Sécurité, santé, industrie… et sécurité : le programme de Laurent Wauquiez en Auvergne Rhône-Alpes

© Susie Waroude

Le secret de polichinelle n’en est plus un : le président LR de la Région Auvergne Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a officiellement déclaré sa candidature à un second mandat, mardi en fin de matinée à Tarare.

L’ancien patron des Républicains avait convié la presse dans une usine textile de l’ouest du Rhône afin d’imager deux pans importants de son programme pour les cinq ans à venir : relocalisation de la production et des emplois industriels, et notamment de masques et de vaccins, sur fond de crise sanitaire à rallonge et de désertification médicale.

Tapes sur l’épaule et regard caméra

Après une visite du site toute en empathie et en tapes sur l’épaule, c’est au beau milieu de deux lignes de fabrication organisées en trois-huit que Laurent Wauquiez s’est adressé à une trentaine de journalistes. « Je ne voulais pas d’un de ces lieux anonymes dans lesquels on fait ces déclarations politiques », a-t-il justifié pour expliquer cette mise en scène surprenante.

Autre étrangeté, avec lequel le président du conseil régional s’est cependant montré plutôt habile, la captation vidéo de son discours poussant l’intéressé à soudain troquer les coups d’œil jetés à l’assistance pour un intense regard caméra, droit devant lui depuis son pupitre.

Quant au fond, pas vraiment de différence avec la ligne qu’il avait soutenu aux européennes et en appui de Xavier Bellamy au printemps 2019 : « Bonne gestion de l’argent public, soutien aux classes moyennes, égalité des territoires, attachement au respect et à l’autorité, refus du communautarisme, travail plutôt qu’assistanat. ». Avant d’emprunter cette phrase chère à Emmanuel Macron : « Ma boussole, c’est le pragmatisme ».

La sécurité au centre de tout

Entre chacun des thèmes développés par la suite, la sécurité et l’identité sont toujours revenues sur le devant de la scène, dans un champ lexical empruntant très loin à droite : « Nation », « assimilation », « islamisme », « soumission », « préférence régionale », « ordre », « enracinement »… « Nous devons restaurer l’autorité et la sécurité, une grave crise sécuritaire s’est abattue sur le pays de la région », a-t-il encore martelé, mêlant l’agression de Marin Sauvajon à la Part-Dieu en 2016, à la mort d’Axelle Dorier à Fourvière l’été dernier, aux menaces ou agressions de maires ces derniers mois, et aux récents rodéos motorisés places Bellecour ou des Terreaux.

© Susie Waroude

« Ça n’est plus une litanie de faits divers, mais un continuum. Le rétablissement de la sécurité doit être un impératif. Certains se défaussent, moi j’agis. La gravité de la situation impose l’implication totale de chaque collectivité. » Et Laurent Wauquiez de se féliciter d’avoir porté le budget de la Région de « 0 sous le mandat précédent à 160 millions d’euros  », quand bien même il ne s’agit pas d’une prérogative du conseil régional.

« Doublement des effectifs de police ferroviaire, équipements pour la police municipale, déploiement de 6 000 caméras, a-t-il encore énuméré. Il faudra aller plus loin, l’insécurité est réelle mais les sanctions virtuelles. L’impunité est un des maux le plus graves de notre pays. »

« La Région de l’air pur »

À rebours de cette surenchère verbale, le mot « environnement » ne sera prononcé qu’à deux reprises. Il s’agit pourtant, à en croire Laurent Wauquiez, de l’un des piliers de sa candidature. Non pas à la sauce Grégory Doucet et Bruno Bernard ; lui veut « du concret plutôt que de l’idéologie et des polémiques sur les sapins et le Tour de France.  »

Sur le sujet, le président de la Région se montrera toutefois assez bref : relocalisation de la production, soutien à la filière hydrogène, développement des voies vertes et fin de l’enfouissement des déchets d’ici 2030. « La grande cause régionale du prochain mandat sera la qualité de l’air », a-t-il ajouté, souhaitant faire d’« Auvergne Rhône-Alpes la région de l’air pur. » Le tout garanti sans hausse d’impôts : « Les gens savent que je suis crédible car nous l’avons fait contre vents et marées au cours de ce mandat ». Une déclaration ciselée, maîtrisée de bout en bout et sans contradicteur puisqu’aucun échange avec la presse n’avait été prévu.

Confrontation opportune

C’est alors qu’au moment de repartir, une quarantaine d’enseignants, encadrants et élèves d’une cité scolaire de Tarare se présentaient aux portes de l’entreprise avec banderoles, casseroles et drapeaux syndicaux afin d’interpeller le président sortant, nouvellement candidat. En cause, la suppression d’un poste de conseiller principal d’éducation (CPE) suite à la fusion de plusieurs établissements contre l’avis du corps éducatif et des familles. « La vie scolaire est en grève reconductible depuis deux semaines », lui lançait l’une des CPE. « Faut-il que l’on brûle des voitures pour accorder des moyens ? », questionnait une autre manifestante ?

« J’appellerai moi-même le recteur », répondait Laurent Wauquiez, transformant la petite foule, jamais hostile mais bruyante et visiblement préoccupée, en un flot de « merci ». Mise en scène trop belle pour être vraie ? Si la revendication est bien réelle, le maire (DVD) de Tarare Bruno Peylachon glissait que l’information de la visite du président de la Région avait opportunément « fuité » auprès des grévistes. Décidément, Laurent Wauquiez aura maîtrisé sa matinée. Du début à la fin.

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