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Lyon: trois mineurs jugés pour avoir torturé, filmé et laissé pour mort un homme à la Croix-Rousse

Le procès des accusés s'est ouvert ce lundi. Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Torturé devant une caméra, lacéré de coups de couteau à 74 reprises et laissé à l'agonie: Ahmed Kourak a subi un véritable calvaire dans la nuit du 2 au 3 mars 2019. Son corps sans vie, ligoté, n'a été retrouvé dans un appartement du quartier de la Croix-Rousse, dans le 1er arrondissement de Lyon, que deux jours plus tard.

Ce lundi s'est ouvert à huis clos, devant la cour d'assises pour mineurs de Lyon, le procès des trois individus suspectés de lui avoir infligé ces sévices. Les accusés qui ont pris place dans le box sont poursuivis pour "meurtre précédé d’actes de torture ou de barbarie et violences volontaires". Ils avaient été arrêtés par la police espagnole à Valence peu de temps après les faits. Un quatrième homme, soupçonné d'avoir tourné la vidéo, sera pour sa part jugé au mois de mai devant le tribunal pour enfant.

Algérien âgé de 28 ans au moment des faits, Ahmed Kourak connaissait ses tortionnaires, de même nationalité que lui. La victime résidait dans la région lyonnaise depuis trois ans et avait été condamnée à plusieurs reprises pour "vols aggravés" et "violences".

Le mobile en question

Pour la famille d'Ahmed Kourak, le procès doit permettre d'éclairer un mystère majeur: qu'est-ce qui a pu amener des mineurs à commettre de tels actes?

La thèse d'un règlement de comptes lié à un vol ou à un emprunt de téléphone portable, brandie par les accusés, ne convainc pas les parties civiles, particulièrement marquées par la violence de cette affaire. Car les séquences de tortures ont été transmises directement à des proches de la victime via Messenger.

"Enlever la vie d'une personne qui a 28 ans, qui aurait pu avoir un projet, une vie de famille, se marier comme tout le monde... C'est très, très dur de l'accepter, a déploré Nour, nièce d'Ahmed Kourak, au micro de BFM Lyon, la voix pleine de sanglots. C'est très, très, très dur, notamment pour sa famille. Nous, on n'y arrive pas. Ils ont détruit une famille. Aujourd'hui, on est là pour avoir la réponse à nos questions. Parce qu'enlever la vie d'une personne pour un téléphone, on n'y croit pas."

"Film d'horreur"

Jean-Baudouin Shibaba, avocat des parties civiles, juge pour sa part que "le mobile est dérisoire". "D'après leurs dires, embraye-t-il, ça serait pour un portable. C'est la raison pour laquelle on n'est pas prêts à comprendre si c'est le seul mobile, ou s'il y a un autre mobile. On se demande si ce ne sont pas des amateurs de films d'horreur qui ont voulu montrer qu'ils étaient capables de faire ce genre de choses".

Les débats du jour se sont déroulés sous les yeux d'une deuxième victime. L'homme de 28 ans était parvenu à fausser compagnie aux agresseurs et à s'enfuir.

Un nouveau moment douloureux s'annonce pour cette victime et les proches d'Ahmed Kourak. Le tribunal procédera ce mardi à l'exposé des faits. Viendra ensuite le temps de l'interrogation des trois mineurs. Sollicités par BFM Lyon, les avocats de la défense ne souhaitent pas s'exprimer.

Le verdict est attendu vendredi. Les accusés encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

Mélanie Ferreira et Jérémy Pain avec Florian Bouhot