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Vaccination dans la métropole de Lyon : une fracture entre l’est et l’ouest

Une personne sur deux vaccinée à Saint-Fons, contre plus de 80% des habitants vaccinés à Montanay. La cartographie du niveau de vaccination contre le Covid-19 dans les communes de la métropole de Lyon montre des écarts parfois importants, que l’âge ou le niveau de vie peuvent en partie expliquer.

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Carte vaccination métropole lyon

56% de la population vaccinée à Saint-Fons au 27 décembre 2021, à peine plus à Vaulx-en-Velin, contre plus de 80% à Montanay ou Charbonnières-les-Bains. Grâce aux données de l’Assurance Maladie, nous avons établi une cartographie du niveau de vaccination à l’échelle des communes depuis un an environ et le début de la campagne d’injection contre le Covid-19.

Il est ainsi possible de voir l’évolution de la vaccination dans les communes de la métropole de Lyon de février 2021 jusqu’au 27 décembre 2021.

L’est de Lyon moins vacciné que l’ouest

En date du 27 décembre 2021, les extrêmes sont clairement visibles. Saint-Fons est la commune de la métropole de Lyon où la population est la moins vaccinée (56,2% de la population vaccinée). Montanay, au nord du territoire, est à cette date la commune « la plus vaccinée » avec plus de 81% de sa population concernée.

La cartographie du niveau de vaccination fait apparaître à première vue une fracture nette entre l’est et l’ouest de l’agglomération. Fin décembre, toutes les communes à l’ouest de Lyon présentaient un taux de vaccination supérieur ou égal à 70%. Les communes des Monts-d’Or comptant parmi les plus vaccinées notamment.

À l’inverse, les communes présentant les taux les plus faibles, inférieurs à 70% se retrouvent à l’est de la métropole : Vaulx-en-Velin (56,6%), Vénissieux (57,6%), Saint-Priest (65,3%) ou encore Décines-Charpieu (66%). En comparaison, à cette date du 27 décembre 2021, le taux de vaccinations complètes dans le département du Rhône était d’environ 76%.

Cette différence territoriale se vérifie depuis le début de la campagne vaccinale. Saint-Fons est par exemple la commune présentant la couverture vaccinale complète la plus faible depuis la mi-mai 2021.

Une vaccination qui varie selon la classe d’âge de la population

Santé Publique France mène depuis mars 2021 une vaste étuve, Coviprev, étudiant notamment l’acceptabilité du vaccin contre le Covid-19 par la population. Elle présente certains indicateurs explicatifs des différences de couverture vaccinale au sein de la population. En particulier l’âge. L’acceptabilité du vaccin, et donc la couverture vaccinale, varierait selon la classe d’âge.

Dès le début de la campagne de vaccination, fin 2020, les personnes de plus de 65 ans sont déjà majoritairement favorables à cette mesure (60% environ). Ce sont aussi les personnes les plus à risques face à la maladie et ses formes graves. A cette date, toutes les autres tranches d’âge, plus jeunes, sont majoritairement réticentes. Plus on descend dans les classes d’âge, plus l’acceptabilité du vaccin diminue.

Depuis, les choses ont changé. Selon l’étude de Santé Publique France, l’adhésion à la vaccination se situe au-delà de 80% dans toutes les tranches d’âge de la population. C’est à partir de mai 2021 qu’une majorité de la population à l’intérieur de chaque tranche d’âge s’est montrée favorable à la vaccination.

Dans la métropole de Lyon, l’âge semble bien être une des explications de telles différences de couverture vaccinale. En effet, les communes les plus vaccinées situées à l’ouest de Lyon, sont aussi celles qui présentent les plus fortes proportions de plus de 60 ans.

Dans l’est de la métropole, zone moins vaccinée, Jonage et Chassieu comptent toutefois des taux de vaccination complète de près de 75% au 27 décembre 2021. Ce sont aussi les communes où la part des plus de 60 ans est la plus importante dans le secteur.

Une vaccination très faible des jeunes à Saint-Fons et au sud de Lyon

À l’inverse, par effet miroir, les communes les « plus jeunes » présentent des taux de vaccination complète plus faible. C’est le cas de Saint-Fons, Vénissieux, Vaulx-en-Velin ou du 9e arrondissement de Lyon. Dans ces communes la part de personnes de plus de 60 ans est environ deux fois inférieure à celle de certaines communes des Monts-d’Or par exemple, plus largement vaccinées.

La vaccination plus faible chez les jeunes (moins de 20 ans), s’explique évidemment par une accessibilité plus tardive. La vaccination pour tous à partir de 18 ans est possible depuis le 31 mai 2021. Elle est ouverte pour les 12-17 ans depuis le 15 juin 2021 et depuis le 15 décembre 2021 seulement.

Toutefois, des différences parfois importantes existent dans la métropole de Lyon. Au 27 décembre, près de 45% des moins de 20 étaient complètement vaccinés à Montanay. Ils n’étaient que 17% à Saint-Fons pour une moyenne de 26% sur l’ensemble de la métropole de Lyon.

