Régionales 2021 : ce "oui" tant attendu, qui lance Laurent Wauquiez dans la course

Alors que la course aux régionales a démarré en trombe dans le Sud chez ses homologues des Républicains, perturbés par une alliance -avortée- avec LREM, le président sortant de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, faisait monter le suspense. L'ancien président des Républicains devrait finalement déclarer sa candidature ce mardi matin à l'occasion de la visite de l'entreprise Rocle à Tarare.
(Crédits : DR/C Pietri)

Article publié le 10 mai et modifié le 11 mai à 14h30

Et de deux ! Le président LR de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, devrait finalement prononcer le "oui" tant attendu, ce mardi matin, à l'occasion d'un déplacement à Tarare dans le Rhône, chez Rocle, site du groupe Chamatex qui s'est lancé récemment dans la production de masques pour le sport en partenariat avec Salomon et le groupe Zebra. L'entreprise a été accompagnée financièrement par la Région dans cette diversification.

Si l'annonce de candidature n'a pas encore été indiquée officiellement par Laurent Wauquiez et son équipe de campagne, l'invitation reçue ce dimanche par la presse régionale ne laisse guère de doute : elle n'a pas été envoyée par les canaux officiels et habituels de la Région, et porte pour titre : "Elections Régionales Auvergne-Rhône-Alpes 20 et 27 juin 2021". Une visite de l'entreprise est prévue ainsi que, - et c'est là que le dernier suspense devrait enfin s'effacer - , "une déclaration à l'issue de la visite". Le slogan est même déjà choisi : "Laurent Wauquiez, le Région avec toutes ses forces".

Il s'agit d'une étape de plus vers un second mandat alors qu'il y a quelques jours, le président sortant qui caracole en tête de tous les derniers sondages -devant le RN, LREM puis les listes EELV et PS- disposait d'un comité de soutien quasi "officiel".

La semaine dernière, il avait reçu le soutien d'une lettre ouverte rassemblant près de 1.500 maires de sa région, où ces élus lui demandaient eux-mêmes d'annoncer sa candidature pour les prochaines élections régionales. Un joli coup de pub "pré-campagne" pour Laurent Wauquiez, avec au menu, des signataires qui représentaient au total plus d'un tiers des communes d'Auvergne-Rhône-Alpes.

Car si sa candidature à sa réélection était jusqu'ici un secret de polichinelle, le président sortant se disait "au travail", et peu décidé à déflorer sa candidature et sa future liste. Ou encore à commenter les déconvenues de sa famille politique, marquée par le départ du parti  les Républicains de Christian Estrosi et Hubert Falco en Région Sud.

"Il est complètement concentré sur sa Région", justifiait-on à plusieurs reprises dans son entourage. Car face aux querelles de son ancienne famille politique, la stratégie de Laurent Wauquiez aura été de prendre de la hauteur.

La date limite du 17 mai

Et pourtant, il aura bien fallu qu'il se prononce, face à une date de dépôt des candidatures en Préfecture fixée "au 17 mai au plus tard" pour l'ensemble des listes candidates au scrutin régional.

Car alors que ses principaux adversaires (Bruno Bonnell pour LREM, Najat Vallaud Belkacem pour le PS, Fabienne Grébert pour EELV, et Andrea Kotarac pour le RN) avaient déjà fait connaître leur engagement il y a plusieurs semaines et entamaient même leurs premiers déplacements de campagne, "Laurent n'est vraiment pas dans ce mood là", nous confirmait une source proche de l'actuel président de Région.

Citant à l'appui les nombreux dossiers -principalement sanitaires et économiques- encore présents sur son bureau : aides aux viticulteurs, aux centres de vaccinations, etc. Pour autant, il était très présent sur le terrain, mais pas sous la même casquette.

L'hyperactif président de Région voudrait-il faire oublier l'image de l'ancienne présidence LR (2017-2019) qui lui colle à la peau, après le fiasco des Européennes, en se forgeant une autre légende ?

Après le national, le local

Comme Giscard d'Estaing, il a voulu redémarrer de zéro ou presque à l'issue d'une première partie de sa vie consacrée à une carrière sur la scène nationale, durant laquelle l'élu de Haute-Loire a été trois fois ministre ou secrétaire d'Etat (à l'Emploi puis aux Affaires européennes et Enseignement supérieur et Recherche) entre 2008 et 2012.

