Universités : après l'échec de l'Idex, Lyon 1 et Lyon 2 pourraient fusionner d'ici 2024

Après l'échec de l'Idex Lyon/Saint-Etienne, c'est une étape décisive et différente qui vient d'être franchie : les conseils d'administration des universités Lyon 1 et Lyon 2 viennent de donner quitus à leur président respectif pour avancer dans un projet de fusion. Espérée pour 2024, celle-ci intégrerait également CPE Lyon, avec l'ambition de développer une meilleure visibilité de l'enseignement supérieur lyonnais. En attendant, les deux établissements portent avec d'autres partenaires comme les HCL un autre projet (Shape-Med@Lyon), en attente d'une labellisation Excellence du PIA4. Réponse attendue pour la fin du mois.
Un tout nouveau paysage de l'enseignement supérieur lyonnais est ainsi en train de se modeler : le nouvel ensemble Lyon 1/Lyon2/CPE pèserait en effet près de 75.000 étudiants. (Crédit photo : Eric Le Roux / Université Claude Bernard Lyon 1)
Un tout nouveau paysage de l'enseignement supérieur lyonnais est ainsi en train de se modeler : le nouvel ensemble Lyon 1/Lyon2/CPE pèserait en effet près de 75.000 étudiants. (Crédit photo : Eric Le Roux / Université Claude Bernard Lyon 1) (Crédits : DR)

Ne leur parlez plus de l'IDEX... 18 mois après le retentissant échec qui avait secoué l'écosystème régional de l'enseignement supérieur, suite au refus du conseil d'administration de l'Université stéphanoise Jean Monnet de poursuivre l'aventure, les acteurs lyonnais veulent définitivement tourner la page de ce douloureux épisode.

Mais l'idée d'une recomposition du système local est loin d'être abandonnée pour autant. Lyon 1 et Lyon 2 planchent ainsi activement sur leur rapprochement.

Un paysage trop fragmenté ?

Un tout nouveau paysage de l'enseignement supérieur lyonnais est ainsi en train de se modeler. Une recomposition essentielle aux yeux de Frédéric Fleury, président de Lyon 1 (47.000 étudiants), qui était déjà une des locomotives majeures du projet Idex.

"Notre territoire compte de très nombreux centres de recherche universitaires de grande qualité, nos étudiants sont très bien formés par des enseignants chercheurs de haut-niveau et pourtant le site lyonnais n'est pas reconnu à sa juste valeur. Nous manquons de visibilité, en particulier à l'international. Pourquoi ? Parce nos universités sont trop fragmentées".

Lyon compte en effet quatre universités, assez spécialisées : l'Université Claude Bernard Lyon Lyon 1, l'Université Lumière Lyon 2, l'Université Jean Moulin Lyon 3 et l'Université Catholique de Lyon (Ucly).

"Ce modèle lyonnais qui avait émergé dans les années 70 n'est plus pertinent aujourd'hui. Il ne correspond plus aux exigences d'aujourd'hui et de demain", complète Nathalie Dompnier, présidente de Lyon 2 depuis 2016 et dont le mandat a été renouvelé l'année dernière.

"Aujourd'hui, les grands partenaires de la recherche, à l'international en particulier, veulent comme interlocuteurs de grandes universités pluridisciplinaires".

Vers la création d'un établissement public expérimental

Pour remédier à cette problématique, augmenter leur attractivité en particulier envers les étudiants étrangers, développer des programmes de recherche plus ambitieux, Lyon 1 et Lyon 2 s'engagent donc sur le chemin de la fusion.

Celle-ci devrait se faire au sein d'un établissement public expérimental intégrant l'école d'ingénieurs CPE Lyon, déjà école rattachée à Lyon 1.

CPE Lyon ne fusionnerait pas, mais conserverait sa personnalité morale comme l'autorise le statut d'établissement public expérimental (EPE), dont le nom n'a cependant pas encore été acté.

Ce nouvel ensemble pèserait 75.000 étudiants, une centaine de structures de recherche et 6.400 salariés (enseignants chercheurs et personnels administratifs/techniques). Quatre pôles sont envisagés : santé/médecine, sciences, ingénierie, sciences humaines et sociales. Ils seraient complétés par des graduate schools et des instituts thématiques permettant de construire une transversalité entre les sciences dures et les sciences humaines.

Du côté du planning, les opérations pourraient avancer rapidement puisque l'horizon de cette fusion est espéré par les deux présidents pour 2024.

Un premier modèle préfigurateur devrait être présenté à l'automne et les statuts définitifs rédigés courant 2023. Dans ce schéma, une étape majeure vient d'être validée : les 22 et 26 avril derniers, les conseils d'administration des deux établissements ont donné mandat, à une écrasante majorité, à leur président respectif pour avancer sur ce chemin de la fusion.

Après la fusion, le rapprochement avec d'autres établissements pourrait être étudié.

Shape-Med@Lyon, un projet présenté au PIA4

En attendant la fusion, les deux établissements portent ensemble un projet présenté au jury du PIA4 Excellences en février dernier. La réponse est attendue fin mai.

