Le laboratoire lyonnais a mis au point des super-souris capable de reproduire les symptômes du Covid-19.

Le laboratoire lyonnais a mis au point des super-souris capable de reproduire les symptômes du Covid-19.

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Cela pourrait être un nouveau pas de franchi dans la lutte contre le Covid-19. La société lyonnaise genOway a annoncé lundi avoir conçu une souris de laboratoire transgénique permettant de reproduire "le plus fidèlement possible" les symptômes les plus graves, chez l'homme, d'une infection au Sars-CoV-2 et autres types de coronavirus.

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Depuis l'apparition de la pandémie, de nombreux chercheurs en génétique et immunologie se sont lancés à la recherche de la "super souris", afin de tester efficacement traitements et vaccins.

Quelles sont les particularités de cette "super souris" ?

Le "modèle de recherche" annoncé par genOway comporte "pas moins de neuf modifications génétiques, afin de reproduire le plus fidèlement possible les effets sur l'homme d'une infection au Sars-CoV-2", déclare Kader Thiam, vice-président Innovation de la société, dans un communiqué de presse. Le modèle développé par genOway vise à exprimer la majorité des récepteurs d'entrée du Sars-CoV-2. Le laboratoire lyonnais parle d'"une avancée technologique majeure, par rapport aux modèles existants."

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Le Sars-Cov2 infecte l'homme via plusieurs récepteurs exprimés sur les cellules épithéliales (présentes dans la peau ou les muqueuses internes) et les cellules immunitaires. Le récepteur "Ace2" est le plus connu. Des modèles consistant à remplacer celui-ci, chez la souris, par un récepteur Ace2 "humanisé" ont été mis au point. Mais l'animal ne développait pas des symptômes comparables à ceux que produit la Covid-19 chez l'homme, faute d'infection de ses cellules immunitaires, selon genOway. "Une explication serait que l'infection dans ces modèles précliniques se limite majoritairement aux cellules épithéliales, alors que chez l'homme le virus infecte également les cellules immunitaires", souligne le communiqué de presse.

A quoi cette innovation pourrait-elle servir ?

L'innovation de la société lyonnaise, fondée il y a vingt ans, a consisté à modifier génétiquement un des modèles de rongeurs de son catalogue, doté d'un système immunitaire humain complet et fonctionnel, afin qu'il soit permissif aux coronavirus, dont le Sars-CoV-2. Objectif : qu'il réagisse "de la même façon que réagirait un patient à une infection, un vaccin ou un traitement", assure la biotech cotée en Bourse. Jusqu'au fameux "orage cytokinique", phénomène inflammatoire massif observé dans les formes graves de Covid-19.

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Ce modèle devrait permettre de nombreuses possibilités : "Les laboratoires de recherche mondiaux pourront tester à la fois l'efficacité, mais également l'innocuité de nouveaux vaccins, ou de nouvelles stratégies thérapeutiques visant à aider le système immunitaire humain à mieux se défendre contre les infections au Sars-CoV-2 et prévenir ainsi le développement de ses formes graves."

Comment le modèle peut-il se développer ?

Ce modèle de souris - "le seul du marché" selon Alexandre Fraichard, le directeur général de genOway - sera produit dans une plateforme à grande échelle que la société a inaugurée en janvier après avoir investi deux millions d'euros. "La force de genOway est d'être capable d'utiliser l'ensemble de ses actifs à la fois technologiques (...) et industriels pour sortir ce modèle en moins de deux ans, alors qu'il faudrait sans doute plus de cinq années pour construire un modèle aussi sophistiqué en partant de zéro", se félicite le communiqué.

"L'autre avantage de ce modèle est qu'il sera adaptable à tous types de mutations du virus et aux autres virus de la famille des coronavirus", a assuré Kader Thiam, vice-président innovation de la société, dans un communiqué de presse. De tels rongeurs avaient été utilisés entre 2002 et 2003 pour étudier la pandémie de Sras en Asie, mais "plus personne ne s'intéressait à ces souris" une fois que l'épidémie avait faibli, du coup, les labos de recherche n'en avaient plus, expliquait encore Christophe D'Enfert, directeur scientifique de l'Institut Pasteur, à l'AFP en mars 2020.

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