Conduite autonome : pourquoi les 7,5 millions apportés par France relance à Navya pourraient être déterminants à plus d’un titre

C'est une bonne nouvelle pour le lyonnais Navya, mais aussi plus largement, pour les acteurs du marché naissant de la conduite autonome. Le concepteur lyonnais est lauréat d'une aide de 7,5 millions d’euros dans le cadre du plan France Relance, qui accompagnera trois de ses quatre grands projets technologiques. Une aide financière bienvenue pour ses travaux d'innovation, mais qui représente également un symbole pour la société, dont le champ d'activité s'inscrit désormais au sein des "secteurs d'avenir" identifiés par France Relance.
C'est non seulement une enveloppe conséquente de 7,5 millions d'euros, mais aussi un signal plus symbolique que le gouvernement français a envoyé au spécialiste de la conduite autonome Navya, qui souhaite se positionner sur un marché naissant mais mondial et hautement concurrentiel.
C'est non seulement une enveloppe conséquente de 7,5 millions d'euros, mais aussi un signal plus symbolique que le gouvernement français a envoyé au spécialiste de la conduite autonome Navya, qui souhaite se positionner sur un marché naissant mais mondial et hautement concurrentiel. (Crédits : DR/Navya)

Grand coup d'accélérateur à nouveau chez Navya. Après avoir remercié le président du directoire du groupe, Etienne Hermite, fin juin pour y faire siéger Pierre Lahutte, on connait désormais les grandes lignes de l'agenda du nouvel homme fort (et pour l'heure annoncé comme chargé de la transition) du groupe lyonnais, spécialisé dans les systèmes de conduite autonome.

Car désormais, celui qui avait rejoint Navya en juin 2020, alors que la société se trouvait en pleine phase du lancement d'expérimentations clés, comme celle de Châteauroux -où le Centre National de Tir Sportif (CNTS) accueillait son premier service de navette en autonomie complète sans chauffeur -, aura désormais à coordonner non pas un, ni même deux projets, mais quatre nouveaux grands chantiers technologiques, qui pourraient s'avérer déterminants pour le passage à l'échelle du groupe au cours des prochains mois.

Car dans le cadre du plan France Relance, le constructeur vient en effet d'annoncer que trois de ses quatre projets technologiques majeurs avaient remporté un soutien financier du gouvernement français, pour une enveloppe qui avoisine un total de 7,5 millions d'euros d'aides publiques. Et ce, alors que le groupe n'a pas précisé le montant qu'il investirait pour sa part en complément.

Quatre projets autour de la voiture autonome de demain

Parmi les trois projets désormais lauréats du plan de relance français, figure notamment le projet 5G-VA (autrement appelé « 5G pour les Véhicules Autonomes ») de Navya, qui souhaite « appliquer opérationnellement les apports technologiques de la 5G pour la conduite autonome au service des clients ».

En partenariat avec l'opérateur Orange, celui-ci combinera notamment de l'assistance à distance, de la cybersécurité et du traitement des données, un ensemble analysé par de l'IA, qui sera ensuite déporté sur les centres de calcul des opérateurs. Un projet d'autant plus stratégique pour Navya puisqu'il découle directement de l'expérimentation en autonomie complète de niveau 4, réalisée à Châteauroux en juin 2020.

Un second volet, nommé V.A.I. (pour « Véhicules Autonomes Industriels ») consistera quant à lui à « développer un concept innovant de tracteurs équipés de technologies de conduite autonome et de services associés », visant plus précisément les applications des marchés de l'aéroportuaires, de l'industrie, de la grande distribution et du e-commerce.

« Ce projet permettra notamment l'accélération des développements de l'AT135 au sein de la joint-venture SOFVIA entre Navya et Charlatte Manutention », précise à ce titre Navya.

Un troisième projet, EFIBA (pour « Émergence de la FIlière Bus Autonome ») ne sera pas mené seul par le lyonnais : il sera en réalité porté plus largement par un consortium, composé du groupe toulousain spécialisé dans la fabrication de composants électroniques Actia, du constructeur français spécialisé dans les autobus urbains électriques -et filiale du groupe Bolloré- Bluebus, ainsi que de la société de transport public franco-québécoise du secteur des transports de voyageurs, Keolis.

