PEDAGOGIEUne « forest school » devrait ouvrir à la rentrée près de Lyon

Une « forest school » devrait ouvrir à la rentrée dans les Monts du Lyonnais

PEDAGOGIEModèle pédagogique en plein essor, les « écoles de la forêt » dispensent un enseignement d’école primaire à l’extérieur, par tous les temps. Une association espère en ouvrir une en septembre près de Lyon
Des études ont prouvé que les élèves qui passent beaucoup de temps en extérieur améliorent leurs capacités cognitives.
Des études ont prouvé que les élèves qui passent beaucoup de temps en extérieur améliorent leurs capacités cognitives. - PIXABAY / PIXABAY
Jennifer Lesieur

Jennifer Lesieur

L'essentiel

  • Les « forest schools », nées dans les années 1950 au Danemark, proposent aux enfants un enseignement en plein air, pour mieux apprendre tout en se connectant à la nature.
  • Ce modèle pédagogique très en vogue en Scandinavie et en Allemagne perce peu à peu en France : une association a lancé une campagne de financement participatif pour en ouvrir une à la rentrée, près de Lyon.
  • L’équipe pédagogique insiste sur le fait que les enfants pourront y développer de multiples compétences, en toute sécurité, en plus de renforcer leur santé.

Si personne n’apprend aux enfants à aimer la nature, la nature peut apprendre bien des choses aux enfants. Les « forest schools », écoles alternatives en pleine nature, sont apparues au Danemark dans les années 1950 : en troquant la salle de classe contre une clairière, les élèves se révèlent plus attentifs, plus épanouis. Très en vogue en Scandinavie et en Allemagne, elles percent timidement en France, avec une quarantaine d’écoles recensées.

Une association rhodanienne, Les Voies de la Forêt, prévoit d’en ouvrir une à la rentrée prochaine dans les Monts du Lyonnais. « La base, c’est la pédagogie par la nature », explique Nina Kleinsz, future directrice de l’établissement. Le principe, c’est que « les enfants passent un maximum de temps dehors, et donc que le temps d’instruction se fasse à l’extérieur. Tout au long de l’année, par tous les temps, en s’équipant selon la météo. » Pour cette neuropsychologue, « il est important que les enfants créent le lien avec la nature, mais aussi avec le rythme des saisons, qu’ils les vivent avec leur corps ».

Un emplacement et un enseignement aux normes

Un agriculteur a mis à disposition de l’association 60 hectares de forêt clôturée, sans routes, ainsi qu’une ancienne chèvrerie destinée à abriter les enfants en cas de très mauvais temps. Cet abri nécessite des travaux de rénovation et de mise aux normes : un appel aux dons est ouvert jusqu’au 20 avril pour les financer. L’école abriterait deux classes de dix enfants chacune : un groupe de 3 à 6 ans, et un autre de 7 à 11 ans.

Ce mélange d’âges s’accompagnera donc parfois d’un mélange de programmes. « En France, les écoles alternatives doivent suivre le programme de l’Education nationale, tandis qu’une école privée reste libre de ses choix, de ses méthodes et de ses supports pédagogiques », précise Nina Kleinsz, « mais les enfants devront acquérir le même socle commun ».

Un enfant qui quitterait cette école en fin d’année scolaire pourra en intégrer une « classique » après. « On ne les laisse pas seulement jouer dans la forêt, ils auront les mêmes connaissances ! », assure l’enseignante. Par exemple, dans une forest school, aux cours s’ajoute « le jeu libre en pédagogie par la nature. Les enfants suivent librement leurs envies du moment, que les enseignants identifient pour adapter ensuite les temps d’instruction. S’ils construisent une cabane, on va aborder la physique. S’ils ramassent des insectes, les sciences naturelles… On peut aussi faire de la géométrie en forêt, en calculant la taille d’un arbre par exemple. Partir du concret, c’est très important. »

Des bénéfices physiques, cognitifs et comportementaux

Des études ont confirmé les multiples bénéfices d’un tel environnement scolaire. D’abord pour la santé physique des enfants, de plus en plus sédentarisés. « Au niveau du développement psychomoteur, chez les plus petits, courir ou marcher dehors nécessite d’autres compétences que marcher sur une cour en béton ou des squares aménagés », ajoute Nina Kleinsz.

Les plus grands sont plus attentifs aux autres : « être en groupe dehors développe aussi la collaboration, la communication, l’esprit critique ». Du côté des enseignants aussi, « quand vous enseignez dehors, c’est plus calme, contrairement à ce qu’on pourrait croire, il y a moins de stress ! »

Enfin, les bénéfices se répercuteront indirectement sur la protection de la biodiversité. « En connaissant la nature, les enfants créeront un lien émotionnel fort avec elle, ce qui les amènera à vouloir la protéger », remarque Nina Kleinsz. « En créant ces occasions de passer beaucoup de temps dehors, on espère que ça participera à créer une génération qui sera plus naturellement connectée avec le vivant. »

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