Medae veut conquérir l'Europe avec son assistant digital pour les soignants

La startup lyonnaise Medae, créée par un anesthésiste-réanimateur de Lyon, propose un service d’aide cognitive personnalisable baptisé Max. Cet outil, qui permet aux professionnels de santé de mieux gérer leur stress et de réduire les erreurs médicales, prend toute sa mesure dans le contexte actuel de crise sanitaire due à la Covid-19 et aide déjà les services d'anesthésie-réanimation des Hospices civils de Lyon à mieux gérer l’épidémie.
Max permet de détailler une procédure, étape par étape, afin de réduire le stress des équipes de soignants lors de la prise en charge de leurs patients.

Max est né de la pratique personnelle de Jean-Christophe Cejka, anesthésiste-réanimateur à Lyon, centralien et formateur en simulation médicale. "Je me suis rendu compte que je n'étais pas toujours satisfait de mes prises en charges et qu'il y avait toujours des erreurs qui subsistaient", raconte-t-il.

Or les événements graves liés aux soins provoquent 60.000 décès évitables chaque année en France et coûtent un milliard d'euros par an. "En tant que professionnel, je me suis dit qu'il fallait revoir nos pratiques et introduire des cultures de facteur humain et de communication d'équipe, comme en aéronautique", poursuit-il.

C'est ainsi qu'il a créé Max, une aide cognitive destinée à accompagner les professionnels de santé en situation de crise, qui comprend une application et un store de procédures déjà existantes, mais aussi un outil d'édition pour en intégrer de nouvelles. Elle fonctionne ainsi sur ordinateur, tablette ou téléphone.

"Max est un outil qui nous prend par la main quand on est en situation difficile : il nous donne des actions à faire une par une et nous fait travailler en équipe", détaille Jean-Christophe Cejka.

Pour la développer, la jeune pousse lyonnaise Medae s'est faite accompagner par la SATT Pulsalys. Et afin de démontrer l'intérêt de sa solution, elle a fait réaliser deux thèses en anesthésie-réanimation et une en médecine militaire. "Nous avons pu montrer dans ces thèses que l'utilisation des aides cognitives permet de diminuer les erreurs de plus de 60 %", assure-t-il.

Depuis sa création en novembre 2018, Medae a a amélioré son service grâce aux retours de terrain. "Nous en sommes actuellement à la version 3 de la solution et nous avons une thèse en cours à la légion étrangère et une autre en cours de finalisation en néonatologie".

Et selon lui, tous les résultats concordent : "Nous voyons qu'en aidant les professionnels dont le cerveau est bombardé d'informations à gérer la partie procédurale, cela leur permet de mieux gérer l'équipe et l'environnement et de diminuer les accidents liés aux soins".

Une douzaine de procédures en lien avec la Covid-19

La preuve de concept ayant été réalisée, Medae est passé à la phase de commercialisation. "Max s'adresse aux médecins, infirmiers, pompiers, militaires, etc. Partout où il y a de la procédure, la solution peut être utile. Il est possible de la personnaliser en réécrivant des procédures sur téléphone ou tablette", indique Jean-Christophe Cejka.

Environ 900 personnes ont accès à cet assistant digital actuellement. Aux Hospices civils de Lyon, 160 médecins et infirmières et 130 étudiants disposent de la solution, essentiellement dans le département d'anesthésie-réanimation. "L'Université Lyon I a acheté Max pour les 5.000 étudiants en santé : médecine, pharmacie, odontologie, sage-femme. Et nous venons de remporter un appel d'offres avec les pompiers du Rhône", détaille le médecin.

Cet application mobile pourra ainsi contribuer à aider ces professionnels, en particulier les services de réanimation, touchés de plein fouet par la seconde vague de Covid-19. "La Covid rajoute du stress et de la complexité sur les procédures habituelles, mais cela peut être travaillé sur Max. Des vidéos pédagogiques de pompiers, établissements de santé, ainsi qu'une douzaine de procédures, par exemple sur l'anesthésie d'un patient Covid, sur les procédures d'habillage-déshabillage, sont disponibles", atteste Jean-Christophe Cejka, qui rappelle qu'il est ainsi possible de personnaliser la procédure selon le professionnel de santé ciblé. "Cela permet à chacun de se l'approprier sur le terrain"

Abonnement individuel ou par équipe

Par ailleurs, il insiste sur l'importance de la formation pour utiliser l'assistant digital correctement. "Il vaut mieux être formé en amont pour ne pas découvrir l'outil lorsqu'on est en situation de stress. Pour cela, nous avons mis en place un programme de développement professionnel continu (DPC)".

Le modèle économique de la startup repose sur un abonnement, avec des systèmes de licences individuelles ou par équipe pour les établissements.

Actuellement, Medae compte un salarié en plus de son fondateur. Ce dernier envisage d'effectuer une levée de fonds d'ici un an et d'embaucher un commercial et une équipe technique.

"Mon objectif est que tous les établissements de santé publics ou privés utilisent Max, en France et en Europe. J'ai traduit en anglais une bonne partie des procédures pour pouvoir le déployer à l'étranger. Dès qu'on sera leader en France, on pourra se lancer dans d'autres pays européens", ambitionne-t-il.

En attendant, en plus de la plateforme B2C déjà disponible, Medae va lancer dans les prochaines semaines une plateforme B2B destinée aux cliniques, hôpitaux et entreprises.

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