Subventions. Pour Grégory Doucet, « attaquer la culture, c’est ce par quoi commencent tous les régimes fascistes »

doucet réaction presidentielle
Grégory Doucet écrit à Olivier Klein sur la situation des enfants sans toit © Susie Waroude

Ce mercredi 18 mai, le maire écologiste de Lyon et son adjointe à la culture Nathalie Perrin-Gilbert ont dénoncé des décisions « brutales et sans concertation » de la Région Auvergne-Rhône-Alpes à l’encontre du secteur culturel. Grégory Doucet a appelé Laurent Wauquiez à faire machine arrière.

Il y a dans l’air de la culture lyonnaise une sensation de jamais-vu. Depuis le 22 avril, le tableau répertoriant les établissements culturels concernés par une baisse de subventions sur le bureau de Pascale Bonniel-Chalier, conseillère régionale EELV et membre de la commission Culture, n’arrête pas d’enfler. « J’en découvre tous les jours et je passe mes journées à faire des soustractions. On ne comprend rien à ces baisses » confie-t-elle, soucieuse et en colère, pointant une « catastrophe régionale »

3,5 millions d’euros à l’échelle régionale

À Lyon, personne n’est épargné : ni les institutions qui viennent de présenter leurs nouvelles saisons (Opéra, Maison de la Danse, Orchestre National de Lyon…), ni le spectacle vivant (TNG, TNP, Théâtre du Point du Jour, Théâtre de la Croix-Rousse…), ni les festivals (Nuits Sonores, Woodstower, Sens Interdit, Lyon BD, Quais du Polar…) ni même les arts plastiques et visuels (MAPRAA, CinéFabrique…). À l’échelle régionale, Pascale Bonniel-Chalier avance le chiffre de 3,5 millions d’euros. Au total, plus de deux millions concerneraient uniquement les structures et événements lyonnais.

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La situation est telle que le maire de Lyon Grégory Doucet (EÉLV) et son adjointe à la Culture Nathalie Perrin-Gilbert (Lyon en commun) ont convoqué caméras et journalistes pour un point presse spécialement dédié au sujet ce mercredi 18 mai, 24 heures avant le traditionnel conseil municipal mensuel.

L’objectif ? Rappeler « toute la richesse de la programmation culturelle de Lyon » et évoquer Shirine à l’Opéra, le Kraken aux Subs, la visite de Franck Thilliez au Musée des Beaux-Arts ou le festival Littérature Live à la Villa Gillet. Pointer également le fonds d’urgence de quatre millions d’euros débloqué lors de la crise de la Covid-19, qui a permis de « sauver de nombreuses institutions ». Dérouler enfin l’engagement de la Ville pour la Culture avec l’espace donné à la création artistique, la programmation estivale, la coopération internationale – à travers leur dernier voyage à Turin – et l’accueil des artistes en exil.

Aucun signe avant-coureur

« La culture est un bien commun fondamental », a martelé Nathalie Perrin-Gilbert, rappelant au passage le spectacle en solidarité avec le peuple ukrainien, ce 18 mai au soir à la Maison de la Danse. Lorsqu’on questionne le tandem municipal sur les dernières nouvelles, le couperet tombe : pas moins de six nouvelles structures sont concernées, à commencer par les Subsistances avec une baisse significative de 150 000 euros. Le 13 mai dernier, le directeur du lieu Stéphane Malfettes nous assurait n’avoir reçu « aucun signe avant-coureur »

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À mesure qu’ils égrènent les chiffres, Grégory Doucet et Nathalie Perrin-Gilbert réaffirment leur indignation à l’encontre de la Région et de son président Laurent Wauquiez, attaqué de toutes parts et totalement silencieux sur le sujet.

« Rien n’a été présenté, débattu, voté. On parle de rééquilibrage, et on ne sait pas où va l’argent » fustige l’adjointe à la Culture. Sa prédécesseure, Pascale Bonniel-Chalier, ne tient pas d’autre discours : «  les budgets avaient beaucoup baissé dans les années 2010 du côté des départements car ce n’était pas leur compétence première, mais tout s’était fait de manière raisonnée, avec un alignement à –10% pour tout le monde. Là, ça n’a aucun sens », déplore-t-elle.

Revenir à la raison

Cinglant, le maire de Lyon dénonce une « attaque en règle, massive, de tout l’écosystème lyonnais sans signe précurseur. Faire de la politique sur les arts et la culture, c’est ce que font les régimes autoritaires. La gouvernance de la Région se comporte comme un exécutif d’extrême-droite  ».

Quelques heures plus tard, il publiera sur Twitter une vidéo dans laquelle il somme Laurent Wauquiez de revenir sur sa décision, qu’il juge « déraisonnable, absurde, et démagogique ». Et de conclure par un geste sans rancune, « la main est tendue à la Région pour mener une politique culturelle ambitieuse. Nous en avons besoin ! ».

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