Culture : Wauquiez éteint Lyon

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Le TNP, à Villeurbanne, dévoile ses coulisses pour les journées du patrimoine (illustration) © Alan Thurm

En un éclair, Laurent Wauquiez a éteint la lumière et tiré le rideau. Opéra, Villa Gillet, Biennales, festival Lumière, Quais du Polar, musée Garnier, TNP… Au total, quelque deux millions d’euros pourraient être retirés à plus d’une quinzaine d’institutions culturelles dès ce vendredi et sans autre forme de procès. Pour beaucoup, cette décision prise sans délai ni débat annonce des lendemains bien mornes.

Le président LR de la Région assure qu’il ne s’agit pas là d’un assaut doctrinaire contre Lyon et ses majorités de gauche, mais d’un rééquilibrage entre territoires… Trop lyonnais ces musées, ces festivals ? Dans un remake de la culture des villes contre celle des champs, par l’hypothèse assénée des métropoles hautaines qui dévorent tout de la France périphérique, Laurent Wauquiez applique ici comme en toute chose son logiciel. Imperator des terres éloignées dont il est proche, claironnant qu’impartial il agissait contre les fractures françaises, il avait déjà été accusé de bouder l’urbain pour le lointain, de consacrer plus d’argent au Puy qu’à Lyon, au passage de favoriser ses bastions.

Évidemment, aucun droit de rente n’est jamais acquis à personne, théâtre ou festival. Les coupes sont toutefois si massives et soudaines, décidées sans concertation et à ce point concentrées sur l’agglomération lyonnaise qu’il sera difficile de plaider un simple ajustement. Elles alimentent qui plus est l’air mauvais qui souffle contre des élites désignées et soi-disant déconnectées. Or les établissements lyonnais rayonnent au-delà de leur territoire et, en règle générale, plus loin que des cénacles confortables, vers des publics éloignés, pour les écoles et lycées. Ouvrir à tous la culture, mieux la répartir, requiert plus d’argent et surtout pas moins.

Derrière ces choix financiers pointe un enjeu plus saillant. Depuis que Laurent Wauquiez a lancé le projet d’un centre muséographique de la civilisation gauloise à Gergovie, d’aucuns lui reprochent de vouloir instrumentaliser la culture au service de son récit sur l’identité française. Pourtant les Gaulois aimaient les bardes.

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