat, le candidat ex-LREM-LR pour la ville de Lyon.
Il inscrit au rang de ses priorités le soutien au commerçant et à l'économie locale.
"Les écologistes ont un discours monothématique. Certes, ils sont plus lisibles que nous sur l'écologie mais nous ne visons pas la même écologie. Nous prônons l'écologie positive sinon cela va tuer l'économie. L'industrie a déjà entamé cette mutation, beaucoup d'autres entreprises aussi. On peut allier le développement et le respect de l'environnement", souligne François-Noël Buffet, candidat LR-ex-LREM à la métropole de Lyon suite à l'alliance qu'il a conclu avec Gérard Collomb.
Le candidat, qui arriverait second avec 32% des voix, n'a pas spécialement fait évoluer son programme économique au regard de la crise mais c'est la crise qui lui a fait prendre conscience de la nécessité de passer outre les querelles anciennes et de choisir cette alliance controversée.
"Des divergences, j'en ai : mais au vu des circonstances, la crise sanitaire nous oblige à dépasser tout cela. J'ai toujours considéré qu'il fallait dépasser nos différences face à l'essentiel. Je m'inscris dans la tradition de notre territoire", assure-t-il.
Il estime néanmoins que la métropole sera toujours en capacité d'investir, il assure que les impôts ne seront pas relevés, toujours à condition de "maintenir l'attractivité de la métropole et sa capacité à générer des emplois".
"Si on choisit les verts, on aura une métropole qui se rabougrie, clanique et qui s'appauvrira avec du chômage et de la décroissance", ajoute-t-il.
Troisième voie ?
Le troisième candidat en lice, avec 26% des voix, qui a refusé toutes les alliances au nom "du respect des électeurs", mise sur les propositions concrètes.
"Ces accords passent mal. On incarne une forme de valeur refuge aux yeux des électeurs", commente David Kimelfeld qui défend sa position. "A quel titre je ne serai plus candidat président ?" indique-t-il en réponse à ses adverses qui soulignent qu'il n'a pas voulu renoncer pour faire alliance.
Celui qui "parle la langue de l'entreprise" a décliné plus de 70 propositions pour l'économie au cours de sa campagne, dont le renforcement de l'écorénovation, l'équilibre entre les grandes et les petites entreprises, la création d'une foncière pour stabiliser les prix de l'immobilier ou favoriser l'emploi.
A l'aune de la crise, il a renforcé son programme économique par "des propositions concrètes, je suis le seul", précise-t-il, comme la mise en place de "nationalisations temporaires", des rachats temporaires de fonds de commerce ou encore la relance de la commande publique.
"Les problèmes vont arriver à la rentrée. Il faut protéger l'emploi", souligne-t-il.
Et compte sur son bilan et la capacité d'investissement de la métropole pour porter ce programme.
"La métropole présente son meilleur compte administratif depuis 15 ans. Malgré la dégradation des entrées fiscales à prévoir, nous disposons d'une bonne capacité d'emprunt, elle passera de 3,5 à 4,5 milliards d'euros et d'une capacité de désendettement à 5 ans, ce qui est normal pour une collectivité", ajoute le président sortant.
Reste que les premiers concernés se font discrets. Dans la ville du consensus, rares sont les acteurs économiques qui se prononcent pour tel ou tel candidat. Tous assurent avoir un bon dialogue avec leurs représentants, même si des lettres ouvertes, non signées, circulent, montrant de l'inquiétude face au programme des verts. Au final, tout se jouera avec l'abstention mais surtout au 3e tour, le jeudi 2 juillet, jour de l'élection du président à la métropole de Lyon.
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