BFM Lyon
Lyon

Lyon: colère de la Métropole face à baisse des subventions culturelles de la région Auvergne-Rhône-Alpes

La Biennale d’Art Contemporain, le TNP Villeurbanne, la Villa Gillet ou encore le Festival Lumière vont voir leur budget chuter. Laurent Wauquiez souhaite opérer un rééquilibrage territorial des dépenses.

À Lyon, la nouvelle a été perçue comme un coup de massue. Plusieurs établissements culturels de la Métropole, comme la Biennale d’Art Contemporain, le TNP Villeurbanne, la Villa Gillet ou le Festival Lumière, vont assister une coupe substantielle de leurs subventions.

L'enveloppe consacrée à ce secteur restera pourtant la même: 62 millions d'euros. Mais son fléchage doit être réévalué par le Conseil régional, piloté par Laurent Wauquiez et Les Républicains, dans une optique de rééquilibrage territorial. Au détriment d'institutions lyonnaises.

"Il n'y a pas de jugements portés sur les actions conduites par ces structures, simplement le souci de conduire l'action culturelle régionale sur l'ensemble du territoire", a fait savoir l'exécutif régional par l'intermédiaire d'un communiqué.

Levée de boucliers

Ce changement de cap opéré par Laurent Wauquiez a entraîné une levée de boucliers. Les acteurs culturels lyonnais, premiers concernés, ont fait montre de leur stupeur au micro de BFM Lyon.

"On est assez abasourdis, reconnaît Léa Danielewsky, responsable communication de la Villa Gillet, dont le staff prépare actuellement le festival Littérature Live. L'équipe, qui s'est énormément renouvelée, a beaucoup travaillé depuis deux ans pour maintenir des festivals, pour maintenir son activité et pour donner la parole aux écrivains dans l'espace public malgré deux ans de Covid."

L'établissement, situé dans le 4e arrondissement de Lyon, anticipe une diminution d'un tiers de son budget si les coupes sont entérinées.

200.000 euros de moins pour la Biennale

"Cette aide de la région venait financer des postes, notamment en médiation et en éducation artistique et culturelle dans un déploiement qui concerne des lycées à l'intérieur de la région, mais aussi des collèges, etc. Le scénario tel qu'il est proposé pour l'instant est un très gros désengagement et un risque pour la structure même."

La Biennale d'art contemporain pourrait pour sa part voir son budget amputé de 200.000 euros. Pas de quoi réjouir Isabelle Bertolotti, sa co-directrice, même si cette dernière juge important de "rester confiant et de se dire qu'on est là pour les artistes aussi". Et d'ajouter: "On est là pour le microcosme et tout ceux qui travaillent autour. On reste dans une dynamique positive".

Un son de cloche qui diffère grandement de celui de la Métropole de Lyon. Celle-ci a accueilli la nouvelle avec amertume, fustigeant une annonce "soudaine", "sans concertation" et "sans véritable connaissance des réalités locales".

"Une logique de saupoudrage clientéliste"

"La Région Auvergne-Rhône-Alpes fait le choix d’abandonner les acteurs culturels de l’agglomération lyonnaise, peut-on lire dans un communiqué au ton offensif rendu public en fin de semaine dernière par la collectivité. (...) Cette annonce arrive au moment-même où toutes les collectivités devraient réaffirmer leur soutien à la pluralité et à l’excellence des expressions culturelles existantes sur le territoire, et travailler à renforcer l’accès à la culture pour toutes et tous."

Cédric Van Styvendael va même plus loin. Le vice-président de la Métropole, délégué à la culture et maire de Villeurbanne, dit avoir "parfois l'impression que l'on continue une logique de saupoudrage clientéliste et électoraliste". "Et moi, ça ne me va pas", a-t-il grincé à notre micro.

"Désengagement"

"La culture n'est pas un objet de clientélisme, insiste l'élu. La culture, c'est ce qui permet à chacun de grandir, de s'émanciper. Je crois qu'elle mérite autre chose que des petites tactiques politiciennes."

Pour Bruno Bernard, président de la Métropole, cette réorientation budgétaire n'est rien d'autre qu'un "désengagement" de plus de la Région, "après son retrait de certains projets structurants pour le territoire, tels que les travaux des gares Perrache et gare Part-Dieu ; après son désengagement de la compétition des Worldskills" et d'"actions de transition énergétique" ou "d'amélioration de la qualité de l'air".

Aux yeux de l'élu, "la Région n’est clairement pas à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face aujourd’hui". Laurent Wauquiez n'a, à ce jour, pas répondu à ces accusations.

Arthur Blet et Victoria Garmier avec Florian Bouhot