Il a voulu se présenter deux fois à la présidentielle : Maxime Verner se confie à Lyon Capitale

Plus jeune prétendant aux présidentielles de 2012 et 2017, Maxime Verner apparaît aujourd'hui éloigné du champ politique. Cependant, le Lyonnais de 32 ans continue d'agir, tout en déplorant le manque de représentativité au sein de la classe politique actuelle. "Le débat de fond, qu’il soit public ou politique, n’existe pas", affirme-t-il. 


Avant l'élection présidentielle française, prévue le 10 avril 2022, Lyon Capitale souhaite donner la parole aux jeunes lyonnais et grands-lyonnais. Afin de recueillir leurs témoignages, connaître leurs attentes, leurs aspirations, leurs souhaits, leurs craintes. Des jeunes, pourtant les plus concernés par la France et le monde de demain, mais qui ont pour une grande partie boudé les urnes lors des dernières échéances électorales.

La rédaction de Lyon Capitale lance la série "Les Gones et la présidentielle". Des rendez-vous réguliers avec des jeunes lyonnais (de - 35 ans) à retrouver sur notre site internet dédié : www.lyoncapitale.fr


Plus jeune prétendant aux présidentielles de 2012 et 2017, Maxime Verner semble désormais loin de cette image du « premier de la classe », à laquelle il était rattaché dans les médias il y a quelques années. Barbe plus fournie, le natif de Lyon a quitté son style costume-chemise au profit d’un pull bleu uni basique. Sa prise de parole semble également plus décontractée : la communication politique très travaillée d’il y a 5 et 10 ans, laisse place au tutoiement et au langage plus familier. Un aspect n’a cependant pas changé entre le « candidat Verner » et le Maxime Verner d’aujourd’hui : l'idéologie. Pourtant, il assure ne pas être « candidat à la présidentielle de 2022 ».

Une carrière politique éclair

Maxime Verner n’est plus totalement inconnu dans le paysage politique français. Issu d’une famille arménienne, il a tout juste 18 ans lorsqu’il s’inscrit aux élections municipales et cantonales de Bron en 2008. Le candidat fait alors face à de nouveaux enjeux : mener une liste jusqu’au bout, paritaire et qui doit faire face aux partis traditionnels. Résultat : la liste obtient 4 % des suffrages. Cependant, Maxime se souvient que « les quartiers dont on est issue (Terraillon et Parilly, ndlr) ont obtenu jusqu’à 17 % des votes dans certains bureaux ». Une satisfaction qui va pousser le jeune homme à se présenter aux présidentielles de 2012 puis 2017. « Je voulais déconstruire le fait qu’on ne puisse rien faire. J’ai été candidat à la présidentielle de 2012 sur un programme qui tournait autour de la notion intergénérationnelle ».


« Je voulais déconstruire le fait qu’on ne puisse rien faire. J’ai été candidat à la présidentielle de 2012 sur un programme qui tournait autour de la notion intergénérationnelle »,
Maxime Verner, plus jeune candidat à la présidentielle de 2012 et 2017


Les 358 signatures obtenues sur les 500 minimum ne permettront pas à Maxime Verner de rentrer dans le grand bain politique. Cinq ans plus tard, en 2017, il retente sa chance en passant cette fois par LaPrimaire.org. Une primaire citoyenne qu’il gagne, mais dont il critique le format. « J’avais prévenu ‘’il faut que tous les candidats soient derrière une personne. Je ne demandais pas forcément que ce soit moi. Je me mets derrière vous si vous le souhaitez mais ne faisons pas un premier tour ensemble qui va nous faire perdre deux mois. Après cela, on sera trop tard pour les présidentielles". Évidemment c’est ce qu’il s’est passé ». Dans le même temps, Maxime Verner devient papa pour la première fois, à 28 ans. Un (heureux) événement qui l’éloignera définitivement des campagnes politiques.

Maxime Verner, plus jeune candidat aux deux dernières présidentielles, continue d'agir différemment.

Une nouvelle forme de politique

Aujourd’hui, s’il s’en est éloigné, Maxime continue à « faire de la politique ». Entrepreneur, il conseille aujourd’hui des entreprises privées et organisations publiques à réaliser leurs missions. « Par exemple, je travaille avec une fille qui a monté une boite de conseil aux Etats et qui aide 25 pays. J’ai un regard international maintenant. J’ai également accompagné Paul Morlet et son entreprise Lunettes pour tous qui a équipé 600 000 français exclus du système. Tout cela est très politique ». L’attachement à la politique de Maxime semble effectivement intact. « Je ne me désintéresse pas à la politique, je considère différemment l’acte politique en tant que tel : je m’engage, j’accompagne des associations qui font des choses valables, j’éduque les jeunes à tout cela » assure l’ex-candidat. « Je continue mon travail mais à l’échelle collective. Pas dans le monde politique comme il est connu » répète Maxime.