Baptisé Shape-Med@Lyon (pour Structuring one Health Approach for Personnalized Medicine in Lyon), ce dossier est en fait une nouvelle mouture du projet Lynx présenté en 2021 par 18 établissements lyonnais fédérés derrière Lyon 1 (Lyon 2, Lyon 3, CPE Lyon, VetAgro Sup, Insa Lyon, Centrale Lyon, Mines Saint-Etienne, l'ENTPE, les hospices civiles de Lyon, le centre Léon Bérard, le CH Le Vinatier, le CIRC, le CNRS, l'Inserm, l'INRAE, l'INRIA et l'IFPEN) et qui n'a finalement pas été retenu par le jury.

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Lynx visait un financement de 140 millions d'euros pour financer des travaux scientifiques autour de quatre thématiques : "de la santé personnalisée à la santé globale", "changements climatiques et environnementaux", "Matière, matériaux et industrie propre", et "Transformation des Sociétés". "On nous a fait comprendre que Lynx était surdimensionné par rapport à cet appel à projets. Les enveloppes demandées étaient trop importantes", rapporte Nathalie Dompnier.

Le couperet est tombé en novembre dernier. Immédiatement, le projet a été revu avec des ambitions à la baisse et une focalisation sur la santé.

Les autres domaines qui devaient être traités dans le cadre de Lynx faisant actuellement l'objet d'études pour structurer d'autres actions communes. Shape-Med@Lyon fédère donc Lyon1, Lyon 2, les HCL, le centre Léon Bérard, le Vinatier, VétAgro Sup, CPE Lyon, l'Inserm, CNRS, l'INRAé, l'Inria, ainsi que le centre international de recherche sur le cancer (OMS).

 Une enveloppe de "seulement" 35 millions d'euros sollicitée

"Nous nous inscrivons dans une approche globale, interdisciplinaire, permettant de comprendre comment l'environnement social et physique des individus interagit avec leur état de santé. Au-delà de l'approche soins et vaccins, le Covid, par exemple, a bien montré comment il était crucial de comprendre la diffusion, les facteurs sociaux aggravants, comment les messages de santé étaient perçus. Aujourd'hui, en santé, il est essentiel d'interroger les enjeux autrement", affirme Frédéric Fleury. "Il faut décloisonner".

Au programme de Shape-Med@Lyon : une enveloppe de "seulement" 35 millions d'euros sollicitée. "Nous avons retenu quatre thématiques : le cancer, santé et territoire, les neurosciences, les maladies infectieuses et émergentes", précise le président de l'Université Claude Bernard.

Le projet vise à développer une approche transdisciplinaire donc en santé avec comme objectif de favoriser la mobilité entre les entreprises et le monde académique, accélérer la mutation numérique de la recherche en santé et mettre en place des formations aux futurs métiers de la santé.

"Le projet a été conçu comme un démonstrateur d'approches renouvelées des grands enjeux de société".

Il s'inscrit dans un projet plus global, Lyon Health hub 2030 qui vise à conforter la place de Lyon comme centre majeur de recherche, formation et innovation santé. Pour faire émerger cette place forte, plusieurs initiatives sont au programme : création de la Fabrique de l'innovation en santé, création de la Maison de recherche en santé etc.

Ailleurs aussi, on se remet de l'IDEX

Lyon 1 et Lyon 2 ne sont pas les seules à plancher sur l'après-Idex.

En parallèle de Shape-Med@Lyon, un deuxième projet a été présenté au jury du PIA4. Projet baptisé Tools+ et coordonné par l'Ecole Normale Supérieure. Il rassemble Sciences Po Lyon, Lyon 3, Centrale Lyon, l'Ecole des Mines de Saint-Etienne, VetAgroSup, le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Lyon, le CNRS, lnria, Inrae, Inserm et IFPEN.

Il est donc plus large que le premier projet "Tools" présenté lors de la première vague de l'appel à projet Excellences du PIA4 et qui n'incluait pas l'Ecole des Mines de Saint-Etienne notamment. Tools+ sollicite un financement de 25 millions d'euros environ pour mener vers une plus grande "ouverture" : diversité des profils, multidisciplinarité et international.

Du côté de l'Université Jean Monnet, à Saint-Etienne, la nouvelle gouvernance emmenée par Florent Pigeon a présenté un nouveau plan de développement, estimé à 14,3 millions d'euros (et soutenu à hauteur de 2,1 millions d'euros par Saint-Etienne Métropole). Il vise une meilleure reconnaissance de l'Université au niveau national et international grâce à un renforcement en matière de recherche en santé/sciences humaines et sciences sociales/ingénierie. Il doit également "transformer l'université" en créant de nouvelles formations (comme l'école d'économie ou encore les écoles spécialisées en sport santé performance ou encore en photonique). Les collaborations internationales doivent également être développées.

D'ici trois ans, l'ensemble de l'écosystème lyonno-stéphanois de l'enseignement supérieur devrait donc prendre une toute autre physionomie.

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