"L'opération séduction" du Québec, qui veut renouer avec la France avec la relance de la ligne Lyon-Montréal

La réouverture de la ligne Lyon-Montréal étant désormais actée pour le 11 décembre prochain, la ministre du Tourisme du Québec a profité de son premier déplacement en France, depuis la crise sanitaire, pour faire un arrêt à Lyon, pour une "opération séduction" destinée à relancer la machine du tourisme entre les deux pays. Avec à la clé, le marché français, qui représente le premier marché outre-mer du Québec, ainsi qu’un partenaire de longue date.
C'est la France, et notamment les villes de Paris et Lyon qui ont reçu le premier voyage à l'étranger d'une ministre du gouvernement du Québec, depuis la pandémie de Covid-19. A l'aube de la réouverture de la ligne Lyon-Montréal, la ministre du Tourisme du Québec Caroline Proulx est venue présenter ses ambitions pour la relance de la destination Québec.
C'est la France, et notamment les villes de Paris et Lyon qui ont reçu le premier voyage à l'étranger d'une ministre du gouvernement du Québec, depuis la pandémie de Covid-19. A l'aube de la réouverture de la ligne Lyon-Montréal, la ministre du Tourisme du Québec Caroline Proulx est venue présenter ses ambitions pour la relance de la destination Québec. (Crédits : DR)

Il s'agissait en soi, d'un symbole puisque son déplacement marquait le premier voyage à l'étranger d'une ministre du gouvernement du Québec, depuis la pandémie de Covid-19. Deux mois après la réouverture des frontières canadiennes, le premier vol de Caroline Proulx aura donc été pour la France, son partenaire de longue date et allié dans un même combat : celui du tourisme.

« Il était tout désigné de commencer par la thématique du tourisme, qui représente un moteur à la fois pour la France et la région Auvergne Rhône-Alpes, car il s'agit d'un moteur très important pour ces régions », confirme à La Tribune la ministre du Tourisme québécoise, Caroline Proulx, en visite à Lyon, après une escale à Paris.

Car après de longs mois de pandémie, et des frontières fédérales et provinciales qui sont demeurées fermées aux activités non essentielles (dont le tourisme) jusqu'au 7 septembre dernier, la province à la fleur d'érable est bien décidée à relancer, au plus tôt, ses échanges avec la France.

Désormais, le Canada et sa province du Québec se sont en effet alignés avec l'Europe (ou presque) sur le plan sanitaire : ainsi, pour entrer sur leur territoire, il est désormais nécessaire de disposer d'un équivalent du pass sanitaire (composé de deux doses de vaccins complétées) sur une application (ArriveCAN) et d'un test PCR de moins de 72 heures à l'entrée.

Aucune quarantaine n'est désormais appliquée sous ces conditions d'accueil pour les touristes, mais il est possible que des tests aléatoires soient menés à l'entrée du territoire canadien. Un arsenal qui, couplé à un taux de vaccination de 88% qui situe le pays « au sein du top 10 des pays au niveau mondial », aurait permis à la Belle Province de garder « sous contrôle » la reprise épidémique, et de ne pas observer, pour l'heure de 5e vague, contrairement à l'Europe.

En date du mercredi 24 novembre, les autorités québécoises rapportaient en effet 882 cas de Covid-19 à l'échelle de leur population de 8,4 millions d'habitants et un décès, soit un total de 441.344 personnes infectées et 11.566 morts depuis le début de la pandémie.

5 millions de visiteurs internationaux à reconquérir

Des éléments de "confiance" qui permettraient, selon la ministre, d'aborder une reprise du trafic aérien se chiffrant, pour l'heure, à près de 60% des lignes jusqu'ici opérées avant la pandémie, à partir de son principal hub de Montréal.

Chaque année avant la pandémie, le Québec accueillait en effet 5 millions de visiteurs internationaux, dont parmi eux, un large contingent de visiteurs Français (près de 420.000) « dont beaucoup de touristes dits expérimentés, qui ont d'abord connu les plaisirs des grandes villes comme Montréal et Québec, et qui souhaitent ensuite revenir, souvent dans les douze mois suivants, pour découvrir les régions et notamment la nature, l'aventure, les territoires et les grands parcs et premières nations », note Caroline Proulx.

Ce secteur du tourisme, dont l'importance s'est révélée durant la pandémie, va jusqu'à représenter 2,5 % de l'activité économique québécoise (et près de 9 % des emplois et 12,2 % des entreprises). « Le premier secteur que nous avons voulu préserver durant cette crise est celui de nos festivals et de nos événements (Festival de Jazz de Montréal, Francofolies, etc), qui est dans l'ADN des Québécois. Plus de 210 événements ont été soutenus par mon ministère et quelques autres par la ministre de la Culture », indique Caroline Proulx.

Soit 37 millions de dollars injectés et plus largement 1,2 milliards pour s'assurer qu'il n'y ait pas de « destructuration de l'offre » et que ses actifs jugés stratégiques pour le tourisme demeurent (hôteliers, gites, spa, motoneige, tourisme nature et aventure...)

Une aide qui a permis outre-atlantique, à l'image des plans d'aides d'urgence accordées par le gouvernement français, de soutenir en premier lieu le tourisme local.

