@Damien LG / OL

OL - Cyrille Dolce : "La situation nous a obligés à être sans arrêt en éveil"

Pour les joueurs formés à l'OL, Cyrille Dolce est un visage familier. Entraîneur des U15, le technicien est au club depuis 1992. Dans cet entretien accordé à Olympique-et-lyonnais.com, il revient sur cette saison 2020-2021 tronquée, mais également sur l'importance donnée à l'humain au centre de formation.

Olympique-et-lyonnais.com : Comment les joueurs ont-ils vécu cette saison 2020-2021 délicate ?

Cyrille Dolce : Le postulat d’une saison normale est cadencé par le championnat. La compétition du week-end est un élément incontournable pour valider le travail de la semaine. Sans championnat, lorsqu’on est un sportif de haut niveau, il y a une forme de manque. Donc je pense que ça a été difficile pour eux de se fixer des objectifs liés à ça. Il a donc fallu en recréer d’autres car c’est un stimulateur de travail, notamment dans l’apprentissage.

Cela a-t-il été facile de garder ces jeunes footballeurs concernés ?

Non, ça n’a pas été facile. Mais cela nous a donné l’opportunité d’oser, d’expérimenter et de se réinventer car il fallait garder le plaisir de la séance sans l’objectif de compétition. On avait en plus des effectifs variants. On a souvent été dans l’adaptabilité et je disais à mon staff et à ceux qui travaillent avec moi : « soyez fous ». Car si on crée des choses, on rendra nos joueurs encore plus créatifs. On est un peu sortis du corpus des séances habituelles pour arriver à une nouvelle dynamique d’entraînement. Cela a été très novateur et ça a permis de surprendre nos footballeurs, et c’est ce qu’on voulait.


"Mon préparateur physique a créé le tennis-ballon lyonnais"


Avez-vous profité de cette période particulière pour modifier certaines choses dans vos entraînements ?

Oui car la première des conditions sanitaires était de ne pas instaurer d’opposition. Il fallait donc créer des exercices sans aucun contact. C’était intéressant pour nous car on se mettait une forme de cahier des charges et notre contenu devait y répondre. Mon préparateur physique a créé le tennis-ballon lyonnais. On a également imaginé un baby-foot géant, on était divisé en deux équipes mais on ne pouvait pas pénétrer les zones. La situation nous a obligés à être sans arrêt en éveil.

Comment va se dérouler la reprise ?

Cela dépendra de la situation sanitaire. On espère repartir en pensant que la normalité sera de mise. On doit reprendre mi-août.


"Dans un centre de formation, le projet est triple"


Quels sont les objectifs pour la saison à venir ?

L’ambition première est qu’ils vivent une saison d’épanouissement en étant bien dans la structure et en progressant tout au long de l’année. Il ne faut pas oublier que dans un centre de formation, le projet est triple : le sportif, le scolaire et l’humain. Ils sont en 3e donc il faut réussir une belle année pour s’orienter le mieux possible et aussi avoir le brevet des collèges.

Vous êtes arrivé en 1992 à l’OL, qu’est-ce qui vous fait rester aussi longtemps au club ?

C’est la passion de ce sport, la loyauté que j’ai envers ce club. Chaque année, on a une nouvelle génération donc des joueurs nouveaux, des rythmes de groupe différents d’une saison à l’autre. Chaque exercice est différent du précédent. Il y a des choses qui te surprennent, il n’y a pas de forme de routine. Lorsqu’il n’y a plus cette flamme pour ce métier, il faut se dire attention, il faut peut-être changer de voie.

Envisagez-vous de travailler avec d’autres catégories d’âge à l’avenir ?

Mon avenir, il est à l’instant T. J’essaye de bien vivre le présent avant de penser à demain. Ma façon de vivre, ce n’est pas d’être ambitieux ou carriériste, mais d’être heureux là où je me trouve.


"J'aime observer l'évolution des joueurs" 


Qu’est-ce qui est le plus intéressant sur cette catégorie d’âge ?

Selon moi, la plus grande joie que l’on peut avoir dans l’observation de nos joueurs, c’est l’évolution. C’est-à-dire comment on les trouve en début de saison en tant que jeunes adolescents, leur forme d’immaturité, leur fraîcheur dans le jeu, puis de les amener en fin d’exercice à être presque des jeunes hommes. Ils ont une meilleure compréhension du football, une plus grande maturité, se sont devenus des experts du jeu. C’est ce qui est le plus agréable, les voir à l’instant T+1.

Quel aspect du métier a le plus changé depuis vos débuts ?

On a des outils à côté de nous qui sont performants, voire nouveaux : la vidéo, la data, la préparation mentale, le yoga…La préparation athlétique est devenue de plus en plus affinée et chirurgicale. La dernière chose, c’est le staff qui m’entoure : Patrick Pothier (dirigeant), Julien Negri (adjoint) et Antoine Maennel (préparateur athlétique). J’ai une grande chance, c’est que j’ai toujours été accompagné par de belles personnes, je ne suis plus seul pour prendre les décisions. Ils viennent bonifier le travail autour du joueur.


"La vidéo permet de soutenir nos mots par l’image"


Comment les jeunes joueurs perçoivent l’apport de la vidéo ?

A l’OL, on a les moyens de travailler avec cet outil dès le plus jeune âge. En préformation, on les initie pour qu’ensuite ce soit plus développé sur la formation. On a la chance de pouvoir filmer certains matches à domicile, et parfois aussi à l’extérieur. Dans cette génération 2.0, la culture de l’image est quelque chose d’important. Ils peuvent la recevoir sur leur téléphone et à tout instant de la journée, ils peuvent se revoir et s’analyser. Ça peut soutenir nos mots par l’image. Certains footballeurs écoutent, d’autres voient, donc ils en ont besoin pour mieux s’analyser.

Quelle importance est donnée à l’aspect l’humain au centre de formation de l’OL ?

Il est important de donner une éducation sociale de tous les instants, qu’on ne les forme pas que comme des joueurs, mais également sur le plan humain et sociétal. De mon côté, pour travailler avec le jeune, il faut que je le connaisse bien, ce qu’il est et ce qu’il vaut. Il y a une interrelation entre ses deux personnalités, sur et en dehors du terrain. On ne peut pas tout miser sur le foot car on ne sait pas combien vont sortir de notre centre de formation avec quelque chose au bout. Mais si on les aide à grandir de manière culturelle et humaine, ils en auront retiré quelque chose et je crois beaucoup dans ce qu’on fait de manière générale pour qu’ils ne sortent pas sans rien lorsqu’ils auront terminé leur cycle à l’académie.

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