Agréger et traiter la donnée environnementale pourrait prendre encore plus de place au cours des prochaines années. C'est le constat mais aussi le pari qu'a déjà fait la jeune pousse Meersens, créée en 2017 par deux lyonnais, Morane Rey-Huet et Louis Stockreisser. Ils proposent désormais un logiciel visant à réduire les impacts des risques environnementaux, pouvant planer sur la santé des citoyens.

Une question de taille alors que l'on estime aujourd'hui que près de 13 millions de personnes décèdent chaque année à travers le monde en raison d'un facteur environnemental, tandis que 85 % des maladies chroniques s'avéreraient directement liées à notre environnement.

"Notre ambition est d'apporter des solutions de prévention à la fois pour les villes et leurs citoyens, ainsi que pour les entreprises, sur les enjeux qui se posent en matière d'environnement et de santé", atteste Morane Rey-Huet, co-fondateur de la jeune pousse.

Pour cela, Meersens est allée se plonger du côté des datas pour les faire parler. Elle se charge de récolter plus particulièrement certains types de données : des données objectives, issues de l'open data, qui sont ensuite modélisées pour arriver à saisir les enjeux de l'environnement. Mais aussi des données plus « chaudes », issues du ressenti des utilisateurs. "Cela permet d'embarquer dans un cercle vertueux le salarié et son entreprise, ou encore le citoyen et sa ville", affirme Morane Rey-Huet.

A partir de celles-ci, la jeune pousse propose un logiciel web qui va permettre à ses clients (ville, entreprise ou hôpitaux) d'avoir une vision globale sur leur environnement, et surtout mesurée. La jeune pousse conçoit notamment un petit boîtier, la mBox, qu'elle avait présenté lors du dernier CES de Las Vegas en 2019 et qui permet, grâce à ce type de logiciel, de mesurer plusieurs données environnementales : qualité de l'air, pollution sonore, ondes et UVA/B.

Analyser les expositions de manière personnalisée

"Nous analysons le risque engendré pour chaque citoyen, de manière personnalisée, ce qui demeure la clé pour l'emmener sur un chemin de prévention. Nous lui proposons ensuite des améliorations de l'environnement, soit par des choses très simples comme d'ouvrir une fenêtre, ou plus pointues, comme une aide à l'identification de l'approche des crises, dans le cas de maladies mentales", expose le co-fondateur de Meersens.

La startup travaille aux côtés de différents laboratoires, mais aussi de centres experts pour suivre ces patients et récolter des données. "Nous proposons un outil complet, qui va de l'évaluation du risque de l'environnement à sa compréhension personnalisée, et jusqu'à la prévention", résume Morane Rey-Huet.

Sa mBox a quant à elle déjà été vendue à plus de 2.000 exemplaires, en direct, essentiellement auprès de villes ou d'entreprises qui ont une politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Les commandes se sont d'ailleurs accélérées depuis le début de l'épidémie de Covid-19, car les entreprises souhaitent aider leurs salariés en télétravail à mieux gérer leur environnement.

Une phase de R&D jusqu'en 2023

Meersens a été labellisée Deeptech en 2019 par BpiFrance pour ses recherches, ce qui lui a permis d'obtenir une dotation (NC). Pour se développer, la jeune pousse a mis en place un board scientifique, avec des collaborateurs provenant notamment de l'Inserm ou du centre Léon Bérard.

"L'objectif est d'asseoir notre technologie sur des faits scientifiques éprouvés", assure Morane Rey-Huet, qui souligne que la partie recherche et développement pourrait encore durer jusqu'à début 2023. Actuellement, l'équipe de Meersens compte 14 personnes et devrait progressivement atteindre les 20 collaborateurs début 2021, et une trentaine fin 2021.

Quant à son logiciel, de premières ventes auraient également déjà démarré fin 2019, avec le déploiement de certains briques auprès de plusieurs clients, grandes villes et entreprises, dont les noms ne sont à ce stade pas communiqués.

"Le télétravail a explosé avec l'épidémie de Covid-19 et rajouté une composante : les employeurs veulent désormais aider leurs salariés à gérer leur environnement et font appel à nous en tant que tierce partie", détaille-t-il.

Devenir une licorne d'ici 2025

Parmi les marchés potentiels pour sa solution, Meersens vise notamment l'Europe, mais aussi directement les Etats-Unis et l'Asie.

"Nous avons déjà bien avancé sur la France et l'Allemagne. Le marché américain est intéressant, car la cherté du système de santé rend la politique de prévention d'autant plus déterminante", indique Morane Rey-Huet.

Malgré son souhait de traverser l'Atlantique, les ambitions du lyonnais ont été contrariées cette année par la Covid-19 : il a donc décidé de se recentrer pour l'instant sur le marché européen.

Meersens envisage cependant de compléter une levée de fonds de 3 millions d'euros d'ici le début de l'année prochaine, en vue d'atteindre un objectif :  "Devenir, d'ici 2025, une licorne européenne, c'est-à-dire être valorisée à plus d'un milliard d'euros", envisage son co-fondateur.