Avant de devoir encaisser le score des Républicains aux Européennes (8,5 % des voix), puis de quitter le parti en juin 2019, où il se consacrera désormais à son premier mandat à la tête de la Région Auvergne Rhône-Alpes, remporté en 2016.

Mais depuis quelques mois, et à l'approche de la Présidentielle de 2022, d'aucuns lui prêtent déjà des ambitions nationales et recommencent à comptabiliser ses allers-retours vers la capitale. En surveillant ses prises de paroles, où chaque conférence de presse, ou presque, est l'occasion de pointer les insuffisances du gouvernement sur la gestion de l'épidémie. Masques, tests, vaccins...

Omni-présent sur le terrain, Laurent Wauquiez a fait d'Auvergne Rhône-Alpes son pilote dans tous les domaines : c'est là qu'il a lancé la première campagne de dépistage massive du Covid-19 alors que le gouvernement Macron n'y croyait pas. Ou encore qu'il a équipé des centaines de lycées de dispositifs de purification d'air. Et qu'il prend à la charge de la Région la logistique des centres de vaccination pour aider les communes.

Son bilan vu par l'opposition

Depuis plusieurs semaines, l'élu a travaillé lui-même son bilan de "bon gestionnaire" sur la scène économique, démonstration à la clé : "grand plan d'économies" de 1 milliard d'euros sur les six dernières années, désendettement de la Région, absence de hausses d'impôts...

De leur côté, ses adversaires y voient tantôt un "saupoudrage des aides", voire même "un système clientéliste" à la suite de la diffusion d'un enregistrement par Médiapart, ainsi qu'une absence de politique en matière de formation professionnelle -dont la Région a laissé entre autres les rênes du Plan d'investissement des compétences à Pôle-Emploi- et ont commencé à construire leur programme en opposition à la mandature sortante.

Avec, du côté de EELV, le dénonciation d'une politique qui "aggrave les effets du changement climatique et les inégalités depuis 2015", tandis que le candidat LREM Bruno Bonnell évoque "beaucoup de coups de com' avec de l'argent public", mais "une absence de vision". Ou encore, du côté de Najat Vallaud Belkacem, sa plus farouche opposante jusqu'ici, qui dépeignait la figure d'un "Mini-Trump" et "un mode de gouvernance fait de politique de copains, coups tordus, système clanique prédateur et clientéliste".

L'ancienne ministre de l'Education PS ajoutait : "Au-delà, ce avec quoi je suis totalement en désaccord, c'est le fond des politiques conduites : le choix délibéré de se retirer de ce qui pouvait aider notamment les plus fragiles, comme les aides à l'autonomie pour les jeunes, les tarifications sociales pour les transports, le soutien à la construction de logements ou à la politique de la ville, etc."

Une chose semble cependant certaine : le président sortant peut toutefois compter sur des sondages très favorables à moins de deux mois du scrutin. Avec, comme dernier en date :

Un sondage Ipsos Sopra Steria pour France TV et Radio France paru début mai et qui donnait à nouveau Laurent Wauquiez largement en tête des intentions de vote au premier tour (31 % des voix), devant celle du Rassemblement National (19%), de LREM (16 %), d'EELV (13 %) et du PS (11%) qui ne sont toujours pas parvenus à un accord.

Même si la vague verte de juin 2020 a fait émerger un certain nombre de métropoles ou villes écologistes au sein de la Région AuRA (ville et métropole de Lyon, ville de Grenoble et d'Annecy, etc), certains bastions de droite comme la Savoie, la Haute-Savoie, la Loire ou encore l'Ain et la Haute-Loire pourraient fortement peser dans la balance.

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Commentaire 1
à écrit le 12/05/2021 à 8:40
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Il est tellement droitisé que LREM compte récupérer les voix des centristes. Et pour la suite, ils espèrent même que Bertrand et Pécresse perdont aux régionales et que ce soit Wauquiez qui représentera LR à la présidentielle (et là on sent qu'ils ...

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