RER métropolitain. Laurent Wauquiez durcit le bras de fer et met en garde la Métropole de Lyon

Laurent Wauquiez en gare de Lyon Part-Dieu au lendemain de sa réélection à la Région le 28 juin dernier. © Susie Waroude

Sortie du futur Sytral, avertissement au sujet du projet de RER métropolitain : Laurent Wauquiez a mis la pression sur la Métropole de Lyon lundi en conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes.

Si les campagnes électorales se focalisent naturellement sur les têtes d’affiche, on a vu Axel Marin prendre les rênes de l’opposition écologiste à Laurent Wauquiez (LR) lundi en conseil régional plutôt que la tête de liste Fabienne Grebert. Il faut dire que l’ancien directeur de campagne de Bruno Bernard incarne dans l’hémicycle régional le rapport de force existant entre la Région Auvergne Rhône-Alpes et la Métropole de Lyon. 

À la fin de la séance d’hier, le conseiller municipal de Meyzieu s’est ainsi inquiété d’un événement survenu au Sénat lors de l’examen de la loi 4D (Déconcentration, décentralisation, différenciation, décomplexification), et dont les conséquences pourraient être majeures. « Discrètement, votre famille politique a proposé et voté un amendement afin que la Région quitte le nouvel établissement public Sytral, cela alors qu’il y avait toute sa place.  » Pour mémoire, la loi Mobilités prévoit le changement dès 2022 de statut du Sytral de syndicat mixte en Établissement public dont la gouvernance englobera Région, Métropole, mais aussi les communautés de communes environnantes. 73 communes sont concernées aujourd’hui, 263 le seront demain.

« Ce désengagement de la Région pose un problème de fond alors qu’un gros dossier arrive : le Réseau express métropolitain qui permettra d’améliorer le service, billetterie unique TER-Sytral, augmentation des fréquences, réouverture, création de nouvelles gares, etc. D’où le fond de ma question : compte-tenu de la sortie de la Région du Sytral, comment comptez-vous collaborer avec les acteurs locaux pour la mise en place du Réseau express métropolitain sur laquelle vous vous êtes engagé ? », a-t-il demandé. 

« Les cartes sont dans la main de la Métropole »

Dans sa réponse, Laurent Wauquiez a soufflé le chaud et le froid. Voire même le glacial d’abord : « Au Sytral, on ne décidait de rien, on prenait la facture et en plus il y avait la menace que l’on nous transfère la dette. Donc j’avais été très clair avec le président Bernard, je lui avais dit que nous ne resterions pas dans ces conditions, a-t-il rétorqué. On est parfaitement prêt à rester au Sytral mais la condition c’est qu’il y ait des domaines de compétences scindés, et que là où c’est la compétence de la Région et où on paye, on décide, et que là où c’est la compétence de la Métropole, c’est la Métropole qui décide. Donc les cartes sont dans la main de la Métropole. Soit elle souhaite faire bouger le système de gouvernance pour assurer cette garantie et on restera avec plaisir. Soit l’objectif c’est de piocher dans le tiroir-caisse de la Région pour financer des domaines qui ne sont pas de notre responsabilité et auquel cas ça n’a pas de sens. »

« Il n’y a pas de RER métropolitains qui vont se mettre en place »

Quant au RER métropolitain, « je rappelle que la compétence ferroviaire est notre compétence et pas la compétence de la Métropole. Donc il n’y a pas de RER métropolitains qui vont se mettre en place, il n’y pas de billétique qui soit décidée par la Métropole. C’est la Région qui est amenée à décider sur ce domaine et je souhaite que l’on puisse le faire en partenariat avec la Métropole, a-t-il lancé fermement. Ce que je vais proposer au président de la Métropole, et très clairement ce sera un point de rendez-vous : voilà la liste des opérations ferroviaires que nous sommes prêts à mener, à quelle hauteur serez-vous prêt à les cofinancer ? Sinon ça aboutira à une situation où je vais épuiser mes dotations et je ne pourrai plus entretenir les autres lignes uniquement pour un territoire très riche comme la Métropole, ce qui n’est pas conforme à la volonté d’aménagement du territoire qui est la mienne.  »

Au printemps dernier, le vice-président de la Métropole en charge des Transports, et vice-président délégué du Sytral, Jean-Charles Kohlhaas, avait proposé de mettre 250 millions d’euros sur la table.

Du nouveau fin 2021

Derrière la main tendue se cache néanmoins toujours un bras de fer : « Je ne donnerai évidemment pas la propriété des lignes : c’est la Région et sa responsabilité. En revanche, ce que je vais proposer à la Métropole c’est de cofinancer avec nous les travaux sur les infrastructures et ensuite d’être associé à nos côtés sur la bonne information et le bon lien entre les lignes qui seront de notre responsabilité et les lignes qui resteront de la responsabilité de la Métropole. L’objectif est d’avancer clairement. Le contrat de plan État-Région sera pour nous évidemment un point de rendez-vous même si malheureusement l’État en a sorti les infrastructures. L’idée serait qu’on puisse avoir une signature de contrat parallèle uniquement Région-Métropole à ce moment-là.  » Après la signature d’accords de préfiguration au mois de janvier à l’occasion de la venue à Lyon de Jean Castex, la ratification du contrat de plan État-Région 2021–2027 est attendue d’ici la fin de d‘année.

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