Anticipant la loi Climat, la Ville de Lyon interdit les terrasses chauffées dès ce mois-ci

L'interdiction des chauffages extérieures en terrasse, prévue dans la Loi Climat, a été repoussée en mars 2022 par le gouvernement. Une décision "électorale", selon la mairie de Lyon qui défend que "le climat n'attend pas." La Ville a donc décidé d'appliquer dès novembre cette interdiction, comme à Rennes ou Thonon-les-Bains. A Lyon, la mairie assure que cette mesure ne concerne en bout de ligne "qu'une centaine" de bars et restaurants.
Pour ceux qui ne respecteraient pas cette mesure, il y aura une mise en demeure, puis une amende de 35 euros, voire une suspension de terrasse si récidive.
Pour ceux qui ne respecteraient pas cette mesure, il y aura une mise en demeure, puis une amende de 35 euros, voire une suspension de terrasse si récidive. (Crédits : DR Zoé Favre d'Anne)

L'entrée dans l'hiver se fait ressentir en termes de températures, une période où certains bars et restaurants allument leurs chauffages en terrasses. Mais pas cet hiver à Lyon. C'était une promesse de campagne du maire Grégory Doucet et il vient de le réaffirmer : "C'est une aberration que de chauffer en extérieur."

C'est aussi une mesure de la Loi Climat, adoptée en août. Le gouvernement avait toutefois décidé de repousser son application en mars 2022. Officiellement à cause de la crise sanitaire, pour des raisons "électorales", selon les élus de Lyon.

Concernant la Ville de Lyon, l'arrêté municipal est en réalité pris depuis juillet pour les extension de terrasse et octobre pour toutes les terrasses, mais la mairie choisi de communiquer en hiver, les chauffages étant jusqu'à présent jugés superflus, au regard des températures. La Ville décide donc d'appliquer dès novembre, donc en avance, et "sans filtre" cette mesure.

"Une centaine" de commerces concernés

Pourquoi s'attaquer aux chauffages en terrasses, alors que les urgences en termes d'économie d'énergie ne manquent pas ? "C'est une mesure simple et rapide", déclare Grégory Doucet.

"Les systèmes de chauffage extérieurs en France représentent 500.000 tonnes de CO2 par an [selon une estimation du ministère de la Transition écologique]. A l'échelle d'une terrasse, c'est donc limité, mais à l'échelle d'un pays, cela devient considérable."

Ce sera donc un nouveau point à surveiller, pour les instructeurs de la ville dédiés aux terrasses de la municipalité écologiste. Pour ceux qui ne respecteraient pas cette mesure, "il y aura une mise en demeure, puis une amende de 35 euros, voire une suspension de terrasse, en cas de récidive", annonce Valentin Lungenstrass, adjoint à la mobilité, la logistique urbaine et aux espaces publics.

A Lyon, "un commerce disposant d'une terrasse sur dix est concerné" par cette mesure (tous n'ayant pas décidé de chauffer leur extérieur en hiver), soit "une centaine" au total, selon l'adjoint à la mobilité.

Un chiffre que corrobore Geoffrey Clavel, représentant de la branche café et brasserie à l'Umih du Rhône (Union des métiers et des industries de l'hôtellerie ). Il appelle la profession à "respecter cette décision" même si "on aurait pu attendre l'interdiction nationale, surtout que le Covid a été une période compliquée pour nous."

"On achètera des plaids"

A la question des alternatives au chauffage en extérieur, le maire EELV de Lyon ironise : "nous avons une révolution technologique qui s'appelle le manteau, ou ressortir les plaids du placard."

Ben, gérant d'un restaurant de la Presqu'Île, propose par exemple 42 places en terrasse. Celle-ci était jusqu'ici chauffée par des petits chauffages électriques, et il l'affirme, avec une image : "ça consomme un bras, voire deux", admet-il.

"Nous n'avons pas de mauvaise foi, on est tous d'accord pour dire que c'est une connerie", avoue également Geoffrey Clavel.

Et alors que certains de ses chauffages étaient tombés en panne, il a eu finalement eu pour ordre de son patron de ne pas les remplacer. Désormais, les autres ne seront plus utilisés non plus. Il a déjà remarqué que certains clients partaient si aucune place chauffé n'était libre, bien qu'il y ait des places à l'intérieur.

"On achètera sûrement des plaids", avance-t'il. "Personnellement, je suis pour, mais si j'étais le boss, je ne sais pas comment je l'aurais pris."

De son côté, le maire de Lyon assume : "On ne réalise pas la transition énergétique sans sobriété. Certains commerçants font aussi ce choix délibérément".

Pour la perte de clientèle à cause des terrasses non-chauffées, la mairie estime l'avoir, en quelque sorte, compensée en prolongeant les extensions et les autorisations de terrasses saisonnières jusqu'au 31 décembre, contre habituellement la fin de l'été.

L'Umih affirme aussi que pour certains commerces la perte sera là, notamment ceux qui ont des petits intérieurs et des grandes terrasses.

Ce système de "contrepartie" était aussi intégré en mai, lors de la signature d'une charte permettant aux commerçants bénéficier d'une extension exceptionnelle de terrasses pour l'année 2021, à condition - entre autres - de n'avoir "aucun dispositif de chauffage ne devra être installé sur la terrasse".

"On ne va pas appeler à la désobéissance, l'idée c'est que tout le monde respecte l'interdiction, sinon il y a de la concurrence", conclut Geoffrey Clavel.

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