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Police-Justice

Lyon: 4.000 euros d'amende pour le pharmacien qui avait vendu des masques contre le Covid-19 illégalement

Des gardes seront assurées dans les pharmacies mardi, a annoncé Marisol Touraine.

Des gardes seront assurées dans les pharmacies mardi, a annoncé Marisol Touraine. - Miguel Medina - AFP

Le prévenu, dont l'officine est située dans le centre-ville, encourait six mois d'emprisonnement et 10.000 euros d'amende.

Un pharmacien lyonnais qui avait vendu en mars 2020 des masques de protection contre le Covid-19, en dépit des réquisitions gouvernementales durant le confinement, a été condamné mardi à 4.000 euros d'amende, pour moitié avec sursis, par le tribunal correctionnel.

Le praticien devra verser en outre 3.000 euros de dommages et intérêts au conseil de l'Ordre national de la profession. Le parquet avait requis une peine de trois mois de prison avec sursis.

"Si le principe de solidarité n'est pas respecté par un professionnel de santé, je me demande comment on va s'en sortir", a fustigé la procureure Sophie Taupin dans son réquisitoire.

Le prévenu, dont l'officine est située dans le centre-ville, encourait six mois d'emprisonnement et 10.000 euros d'amende pour le récent délit de "violation d'un décret de réquisition par la vente de masques de protection".

"Ce qui fait froid dans le dos, c'est qu'un pharmacien ce n'est pas un épicier, c'est le docteur des médicaments, c'est une responsabilité lourde", a insisté la procureure, "désolée" qu'il ait continué de vendre des masques après un premier rappel à la loi.

Réquisition des masques en raison d'une pénurie

Le 7 mars 2020, ce commerçant de 41 ans avait en effet fait l'objet d'une première procédure du parquet pour avoir vendu des masques alors qu'un décret du Premier ministre, daté du 3, imposait la réquisition de tous les masques de protection en raison d'une pénurie au début de la première vague épidémique.

Le pharmacien avait alors expliqué qu'il n'avait pas compris que la vente était interdite. "Quelques jours après le décret, on peut tolérer une forme d'incompréhension, mais recommencer après un rappel à l'ordre, on ne peut pas l'entendre", a tranché la procureure.

Après un deuxième décret de réquisition du Premier ministre, le pharmacien a continué son commerce illicite du 10 au 21 mars. En douze jours, il écoulait 1.699 exemplaires, achetés 3.068 euros auprès de différents fournisseurs, auprès de 47 clients, à des tarifs parfois supérieurs aux prix du marché - pour une marge totale de 1.030 euros.

Plusieurs employés et son épouse pharmacienne, avec laquelle il est depuis en instance de divorce, ont assuré aux enquêteurs qu'il n'ignorait pas l'interdiction en vigueur.

"C'était du business, c'était purement lucratif"

"C'était du business, c'était purement lucratif", a fustigé à l'audience l'avocate de l'ordre départemental des infirmiers, partie civile au procès. "Il a bafoué la profession", a ajouté la défenseure du conseil national de l'Ordre des pharmaciens.

Le commerçant a été placé sous contrôle judiciaire avec une interdiction professionnelle qui a duré deux mois. Une procédure disciplinaire est par ailleurs en cours auprès de l'Ordre.

"On n'a pas cherché à se faire de l'argent. Je n'aurais jamais dû accepter de vendre ces masques. Les gens avaient besoin de masques. On avait du stock, qu'est-ce qu'on devait faire ?", s'est défendu le mis en cause à la barre. Le pharmacien a rappelé le contexte d'extrême tension autour de la demande de masques. Selon lui, il s'agissait de répondre à l'inquiétude de ses clients habituels. "On était dépassé par les événements", a-t-il affirmé.

"Dans un grand tumulte, (la pharmacie) a été confrontée à l'afflux de personnels soignants et de malades très difficile à gérer. Et personne n'est venu chercher les stocks réquisitionnés", a plaidé Alexandre Plantevin, son avocat.

Cy.C avec AFP