Le niveau de vaccination de la population de Saint-Fons, plus faible qu’ailleurs, s’explique donc en partie par la faible vaccination des moins de 20 ans (9 points de moins que la moyenne métropolitaine). Une tranche d’âge plus importante qu’ailleurs dans la population de la commune. Mais aussi des 20-39 ans chez qui il existe une différence de près de 15 points avec la couverture à l’échelle de la métropole : 79,5% de vaccination complète dans la métropole de Lyon contre 66,5% à Saint-Fons.

Dans les autres tranches d’âges, les niveaux de vaccination, bien qu’inférieurs également, se rapprochent davantage de la moyenne métropolitaine.

La vaccination complète chez les plus jeunes semble avoir avoir atteint un plateau. Tout comme pour les autres classes d’âge mais à un niveau bien plus faible. L’ouverture de la vaccination aux adolescents de 12 à 17 ans n’a pas vraiment accéléré la couverture vaccinale de la tranche d’âge. Comme nous le notions précédemment, l’ouverture de la vaccination aux 5-11 ans est quasiment boudée dans le secteur.

La vaccination diffère selon le niveau de vie dans la métropole de Lyon ?

L’âge ne semble donc pas être le seul facteur d’explication. Santé Publique France propose également dans son étude une lecture selon la catégorie socio-professionnelle. Tout au long de la campagne de vaccination, elle note une plus forte adhésion au vaccin contre le Covid-19 parmi les catégories socio-professionnelles les plus aisées.

Enquête Coviprev acceptabilité vaccination
Extrait des données de l’enquête Coviprev de Santé Publique France relatives à l’acceptabilité de la vaccination selon notamment les catégories socio-professionnelles.

La cartographie de la couverture vaccinale dans la métropole de Lyon révèle une fracture est/ouest qui rappelle celle bien connue du niveau de vie. Le niveau de vaccination semble bien s’élever avec celui du niveau de vie.

Un facteur explicatif qu’illustrent nos deux extrêmes dans la métropole de Lyon :

  • Saint-Fons, commune la moins vaccinée est celle qui présente le revenu médian le plus faible,
  • Montanay, à l’inverse, avec près de 32 000 euros de revenu médian, le double de celui de Saint-Fons, fait partie des communes les plus aisées du territoire.

Une corrélation qui se confirme assez logiquement dans le détail des catégories socio-professionnelles. La vaccination est plus importante dans les communes où la proportion de cadres et professions intellectuelles est plus importante :

Elle est plus faible dans celles où la proportion d’ouvriers et d’employés est plus forte :

Différence de taux de vaccination : une combinaison de facteurs explicatifs ?

Selon les données de l’enquête Coviprev de Santé Publique France, en date de mai 2021, les écarts d’acceptabilité de la vaccination variaient donc de 15 à 20 points selon les catégories socio-professionnelles. Des écarts relativement équivalents à ceux constatés dans la métropole de Lyon. On mesure également une certaine constance de l’acceptabilité de la vaccination dans le temps. Les territoires les moins vaccinés au lancement de la campagne le sont toujours un an après.

Pour tenter d’expliquer ces écarts sur le territoire, une combinaison de ces différents facteurs est certainement à l’œuvre. Un indicateur seul n’explique pas tout. L’âge par exemple. Saint-Fons et Poleymieux-au-Mont-d’Or, comptent une proportion de plus de 60 ans équivalente dans leur population. Or, le taux de vaccination varie de 20 points entre ces deux communes.

Le niveau de vie n’explique également pas tout à lui seul. Saint-Priest ou Décines par exemple comptent une proportion de cadres relativement faible (7% environ) mais près de trois fois supérieure à celle de Saint-Fons (2,5%). Le revenu médian disponible y est supérieur de près de 4000 euros à celui de Saint-Fons. Pourtant, ces deux communes présentent des niveaux de vaccination complète parmi les 10 plus faibles de la métropole.

Ces seuls critères socio-économiques suffisent-ils ? Pas forcément à écouter les acteurs de terrain. À Saint-Fons, on pointe d’autres causes. Comme la facilité d’accès à un point de vaccination ou l’obtention d’un créneau pour le faire. Certaines pharmacies de la commune n’ont plus de créneaux disponibles jusqu’à la mi-mars.

Malika Lagrimite, conseillère municipale déléguée à l’économie sociale et solidaire a participé à la mise en œuvre de la stratégie vaccinale à Saint-Fons. Elle indique que l’accessibilité et la mobilité comptent aussi :

« La population de Saint-Fons n’est pas bien différente de celle de Vénissieux ou Vaulx-en-Velin. Les 1 ou 2% de différence en nombre de vaccinés sont surtout dus à l’absence de centre de vaccination, et de moyens rapides de se rendre à ceux qui se trouvent le plus près. »


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