Lyon. La mairie et les antifa s'affrontent sur un mur du 7ème arrondissement

Depuis le 21 juillet, à Lyon (Rhône) la mairie et des graffeurs antifa du 7ème arrondissement jouent au chat et à la souris sur un mur de la place Mazagran. La municipalité réagit.

Le quatrième tag en six jours, recouvert lundi 26 juillet au matin par un agent de nettoyage.
Le quatrième tag en six jours, recouvert lundi 26 juillet au matin par un agent de nettoyage. (©Richard Monteil)
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Mardi 20 juillet 2021, place Mazagran, dans le 7ème arrondissement de Lyon (Rhône), les passants ont découvert une nouvelle fresque peinte sur un mur blanc. L’œuvre mêlait un hommage à Carlo Giuliani, militant altermondialiste mort en 2001 lors d’un affrontement avec la police italienne, en marge du G8 à Gênes.

La fresque, revendiquée par le mouvement « Groupe Antifasciste Lyon et Environs », véhiculait également des messages hostiles adressés à la police :  « ACAB », un acronyme anglais signifiant « All Cops Are Bastards » (Tous les flics sont des bâtards) ou encore « Nique la GOM » à l’encontre du « Groupe Opérationnel Mobile », une unité de police municipale amenée à intervenir dans les zones dites « sensibles ».

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Le tag a été réalisé place Mazagran à Lyon (Rhône). Un ACAB immense, voulant dire
Le tag a été réalisé place Mazagran à Lyon (Rhône). Un ACAB immense, voulant dire « All Cops Are Bastards ». (©La Guillotière en Colère)

Toute la fresque a été repeinte

Cette première fresque a été recouverte le jour même d’une couche de peinture blanche par un service de nettoyage diligenté par la mairie. « Nous n’accepterons jamais aucune violence ou propos insultants à l’encontre de nos forces de l’ordre », réaffirme Mohamed Chihi, adjoint au maire de Lyon en charge de la sûreté, de la sécurité et de la tranquillité.

En plus des messages insultants, la partie droite de l’œuvre qui tient plus de l’hommage que de l’insulte a également été recouverte. On y note une accusation envers les forces de l’ordre italienne (« Assassiné par la police »), référence au fait que Carlo Giuliani soit effectivement mort sous les balles des policiers.

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Mais en mars 2011, la Cour européenne des droits de l’Homme a blanchi l’Italie de toute responsabilité dans la mort du militant, estimant dans son arrêt définitif que « le recours à un moyen de défense potentiellement meurtrier, tels des coups de feu, était justifié ».

Quoi qu’il en soit, le service chargé du nettoyage du mur l’a entièrement repeint car il a pris la fresque comme un « tout », sans que cela n’émane d’une demande particulière de la mairie, assure Mohamed Chihi au sixième jour d’un ping-pong entre la municipalité et les graffeurs antifascistes.

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Ça s’en va et ça revient

Ce premier tag effacé, le mur n’est pas resté immaculé bien longtemps. Le soir même, les antifascistes avaient de nouveau sorti les bombes pour redonner une couleur politique à la place Mazagran.

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Un immense « ACAB » écrit en noir et affublé d’un « #2 » qui pourrait désormais être interprété comme un numéro de série. Car ce graffiti, effacé le matin de sa découverte comme son prédécesseur, était le second d’une série toujours en cours lundi 26 juillet.

Après le passage du service de nettoyage, un troisième tag a investi la place Mazagran, dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 juillet. On y retrouve l’acronyme « ACAB #3 ».

Le troisième tag des antifascistes place Mazagran n'est resté visible que quelques heures entre le jeudi 22 et le vendredi 23 juillet
Le troisième tag des antifascistes place Mazagran n’est resté visible que quelques heures entre le jeudi 22 et le vendredi 23 juillet (©Richard Monteil)

Quatrième tag en six jours

Ce troisième tag n’aura pas eu le temps de marquer les esprits des riverains. Il a à son tour été effacé vendredi 23 juillet 2021 au matin, toujours à l’initiative de la mairie lyonnaise.

Mais, ce lundi 26 juillet, toujours place Mazagran aux alentours de 8h30, un homme armée d’un rouleau et de peinture blanche s’affairait encore devant ce même mur, chargé de recouvrir le quatrième tag réalisé par les antifa en l’espace de six jours. 

Le quatrième tag en six jours, recouvert lundi 26 juillet au matin par un agent de nettoyage.
Le quatrième tag en six jours, recouvert lundi 26 juillet 2021 au matin par un agent de nettoyage. (©Richard Monteil)

« Nous continuerons à effacer systématiquement ces messages insultants », assure Mohamed Chihi. L’adjoint au maire de Lyon en charge de la sûreté, de la sécurité et de la tranquillité ne saurait dire combien de temps ce petit jeu pourrait encore duré, mais d’après lui, « des identités de graffeurs ont été prises et une plainte a été déposé. »

La mairie espère que les suites de cette procédure sauront mettre un terme à ce cycle. À ce jour, la municipalité a dépensé 1.200 euros pour le nettoyage de ces œuvres d’un genre particulier. 

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