Nous avons testé la zone 30 km/h de Lyon…. et il n’y a guère de différences

© David Gossart

Pour rendre compte des enjeux et problématiques d’une vitesse limitée à 30km/h à Lyon, entrée en vigueur le 30 mars dernier, Tribune de Lyon a dépêché une équipe de chauffeurs aguerris. Leur mission ? Suivre un itinéraire donné en voiture et décrire l’état de la circulation avant et après l’entrée en vigueur de la mesure. 37 minutes pour parcourir 8,5 kilomètres dans la première configuration, 40 minutes le lendemain après le passage en zone 30. Reportage.

Un jour avant le passage à 30 km/h d’une majorité des axes lyonnais, le 29 mars 2022, notre équipe embarque dans la Renault Zoé de la rédac. Au plaisir de Grégory Doucet, qui va voir sa nouvelle mesure testée avec un bilan carbone neutre. Démarrage, 16 h 40 : le quai du Docteur-Gailleton est embouteillé. Arrivé au pont de la Guillotière, nous observons les premiers marquages au sol : 50 km/h. Mais pas le temps d’en profiter notre voiture se heurte au feu rouge.

Une fois celui-ci passé, nous voilà pris dans un nouvel embouteillage cours Gambetta. 16 h 52, après une longue attente, le feu du métro de la Guillotière passe au vert et nous nous engageons sur le carrefour de la place Gabriel Péri. Pour tourner à gauche, rue Paul Bert, il va falloir encore patienter une minute. 

Rare de dépasser les 20 km/h

À 16 h 56, nous tournons à gauche sur l’avenue du Maréchal-de-Saxe direction Part-Dieu. Avec un feu tous les 100 mètres, impossible de dépasser les 20 km/h. Après avoir traversé quelques ruelles à 30 km/h de façon assez fluide, nous débarquons au parc de la Tête d’Or à 17 h 07. Pour finir la boucle, direction cours d’Herbouville, où la circulation se fluidifie et où nous pouvons, pour la première fois, atteindre les 50 km/h. S’il n’y avait pas eu de livreurs perturbant le trafic en stationnant sur la voie des bus, nous aurions pu déclarer la circulation fluide.

17 h 17, notre équipe est de retour à son point de départ, place Bellecour. Il nous aura fallu 37 minutes pour parcourir 8,5 kilomètres. Soit une allure moyenne de 14 km/h. Nul besoin de dire que nos chauffeurs sont décoiffés.

Second tour de Lyon après le passage à 30 km/h

Mardi 5 avril. C’est parti pour une nouvelle aventure. Nos chauffeurs montent dans la voiture la boule au ventre, inquiets de rencontrer des chauffeurs enragés par le passage à 30 km/h.

Le départ est prévu, même heure. Mais à leur grand étonnement, ils ne vous raconteront pas une histoire bien différente… Ils ont vécu sensiblement le même trajet !

Seule différence, le cours d’Herbouville, la seule voie où nous pouvions circuler de manière plus fluide, est désormais limitée à 30 km/h. Mais pour le bien de l’expérience nous avons respecté la mesure et la limitation, bien seuls à vrai dire quand nos voisins automobilistes semblaient, eux, ne pas être vraiment au courant. 

Ces derniers ne limitaient pas leur allure malgré le marquage au sol et c’est sans doute le vrai enseignement de ce voyage comparé : il n’est pas certain que la mesure sera scrupuleusement observée dans les rues de Lyon lorsque celles-ci seront libérées du trafic. Pour le reste, guère de changement donc, notre deuxième tour nous aura pris exactement 40 minutes sur la même distance. Soit 3 minutes de plus que la semaine passée et une allure de 13 km/h au lieu de 14 km/h.

L’humeur des automobilistes, en revanche, semble elle avoir varié… Un conducteur interpellé rue de la Charité n’en fait pas mystère : «  c’est infernal, déclare t-il excédé, déjà que ça n’avance pas dans la ville, le peu de fois où nous pouvons accélérer on nous l’interdit ». D’autres, plus nuancés, attendent de voir pour juger. « Je n’ai pas encore assez roulé pour voir s’il y a une différence, mais jusque-là il ne me semble pas », avance, prudente, une Lyonnaise.

Nans Soulé Beaud & Nathan Chaize

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