FOOTBALLComplet comme jamais, Houssem Aouar est en train de conquérir l'Europe

OL - Bayern Munich : « Il a pris de la force, ça l’aide à s’exprimer »… Comment Houssem Aouar est en train de conquérir l’Europe

FOOTBALLLe milieu de terrain lyonnais, qui sort de deux prestations grandioses contre la Juventus et Manchester City, devra porter son équipe encore plus haut mercredi soir en demi-finale
Houssem Aouar après la victoire de l'OL contre Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions, le 15 août 2020.
Houssem Aouar après la victoire de l'OL contre Manchester City en quart de finale de la Ligue des champions, le 15 août 2020.  - Franck Fife/AP/SIPA
Nicolas Camus

Nicolas Camus

L'essentiel

  • Epatant contre la Juventus et plus encore face à Manchester City, Houssem Aouar a su se hisser au niveau de l'événement lors de cette phase finale de la Ligue des champions.
  • Face au Bayern, en demi-finale, il sera encore l'un des éléments-clé de l'OL si son équipe veut rivaliser avec le mastodonte bavarois.
  • Avant le rendez-vous de mercredi soir, petite présentation de la palette du milieu de terrain de 22 ans, plus que jamais promis à un grand avenir.

Son irrégularité peut agacer, mais son étonnante propension à élever son niveau quand le pedigree de l’adversaire l’impose fait tout oublier à chaque fois. Houssem Aouar a livré face à la Juventus puis Manchester City deux performances de patron au sein du milieu de terrain lyonnais, formant avec Guimaraes et Caqueret une triplette « exceptionnelle », selon les mots de Pep Guardiola. « Si je dois dire un nom, pour moi, c’est Houssem Aouar », a renchéri Kevin De Bruyne. Bel hommage de la part de l’un des milieux les plus complets du monde. Un cercle que l'intéressé a largement les moyens d'intégrer. Avant la demi-finale face au Bayern Munich, mercredi soir, on tente de dérouler la palette de l’enfant de Villeurbanne. Avec l’aide de Gérard Bonneau, l’ancien directeur de la cellule de recrutement de l’OL chez les jeunes.

  • Gratteur de ballons

Ce n’est pas le premier domaine qui nous vient à l’esprit quand on pense à Aouar, mais face à la Juve et surtout à City, Aouar a été monstrueux à la récupération. Que ce soit en coupant les trajectoires pour amorcer la relance ou en mettant le pied là où il faut, il a souvent soulagé sa défense. Ce n’est pourtant pas le plus grand (1,70m) ni le plus costaud (70 kg), mais sa capacité à ne pas bouger au contact a été bluffante. Les supporters se souviennent sûrement du premier but lyonnais à Leipzig, en phase de poule, où par deux fois il va au charbon avant de laisser Depay la mettre au fond (à 0’15 sur la vidéo).

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L’avis de Gérard Bonneau :

« Je l’ai trouvé très fort physiquement, avec beaucoup de fraîcheur, sur les deux derniers matchs. Comme toute l’équipe d’ailleurs. Ça m’a un peu surpris. Houssem, même s’il semble fragile, a une grande force physique. Mais là il y avait quelque chose en plus, un engagement différent, très déterminé. C'est lié à sa force mentale, je pense. C’est un garçon qui a un comportement complètement différent à l’extérieur et sur le terrain. Il est aimable, souriant, mais dès qu’il entre sur le terrain il n’a plus d’ami. Il n’a peur de personne, il a cette volonté de toujours aller plus loin. Il l’avait déjà en jeune, et je vois que c’est resté en lui. Il a un caractère bien trempé, presque méchant, pendant un match. On a l’impression qu’il prend une force d’on ne sait pas où… (rires). »

  • L’art de l’ouverture

Même s’il visait sûrement plus Toko que Dembélé sur l’action qui amène le but du 2-1 samedi, même s’il a un peu caviardé la dernière touche pour lancer Depay 20 minutes plus tôt et que celle pour Cornet n’était pas un cadeau à contrôler, le numéro 8 lyonnais a montré contre City qu’il avait un sacré coup d’œil. Normal, direz-vous, à son poste. C’est vrai, mais certains atteignent quand même plus souvent leurs potes en train de s’échauffer le long de la ligne de touche que leur attaquant qui partait au but. Surtout, Aouar arrive à déclencher proprement après des courses à haute intensité ou en sortant d’un dribble compliqué, comme c’est le cas pour Depay (0’40 sur la vidéo) et Cornet (0’49). N’essayez pas chez vous, vous pourriez vous blesser.