« Je ne me désintéresse pas à la politique, je considère différemment l’acte politique en tant que tel [...] Je continue mon travail à l'échelle collective »,
Maxime Verner, entrepreneur


Le fils de chauffeur de taxi ne veut cependant pas résumer son idée à la simple idée du dégoût des hommes politiques. « Ce que je disais il y a 10 ans, je n’en changerai pas une virgule. Je le pense toujours. Nous sommes seulement dans un moment ou le débat de fond, qu’il soit public ou politique, n’existe pas. Je me prépare au moment où il va avoir lieu et là, j’agirai. Je serai toujours autour de la table à écouter, former et participer » explique celui qui préside l'Association des Jeunes de France depuis 2009.

Un abstentionniste dans l’attente de « l’homme providentiel »

À l’approche du scrutin présidentiel de 2022, Maxime suit de très près le paysage politique français. Son analyse du climat actuel va le contraindre à l’abstention. Seule condition pour qu’il aille voter : « regarder les premiers résultats d’urnes à 18 heures, et qu’il y ait un risque que Zemmour ou Le Pen soit élu ». Cependant, il assume de « ne pas vouloir voter pour un projet auquel je (il) n’adhère pas du tout ».


« Ce que je disais il y a 10 ans, je n’en changerai pas une virgule. Je le pense toujours. Nous sommes seulement dans un moment où le débat de fond, qu’il soit public ou politique, n’existe pas »,
Maxime Verner


En 2017, après le retrait de sa candidature, le Lyonnais avait effectivement appelé à l’abstention. « Je considère qu’à force de voter pour des gens auxquels on ne croit pas, on se perd. Pourquoi Zemmour existe aujourd’hui ? Parce que lorsque l’on voit le report des voix au second tour en 2017, on remarque que beaucoup ont voté Macron sans aucune volonté. Ce sont plutôt des gens de droite qui retournent à leurs premiers amours, mais de manière plus violentes qu’au départ » détaille Maxime. « Plus tu crées des déceptions, plus tu crées un rapport à la politique irrationnel » conclu-t-il.

Aujourd’hui, l’ex-enfant de Bron et désormais Parisien, ne croit plus qu’en un « homme providentiel » capable de poser à la fois le débat et la solution. « Toute notre histoire est mue par l’attente de cet homme. En ce moment, c’est une période un peu molle » peste Maxime. Considérant que le Président s’appuie sur une légitimité qui est celle du vote populaire, l’entrepreneur semble désormais remonté. « Une présidentielle n’exprime pas l’attente des français. Elle exprime le choix des français pour un président. Le débat est plus profond que tout cela ». Et lorsque Emmanuel Macron est évoqué, la réponse est sans appel : « Il n’est pas l’homme providentiel, je n’ai pas attendu les élections présidentielles pour le savoir ».

Ainsi, Maxime qui ne pense pas « être le plus gaulliste du pays », pense qu'il est difficile de considérer que « De Gaulle n’a pas été cet homme providentiel. Les gens ne l’ont pas forcément toujours écouté, mais il a créé une cohésion nationale que l’on n’a jamais eue ensuite » concède l’intéressé.


« Une présidentielle n’exprime pas l’attente des français. Elle exprime le choix des français pour un président »,
Maxime Verner ne votera pas en 2022


Une gauche démunie face aux débats

Si Maxime n’a été membre d’aucun parti traditionnel, il n’en reste pas moins très attaché à la gauche. « C’est ma famille politique » admet-il. « Je suis atterré par le niveau de la gauche. Il n’y a pas de débats de fond. Il n’y a pas une nouvelle génération de la gauche qui prend le pouvoir… j’ai aussi ma part de responsabilité là-dedans » reconnaît l’ex-candidat. Son constat résonne directement avec ses propos exprimés auparavant. « C’est pour ça que je dis qu’il n’y a pas de débat. Il n’y a pas de gauche. Et un débat politique où il n’y aurait pas la gauche, ça n’est pas un débat. Aujourd’hui, le débat est seulement entre la droite et l’extrême droite » résume Maxime.

Pourtant, le cofondateur et président de la société de conseil aux entreprises Hesychia n’a jamais vraiment voulu intégrer un de ces partis institutionnels de gauche, par peur de devoir suivre une ligne politique précise et surtout de ne pas pouvoir être assez radical dans ses idées. « Moi, je suis un subversif, et c’est chez les subversifs que l’on recrute les révolutionnaires » sourit-il.


« Je suis atterré par le niveau de la gauche. [...] Il n’y a pas une nouvelle génération de la gauche qui prend le pouvoir… j’ai aussi ma part de responsabilité là-dedans »,
Maxime Verner


Alors, à sa « modeste échelle », Maxime tente de se rendre utile comme « rassembler la gauche, former une nouvelle génération capable de prendre un peu de leadership » détaille-t-il. Mais globalement, le chemin semble trop long et fastidieux. "Ça fait mal au cœur" déplore Maxime. Et lorsque l’idée d’un retour dans le monde de la politique lui ai suggéré, sa déclaration pose plus de questions qu’elle n'apporte de réponses : « Peut-être… je n’en sais rien. Honnêtement, si je le savais je le dirais. Mais je n’en ai aucune idée. Pour l’instant, je rends service moi. Mais cela m’attriste qu’il n’y ait pas de potentiel également… ».

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