C'est la dernière ligne droite avant le dépôt des candidatures, prévu pour le 15 janvier prochain. Le collectif lyonnais Arty Farty -une association de loi 1901 à la tête de l'emblématique Festival de musique électronique Les Nuits Sonores-, s'était installé il y a quelques mois dans ses propres locaux. Situé dans le quartier de la Confluence, au sein des locaux de H7, son Hôtel 71 était pensée comme un "creative hub" destiné à accueillir ses différents projets.

Avec, parmi eux, le lancement d'un incubateur dédié aux médias émergents, qui devrait démarrer, Covid-19 ou non, d'ici quelques semaines. L'appel à candidatures a été lancé en fin d'année, avec un objectif : accompagner une quinzaine de jeunes pousses issues du milieu des médias émergeants et contenus innovants.

« Nous avions commencé par accueillir une vingtaine de structures culturelles, dont neuf médias, pour une première saison d'accompagnement sous différentes formes au sein de l'Hôtel 71, inauguré en septembre 2019. La crise du Covid-19 nous a poussé à scinder ensuite notre initiative en deux dispositifs », précise Ivan Roux, coordonnateur des programmes de l'Hôtel 71 pour Arty Farty.

Désormais, le collectif proposera ainsi un programme destiné aux acteurs culturels du territoire, en soutien avec la Métropole de Lyon, en vue de leur apporter des services dédiés. Mais aussi un incubateur pour des projets liés aux médias émergeants, soutenu par le Ministère de la Culture.

Car l'association lyonnaise, qui emploie au total près de 90 collaborateurs à temps plein à travers ses différentes branches, a ainsi choisi de s'intéresser plus particulièrement au monde des médias, qu'elle côtoyait déjà à travers une orientation envers les « médias et contenus », engagée il y a trois ans.

« On constate que le modèle de contenus présents sur le marché des médias est en train de se renouveler vers de nouvelles formes (lLive streaming, contenus en ligne, etc), ce qui représente des opportunités de développement importantes. Il existe également des enjeux en matière d'information sur la scène européenne, encore peu adressés par les médias existants », observe Ivan Roux.

C'est pourquoi l'acteur, connu pour son engagement sur la scène culturelle lyonnaise, a souhaité se positionner aux côtés des porteurs de projets, avec cet incubateur. « Les jeunes pousses ont tout intérêt à se mettre en réseau et avoir accès à un écosystème privilégié pour développer des partenariats, des solutions innovantes et aller chercher les bonnes ressources », résume-t-il. Et ce, à travers une notion de « médias » élargie puisqu'Arty Farty vise à adresser « aussi bien les solutions technologiques que toutes les formes de diffusion de création de contenus (vidéo, radio, numérique, presse écrite, etc). »

Un accompagnement de douze mois renouvelable

Résultat ? Ce programme prévu sur douze mois, et renouvelable sur une année supplémentaire, vise à proposer différents modes d'accompagnement aux porteurs de projets de la sphère des médias. Avec une phase de diagnostic menant à la création d'un plan d'accompagnement personnalisé, mais également des temps d'échanges individuels et collectifs, des modules de tronc commun, du mentorat, etc.

Pour mener à bien cet accompagnement, Arty Farty capitalisera à la fois sur l'expertise de ses propres salariés, mais également de ses partenaires au sein du tissu lyonnais (incubateur Manufactory du Centre de l'entrepreneuriat de Lyon, incubateur Rhônalpia, etc) ainsi que du monde de la presse, comme le média parisien Street Press, partenaire du dispositif. Hôtel 71 avait d'ailleurs été retenu comme l'un des 10 incubateurs partenaires du programme French Tech Tremplin, de la zone French Tech One Lyon Saint-Etienne.

« Nous pourrons nous appuyer également sur des ressources internes comme le projet de média européen We Are Europe, que nous coordonnons. Ce sera aussi l'occasion pour les porteurs de projets de bénéficier d'une mise à disposition de l'Hôtel 71 comme lieu de travail et d'échanges », indique Ivan Roux.

Du côté des financements, l'association pourra compter sur le soutien de plusieurs partenaires publics et privés, dont la métropole de Lyon, la Caisse d'épargne Rhône-Alpes, le Crédit mutuel, ou encore la Direction générale des Médias et des Industries culturelles (DGMIC) qui dépend du Ministère de la Culture. Celle-ci vient d'ailleurs de lui délivrer, fin décembre, un financement consécutif à un appel à projets destiné « aux programmes d'incubation auprès du fonds de soutien à l'émergence et à l'innovation dans la presse » (montant : NC).

« Nous avions déposé notre projet depuis près d'un an et nous avions observé qu'il existait déjà d'autres fonds, principalement porté par des acteurs de la presse comme Ouest France ou le journal La Montagne, mais aucun n'existait en région Auvergne Rhône-Alpes », glisse Ivan Roux.

Objectif : une quinzaine de jeunes pousses chaque année

Malgré une année 2020 bousculée par le Covid-19, Arty Farty pourra également s'appuyer sur sa première « saison » d'accompagnement, réalisée cette année auprès de neuf porteurs de projets : avec parmi eux, le média en ligne MX France « qui souhaite mixer actualité locale, réseaux sociaux et formats vidéos », mais également Teazit, « une start-up qui propose des systèmes de production et diffusion en live streaming », la plateforme d'apprentissage des langues s'appuyant sur du contenu culturel Ilini, ou encore le webzine d'actualités et de bons plans lyonnais Lyon City Crunch.

« Nous allons continuer à suivre les lauréats de cette première saison pour une seconde année, en venant y intégrer de nouveaux projets de médias qui pourront ainsi bénéficier de leur expérience », indique le coordonnateur de l'Hôtel 71.

Quant à savoir quelles sont les pistes et tendances défrichées par ces nouveaux acteurs, notamment sur le terrain délicat des nouveaux modes de financements, Ivan Roux estime qu'il est encore un peu tôt pour se prononcer : « Un certain nombre de projets étudient la possibilité de développer des modèles hybrides, incluant un média aux côtés d'une agence qui proposerait également d'autres services, etc. Mais il n'existe pas encore à ce jour un modèle qui ressorte encore précisément ».

Avec un deadline porté au 15 janvier prochain pour l'étude des dossiers, Arty Farty espère faire monter sa promotion 2021 à une quinzaine de lauréats pour son lancement officiel, prévu début février, au sein des locaux de H7.

Pour participer à cet incubateur, pas besoin d'être lyonnais, même si les lauréats devront s'engager à venir porter leur projet physiquement au sein des locaux de l'Hôtel 71, hébergé à H7, en parallèle à des séances en distanciel. « Nous étudierons bien entendu des demandes de porteurs de projets qui serait issus d'autres régions, comme Paris ou Bordeaux par exemple », affirme Ivan Roux.

Chacun d'entre eux devra ainsi s'engager sur une période de 12 mois -renouvelable une fois-, pour un accompagnement qui requiert également une participation de 200 euros par mois et par projet (hébergement de la structure compris).

« Notre ADN fait que certains projets indépendants, ou disposant d'une vision européenne par exemple, candidateront peut-être plus facilement, mais nous avons réellement l'envie d'être ouverts à tous types de secteurs et de développer des synergies entre les projets », ajoute le coordonnateur d'Arty Farty.