« Nous avons tout de même battu des records sur l'été 2021 face aux chiffres de 2019, qui est devenue désormais l'année de référence, grâce au tourisme local intra-Québec, pour lequel nous avons mis en place plusieurs initiatives dont des passeports à tarifs réduits pour aller voir des attractions et une démarche "Explore Québec sur la route" où l'on faisait de la forfaitisation, en vendant un accès à moitié prix sous forme de cartes à nos 23 grands parcs nationaux », énumère la ministre.

Pour une reprise « très forte » de l'industrie

Et la mission entamée cette semaine par la délégation québécoise confirme que l'heure est bel et bien à la relance du "moteur" du tourisme, qui se matérialisera en premier lieu par le redémarrage de la liaison Lyon-Montréal le 11 décembre prochain par Air Canada. La compagnie canadienne a en effet confirmé une reprise pouvant remonter jusqu'à cinq rotations par semaine, sur une ligne jugée "stratégique" qui connecte ainsi à nouveau la région Auvergne Rhône-Alpes au Québec, et plus largement le territoire canadien.

« Après Paris, il ne faut pas oublier que Lyon est le second marché qui entre sur Montréal, avec une ligne qui fonctionnait très bien en 2019. Atteindre, comme l'avait fait Air Canada jusqu'à six rotations par semaine, était déjà un peu le Saint-Graal », affirme Caroline Proulx.

Pour attirer à nouveau les Français, le Québec mise désormais sur sa campagne Bonjour Québec, qui tablera sur l'attrait des grands espaces, et notamment « sur tout ce qui se situe au Nord du 49e parallèle, et qui n'a rien à envier aux pays nordiques ».

« On s'emploie à ce qu'il ait une reprise très forte de notre industrie (...) pour essayer d'aller retrouver les chiffres de 2019 », affiche la ministre québécoise, avant d'ajouter : « Les perspectives sont bonnes depuis septembre, et une première campagne pour cet hiver va débuter sur nos marchés de proximité, que sont les Etats-Unis et l'Ontario, suivie par une campagne en France, de février à octobre prochain ».

Car cet hiver, la ministre québécoise observe que les Français ont déjà répondu en partie présents, notamment à l'occasion des fêtes de fin d'année, où des réservations en gîtes ou en chalets ont déjà débuté, dans les régions de Lanaudière et des Laurentides.

Travailler ensemble sur les enjeux du tourisme durable

Cette visite était aussi l'occasion, pour le gouvernement du Québec, dirigé par François Legault depuis 2018, de rappeler également les similitudes entre les deux pays, et plus précisément avec la région Auvergne Rhône-Alpes, qui accueillait déjà depuis 1989 les Entretiens Jacques Cartier en alternance à Lyon.

« Le Québec et la Région Auvergne Rhône Alpes sont tous deux environ 8 millions d'habitants, qui ont aussi des enjeux communs en matière de stations de ski, et notamment le changement climatique, le développement de l'intersaisonnalité...Ce sont des discussions que nous allons poursuivre, car nos deux régions sont très sensibles à ces sujets et peuvent encore travailler davantage ensemble pour réfléchir à des solutions », rappelait également Caroline Proulx, aux côtés d'un tissu d'entreprises, de partenaires et d'élus de la métropole et région Auvergne Rhône-Alpes ce mercredi, réunis au sommet de la tour Oxygène de la Part-Dieu.

Accompagnée de la déléguée générale du Québec en France Michèle Boisvert, elle a notamment suivi une réunion de travail avec le vice-président Philippe Meunier, en charge de l'aménagement du territoire et des relations internationales à la Région Auvergne Rhône-Alpes.

Et à l'issue d'un entretien plus large, mené mardi avec le secrétaire d'Etat au Tourisme français Jean-Baptiste Lemoyne, la ministre québécoise a déjà relevé des synergies qui demeurent à renforcer, notamment en matière de tourisme durable, ainsi que de de travaux de recherche :

« Nous avons tous les deux des stations de ski et nous avons-nous-même mandaté l'association québécoise des stations de ski, avec une enveloppe budgétaire, afin de faire des observations et recommandations sur la manière dont on pourrait pérenniser la neige et protéger nos montagnes ».

Des axes de travail, en matière de slow tourisme et « tourisme gourmand », ont été évoqués durant cette visite, tandis que des axes de travail communs demeureront à préciser entre le Plan français Destination France, présenté par le Premier ministre Jean Castex ce 20 novembre (2 milliards d'euros d'investissements attendus sur la période 2022-2024), et son penchant québécois, le plan Tourisme durable, adopté en février 2021 par la Province du Québec.

De quoi réunir à nouveau les deux cousins, à l'occasion d'une future rencontre entre les deux Premiers ministres respectifs, déjà prévue à l'agenda courant 2022.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 26/11/2021 à 11:02
Signaler
Une bonne initiative, de grâce que quelqu'un dise aux LREM que le Québec non plus n'est pas une île hein, ça sera toujours ça de gagné lors des discussions diplomatiques !

à écrit le 25/11/2021 à 15:07
Signaler
Mais où donc avez-vous déniché cette expression : "...La province à la fleur d'érable..." Franchement! À la fleur de lys peut-être? Ou à la feuille d'érable si vous préférez.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.