CORONAVIRUSL’avenir des salles de sport de Lyon va-t-il passer par les cours vidéo ?

Coronavirus à Lyon : L’avenir des salles de sport va-t-il passer par les cours en vidéo ?

CORONAVIRUSDepuis plusieurs mois, les salles de sport de Lyon, frappées par plusieurs fermetures, mettent en place des solutions pour continuer d’exister
L'avenir des salles de sport va-t-il passer par les cours vidéo?
L'avenir des salles de sport va-t-il passer par les cours vidéo? - Alfredo Estrella/AFP / AFP
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Durant frappées par la crise sanitaire, les salles de sport de Lyon s’organisent pour continuer d’exister malgré la fermeture des clubs.
  • Pour certains, la solution passe par l’utilisation des cours vidéo en live ou en replay.
  • D’autres structures plus petites misent davantage sur les cours en plein air, estimant que les vidéos ne sont qu’un outil temporaire.

Elles font partie des grandes perdantes de la crise sanitaire. Fermées pendant toute la durée du confinement et jusqu’à début juin, les salles de sport ont dû baisser à nouveau le rideau le 29 septembre. Bien avant l’instauration d’un couvre-feu dans plusieurs départements français, dont celui du Rhône. Comment dès lors assurer leur survie ?

Le recours aux cours vidéo est l’une des pistes sur laquelle mise fortement l’Appart Fitness, qui dispose aujourd’hui d’une centaine de clubs sur le territoire et qui recense 150.000 adhérents. « Pour nous, c’est la clé », admet Thibaut Morel, directeur marketing communication de la chaîne. « Nous allons d’ailleurs muscler notre offre dans ce domaine en investissant dans un studio de création pour développer des programmes de bonne facture. Jusque-là, les cours vidéo étaient une solution de dépannage mais l’objectif est d’en faire une véritable offre professionnelle », ajoute-t-il sans indiquer de prix mais précisant que le tarif sera « bien en deçà des abonnements classiques » (50 euros par mois).

Le « virage du digital »

« Nous avons compris que les adhérents étaient prêts à pratiquer à la maison. C’est une offre complémentaire qui peut compter », poursuit-il. Depuis les six derniers mois, la société estime qu’un peu plus de 10 % de ses abonnés ont suivi les séances proposées proposées en direct sur Internet. Mais l’objectif est de rapidement enclencher la vitesse supérieure pour atteindre les 25 %. « Nous devons prendre le virage du digital qui n’était pas vraiment demandé au départ par les adhérents », estime Thibaut Morel, conscient que les restrictions sanitaires ont profondément changé la donne.

Matthieu Verneret, coach et dirigeant de la toute jeune salle de sport Leaf Circle située à proximité du parc de la Tête d'Or, s’est lui aussi posé la question. Le jeune homme a littéralement cartonné pendant le confinement. Les cours qu’ils proposaient en live gratuitement ont séduit chaque semaine plus de 1.000 personnes. « Après, les gens étaient enfermés chez eux. Ils n’avaient pas d’autres choix. Donc cela a très bien marché et cela nous a permis de faire une bonne rentrée en enregistrant des abonnements à la salle au mois de juin », explique-t-il. Mais aussi de fidéliser un tiers des visiteurs quotidiens du confinement en proposant depuis la mi-mai quatre cours hebdomadaires en vidéo (live et replay) pour la modique somme de 5 euros par semaine. « C’est 150 adhérents aujourd’hui qui suivent ces cours », précise-t-il. Mais pour Matthieu Verneret, les vidéos ne sont qu’une « solution temporaire et alternative ».

« Les vidéos ne remplacent pas ce que l’on peut trouver dans une salle de sport »

« Elles permettent juste de passer la crise », estime-t-il peu convaincu qu’il s’agisse là d’une clé pour l’avenir. « Les gens ont besoin de contact, d’humain. Les vidéos ne remplacent pas ce que l’on peut trouver dans une salle de sport », argumente-t-il. La solution, pour lui, passe par ce qu’il avait déjà mis au préalable en place avant l’arrivée du coronavirus sur le territoire : des clubs « plus petits, plus humains », avec des cours limités à 10 ou 12 personnes. Ainsi que des séances en plein air. « C’est en phase avec les normes sanitaires et ça correspond bien à ce que le public attend. Avant la crise, on avait déjà mesuré le ras-le-bol des gens concernant les salles de sport qui sont en mode usine ».

Un avis partagé par Emeric Pochon, gérant de la box CrossFit Gerland dans le 7e arrondissement de Lyon et qui recense 650-700 adhérents. « La vidéo est un outil à utiliser en dernier recours, abonde-t-il. Si on enlève la liberté de circuler, elle a son intérêt mais cela n’est pas viable dans le temps ». D’autant que le CrossFit requiert l’utilisation de matériel spécifique, peu adapté à la pratique en appartement.

Le plébiscite des cours en plein air

Le jeune homme opte désormais pour les cours en extérieur limités à 9 personnes pour faire vivre sa box. « Le 28 septembre, on a remonté une salle en plein air sur un immense terrain attenant à la box. On a stocké le matériel dans des conteneurs maritimes, raconte-t-il Ce qui nous permet d’assurer 95 % des cours du planning ». Et les clients sont au rendez-vous. « L’absence de vestiaire est encore un frein mais les adhérents sont bien présents même les jours de pluie car on sent qu’ils ont besoin d’une échappatoire et que la pratique du sport est vitale pour eux ».

Là encore, « l’aspect communautaire » prime avant tout, selon lui. « L’un des inconvénients des vidéos est également le manque de contact avec le coach qui peut apporter une correction visuelle, montrer les gestes, corriger les mauvaises positions », conclut Emeric Pochon précisant que ses cours proposés en plein air lui ont permis d’attirer de nouveaux abonnés.

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