Crowdfunding immobilier : le lyonnais Monego prêt à financer (aussi) des biens immobiliers à rénover

En Auvergne Rhône-Alpes, le lyonnais Monego se voit déjà comme le nouvel étalon du crowdfunding immobilier. Mais la chute du nombre de permis de construire délivrés depuis la crise sanitaire aurait pu le contraindre à revoir ses ambitions à la baisse : pour poursuivre la croissance engagée, il pivote et nourrit désormais des ambitions en dehors de l'échiquier régional, mais aussi sur de nouveaux biens immobiliers à rénover. Avec dans le viseur, le modèle de la colocation et du coliving.
Comme cette construction en Haute-Savoie avec Anahome et en cours de réalisation, Monego a financé 110 projets à travers du crowdfunding immobilier depuis 2017. Avec un   taux de rendement moyen de 9,09% proposé aux investisseurs l'an dernier par exemple.
Comme cette construction en Haute-Savoie avec Anahome et en cours de réalisation, Monego a financé 110 projets à travers du crowdfunding immobilier depuis 2017. Avec un taux de rendement moyen de 9,09% proposé aux investisseurs l'an dernier par exemple. (Crédits : DR)

Le secteur du crowdfunding immobilier est jeune, mais il accélère très fort. Très fort, même... Selon la plateforme d'agrégation du marché français Hellocrowdfunding, 958 millions d'euros auront ainsi été collectés sur ce marché en 2021. C'est 82% de plus qu'en 2020 et 156% de plus qu'en 2019.

En février 2022, par exemple, 108 projets ont été financés en France, grâce à la collecte de 93,5 millions d'euros. En février 2019, ce sont 12 millions d'euros qui avaient été réunis auprès d'investisseurs pour seulement 18 projets.

Ce marché en pleine expansion compte actuellement une quarantaine d'acteurs. Dont l'entreprise lyonnaise Monego, intervenant uniquement sur la région Auvergne Rhône-Alpes. Malgré son périmètre pour l'heure restreint, elle a réussi à se placer, en 2021, à la 7e place des plateformes françaises quant au nombre de projets remboursés. Elle est aussi 8e pour le nombre de projets financés et à la 11e pour les montants collectés.

Monego a ainsi collecté 17,5 millions d'euros l'année dernière, 44 millions depuis 2017 et a financé, depuis cette même date, 110 projets. La moitié de cette somme a d'ores et déjà été remboursée aux investisseurs, pour un taux de rendement moyen, en 2021, de 9,09%.

La plateforme annonce environ 1.000 investisseurs actifs (ticket moyen : 8.000 euros par projet mais certains ont investi au total plus d'un million d'euros). 80% de ces investisseurs sont implantés en Auvergne-Rhône-Alpes (30% sont des entreprises, patrimoniales généralement, 2% des fonds d'investissement et près de 70% des particuliers).

Sortir d'Auvergne Rhône-Alpes pour poursuivre la croissance

Créée en 2015 par Yann Balthazard, Monego s'appuie actuellement sur une équipe de 8 salariés (chiffre d'affaires non communiqué) et revendique environ 20% des parts du marché régional.

"Le crowdfunding immobilier s'est démocratisé. Les opérateurs, qui étaient encore méfiants pour beaucoup, s'ouvrent de plus en plus, même si la transparence nécessaire au système du crowdfunding peut parfois être un frein. Toutefois, nous sommes confrontés à une rareté des projets", note le dirigeant.

Car en raison de la crise sanitaire, le nombre de projets immobiliers a été fortement freiné. "De plus, nous avons certains programmes immobiliers dont les permis ont été retoqués à Lyon ou à Annecy par exemple, et qui ont pris du retard", confie-t-il. Car la naissance de nouvelles chartes urbaines et architecturales ainsi qu'à Lyon, des modifications en cours du PLU-H, ne sont pas sans conséquences sur le développement de nouveaux projets immobiliers. La hausse du prix des matériaux et la crise en Ukraine viennent rajouter une couche au ralentissement du marché avec des marges plus maigres pour les opérateurs et des montages de projets très ralentis, les investisseurs étant beaucoup plus frileux à tous les étages de la pyramide.

Yann Balthazard affirme que le nombre de projets pouvant être soumis à l'oeil des investisseurs à l'échelle régionale ne croit pas autant que l'on pourrait penser, "d'autant que nous sélectionnons très rigoureusement les dossiers soumis à nos investisseurs, et nous accompagnons beaucoup les opérateurs. Grâce à cette politique, nous pouvons afficher à ce jour zéro défaut et zéro retard. Mais cela limite le nombre de projets sur lequel nous choisissons de nous impliquer".

Pour poursuivre sa croissance, Monego se voit doit contraint d'élargir son terrain de jeu, et de lorgner désormais vers d'autres régions françaises : l'Occitanie qu'elle a lancé fin 2021 et, dans les prochaines semaines, l'Île-de-France, le Grand Ouest, le Grand Est puis, le Nord pour le deuxième semestre 2022.

Une dizaine de recrutements est au programme des deux prochaines années. Grâce à ce déploiement, elle vise pour 2023 le seuil des 50 millions d'euros collectés. Yann Balthazard, échaudé par les déboires de certains concurrents, prévient : " il ne s'agira pas de mener une plateforme nationale, mais bien de dupliquer notre modèle régional avec des experts locaux de chaque territoire implantés sur place".

Diversification

Autre piste de développement que la jeune pousse porte désormais à bras le corps : la diversification vers d'autres marchés. L'idée de Monego : une nouvelle offre à destination des investisseurs, toujours en crowdfunding, mais cette fois sur le marché des biens immobiliers à rénover, dédiés à la colocation.

"De nombreux acteurs de la colocation et du coliving émergent. Nous allons signer des partenariats et identifier des appartements à rénover, des grandes surfaces bien positionnées géographiquement".

Avec, toujours, l'objectif de devenir l'un des chefs de file de ce marché, en mettant notamment sur pied un écosystème "gagnant-gagnant" avec les acteurs de la colocation, les agences immobilières et les entreprises de rénovation. Car l'ambition de Monego est bien de revendre ensuite les biens financés dans les trois à cinq ans, afin d'assurer un rendement intéressant à ses investisseurs.

Pour Monego, c'est aussi une manière d'attirer de nouveaux profils d'investisseurs, intéressés par des projets à plus long terme que le crowdfunding sur l'immobilier neuf. Yann Balthazard dit fonder beaucoup d'espoirs sur cette diversification mais ne souhaite pas communiquer d'objectifs à ce stade. Réponse d'ici quelques mois.

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