Avec un objectif affiché : « préparer la filière française au marché des autobus autonomes ». Car comme l'affiche Navya, toute l'ambition de ce projet est bien de « développer et industrialiser une version automatisée des bus électriques de Bluebus, depuis leur conception jusqu'à leur commercialisation ».

Ces trois projets seront confortés par un quatrième axe, qui ne fait quant à lui pas partie à proprement parler des dossiers financés par France Relance, mais dont l'objectif sera complémentaire aux thématiques évoquées ci-dessus : il s'agira notamment du projet DLS (pour "Deep Learning Segmentation"), qui vise quant à lui à « recueillir les données de l'environnement routier et d'annoter les obstacles détectés par l'utilisation de modules d'intelligence artificielle et du big data ».

Selon Navya, l'objectif sera ainsi « d'alimenter la base de données et les datasets pour reconnaître les changements de l'environnement routier, procéder à la modification dynamique de la cartographie de référence et d'adapter le comportement du véhicule ».

Un financement, mais aussi un soutien symbolique

Cette enveloppe de 7,5 millions d'euros, dont le détail n'a pas été communiqué mais qui s'avère « essentiellement composée de fonds non remboursables » selon la société, devrait toutefois être versée rapidement compte-tenu de la nature des aides, issues de France Relance et appelées à être dépensés avant 2022, en vue de « bâtir la France de 2030 ».

D'autant plus que désormais, le gouvernement signe, à travers cette subvention, tout un symbole à destination de l'industrie de la voiture autonome que représente Navya : car ce domaine, jusqu'ici considéré comme un marché en plein développement et encore de fait, peu réglementé, attendait des signaux du gouvernement, et notamment une forme de soutien, en vue de concurrencer les initiatives des Gafas qui commencent à fleurir un peu partout à l'échelle de la planète.

D'ailleurs, Navya elle-même voit, dans l'enveloppe annoncée cette semaine, une « validation de la stratégie et des perspectives technologiques de la société », qui mise depuis sa création en 2015 sur le développement de solutions de pilotage pour la conduite autonome.

Une occasion, pour le nouveau président du directoire de Navya, Pierre Lahutte, de remercier publiquement « les Ministres Bruno Le Maire, Agnès Pannier-Runacher, Cédric O et Jean-Baptiste Djebbari qui à travers ces financements France Relance ont su reconnaître la qualité de l'expertise Navya au cœur des enjeux technologiques du véhicule autonome et connecté de demain ».

Et d'ajouter : « Ces nouvelles ressources contribueront à renforcer la position financière solide de Navya dans le sprint final pour atteindre les solutions de conduite autonome de niveau 4 ».

Un enjeu : passer à l'échelle (et affiner le cadre réglementaire)

Car tout l'enjeu du lyonnais sera désormais, comme nous l'évoquions déjà au cours des derniers mois, de passer d'un stade d'expérimentations déjà bien engagées au sein de différentes villes françaises, à celle de la commercialisation de ses solutions de transport autonomes innovantes, sur un marché encore naissant.

Car depuis sa création en 2015, Navya a déjà déployé plus de 180 exemplaires de sa navette Autonom Shuttle, son principal axe de développement, au sein de 23 pays.

Il y a quelques mois, l'ancien président du directoire Etienne Hermite confiait à La Tribune que Navya groupe attendait encore un signe fort de la part de l'Etat français, et notamment une clarification des réglementations qui pourraient encadrer le secteur naissant de la conduite autonome, afin d'en poser les premiers jalons.

Une étape qui semble donc, à demi-mots, se dessiner grâce à ce soutien officiel du gouvernement à trois de ses quatre projets phares, tous en lien direct avec son cœur de métier.

De son côté, la haut responsable pour la stratégie de développement du véhicule autonome et ancienne Secrétaire d'Etats aux Transports, Anne-Marie Idrac, ajoutait à cette occasion :

« Le secteur de la mobilité est sujet à des mutations profondes, pour lesquelles des sociétés telles que Navya apportent des solutions innovantes et concrètes. Déjà reconnue pour les avancées technologiques qu'elle a su entreprendre, notamment avec la première opération en autonomie complète de niveau 4 lancée en juin 2020, Navya pourra, grâce à l'obtention de ce financement public, contribuer encore davantage au développement du véhicule autonome sur notre territoire et ainsi défendre un modèle de développement français de la mobilité autonome ».

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