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L’avis de Gérard Bonneau :

« Il a une très bonne vision du jeu, une lecture des événements incroyable. Pour réussir ces ouvertures, il faut de la vista et de la maîtrise. Ces qualités, il les a. Et surtout, il a la concentration. Cela vient de sa manière d’aborder les matchs. Il oublie tout ce qu’il se passe autour, il tente. Après, il lui manquait un peu de force physique pour résister et se mettre en position d’ouvrir le jeu. Là-dessus, il a beaucoup évolué ces derniers mois. Le staff a fait du bon travail, et lui aussi individuellement. C’est l’âge, aussi. A 22 ans, il arrive à maturité physique et physiologique. On sent qu’il a pris de la force, ça l’aide à s’exprimer. »

Bonus : L’avis d’Aouar lui-même sur sa manière d’aborder les matchs

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  • La finesse technique

L’extérieur du pied soyeux, le dribble facile, la feinte dans le sang… le Gone est un joueur à l’immense talent, tout le monde s’en est rendu compte très vite depuis ses débuts en pro. Il ne dit jamais non à un petit pont qui s’ouvre devant lui – n’est-ce pas Dybala ? Une adresse technique qui s’évapore de temps en temps, quand l’équipe va moins bien, mais qui ressort toujours dans les grands rendez-vous. A 22 ans, Aouar a encore le temps de gagner en constance. En tout cas, il fait partie de ces joueurs pour lesquels vous n’hésitez pas à payer le billet d’entrée.

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Outch - Capture d'écran 20 Minutes

L’avis de Gérard Bonneau :

« Cette finesse est innée. Et ensuite, il a une grande culture du travail, avec les formateurs du club, qui sont toujours très attachés à la technique du joueur. Ça, c’est indispensable à Lyon, la capacité à travailler la technique à travers le jeu. Quand vous le voyiez à 12 ans, il était déjà plus fort que les autres. Ce qui fait la différence entre un bon et un très bon joueur, c’est la qualité technique. Un grand joueur doit comprendre le jeu et après la différence se fait là-dessus. Un grand joueur peut éliminer sur sa première touche, ce que sait faire Houssem. Il crée des décalages juste avec ses prises de balle, ça c’est fort. Et puis elles sont orientées vers l’avant. S’il a de l’espace devant lui après sa prise de balle, il s’engouffre, il n’hésite pas. Il crée des surnombres. C’est son habileté technique qui lui permet ça. »

  • Le débordement « signature » côté gauche

Trimballé à tous les postes du milieu, au gré des inspirations plus ou moins inspirées de Genesio ou Garcia, le numéro 8 de l’OL a assez souvent évolué à gauche ces derniers mois. Si ce n’est pas là où il s’exprime le mieux, il en a tiré une sorte d’action signature, le débordement-à-double-détente-où-je-fais-semblant-de-m’arrêter-mais-en-fait-non-t’as-vu-je-réaccélère. Le plus bel exemple ? Le but offert à Depay contre Benfica, en poule (à 0’20 sur la vidéo). On n’oublie pas non plus le centre pour l’improbable volée du gauche de Tousart en quart de finale aller face à la Juventus.

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L’avis de Gérard Bonneau :

« Ce mouvement, qu’il apprécie c’est vrai, est le symbole de la caisse physique qu’il a désormais. C’est un joueur solide, qui a été épargné par les blessures, qui travaille bien. Il a pris une autre dimension athlétique, je trouve, et ça lui permet de s’exprimer. Sa qualité technique fait le reste. Houssem a élaboré avec son entourage un projet pour devenir un grand joueur de foot, très vite, très jeune, et il s’y tient. Il a fait beaucoup d’efforts sur toute la partie invisible, la récupération, l’hygiène de vie, etc. Il s’est construit un projet, une vie autour, et aujourd’hui il a tout pour réussir. »

  • La frappe enroulée côté opposé (Richard)

On ne sait pas si le Lyonnais a regardé beaucoup de matchs de Thierry Henry quand il était enfant, mais il a le même toc. Dès que le but est à distance respectable, il tente d’enrouler côté opposé. La comparaison s’arrête là, puisque l’ancien Gunner était une machine à buts et que ce n’est pas là le job d’Aouar. Mais ce dernier a laissé quelques frappes brossées dans la légende du club, comme celle qui avait contribué à la victoire complètement folle à Marseille (2-3) il y a deux ans ou le bijou qui avait ramené l’OL dans le game face à Leipzig en phase de poule en décembre (1’19 sur la vidéo). Ceci dit, cela manque parfois (souvent) de puissance, pour un résultat à rendre jaloux Marco Verratti. Le Lyonnais a encore un peu de boulot pour en faire son arme fatale.

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L’avis de Gérard Bonneau :

« Oui, c’est un peu perfectible mais c’est normal, il est encore jeune. Ce n’est pas un point faible non plus. Pour moi il n’en a pas. Il marquait beaucoup dans les catégories de jeune, il sait faire. Cela viendra de plus en plus souvent, je ne me fais pas de soucis. Il est déjà un grand joueur et il va être un très très grand. Il est en train de marquer les esprits en ce moment et je lui fais confiance pour continuer car il a un gros mental. Il sait ce qu’il veut, il l’a toujours su. »

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