Revenu solidarité jeune : quel bilan un an après sa mise en place ?

Voté en pleine crise sanitaire, où les jeunes ont été particulièrement exposés, le RSJ (revenu solidarité jeune) a un an. Cette aide de 300 ou 400 euros a été versée à un millier de jeunes grands lyonnais en situation de précarité. Une aide qui se veut en complément des autres dispositifs d’État, dans une Métropole ou 23% des moins de trente ans sont en situation de pauvreté.
(Crédits : ML)

"Je touche le RSJ (Revenu Solidarité Jeune) depuis six mois, grâce à ça j'ai pu m'inscrire au permis de conduire", décrit un des bénéficiaires de cette nouvelle aide mise en place il y a un an par la Métropole de Lyon. Une jeune femme en "rupture familiale" explique quant à elle que le RSJ lui a permis d'avoir un revenu en attendant le renouvellement de son titre de séjour.

En pleine crise sanitaire, quand la précarité des jeunes devenait de plus en plus dure, Bruno Bernard, président de la Métropole avait annoncé l'instauration de ce RSJ, qui était aussi une de ses promesses de campagne. Voté en mars 2021, cette aide a ainsi bénéficié à environ un millier de jeunes dans la métropole.

20% des bénéficiaires en grande précarité

Ce RSJ, de 300 ou 400 euros, est destiné aux jeunes métropolitains, entre 18 et 24 ans, en situation de précarité, sortis du système éducatif. "Le RSJ a été fait car nous avons constaté qu'il y a plus de pauvreté et de précarité chez les jeunes que le reste de la population", a commenté Bruno Bernard, en conférence de presse, ce jeudi.

En effet, selon l'Insee, dans un dossier publié en 2022, le taux de pauvreté (par tranche d'âge du référent fiscal en 2019) dans la métropole est le plus élevé chez les moins de trente ans, où il atteint 23%. Pour l'ensemble de la population, le taux de pauvreté est de 16%.

En mai 2022, 555 jeunes bénéficient de cette allocation. "On passe par cette allocation, on n'y reste pas", note le président de la Métropole. En tout, 54% des bénéficiaires ont eu moins de trois mois de versement, 25% ont eu le RSJ entre quatre et six mois, 17% entre sept et 10 mois seulement 4% l'ont eu plus de onze mois.

Sur le millier de bénéficiaires, 87% a un niveau bac ou infra-bac, 57% sont autonomes (détaché du foyer fiscal), 20% sont en grande précarité (SDF ou en foyer) et 67% sont hébergés.

Sur les 335 jeunes qui sont sortis du RSJ, "42% ont retrouvé le chemin de l'emploi ou de la formation, 17% ont accédé à d'autres aides, 13% ont changé de statut administratif, 24% n'ont pas renouvelé leur demande et 4% n'ont pas respecté leurs engagements."

4 millions d'euros de budget pour 2022

"C'est un coup de main, ça ne va pas révolutionner les choses, mais ça peut aider à lever des freins", poursuit Bruno Bernard. Il permet aussi de prendre le relais sur d'autres dispositifs arrivés à leurs fins ou en cours d'attribution comme contrat d'engagement jeune (ex garantie jeunes) mis en place par le gouvernement. Un quart des jeunes qui touchent le RSJ sortent en effet du contrat d'engagement jeune, ce qui leur a permis de poursuivre dans leurs voies.

"Le RSJ, raccroché à d'autres aides et services est un dispositif qui fait partie d'un maillage", affirme Sarah Klajnberg, directrice secteur habitat et inclusion chez Acolea, association d'aide à l'inclusion.

En 2021, le budget alloué au RSJ par la Métropole était de deux millions d'euros : 700.000 euros pour les allocations et 1,3 million d'euros pour l'accompagnement. En 2022, il est prévu que ce budget passe à quatre millions d'euros, avec une augmentation fléchée vers les allocations, l'accompagnement ayant été "dimensionné dès le début pour plus." Le budget maximum prévu par la Métropole étant de dix millions d'euros, tout en "ne connaissant pas le nombre de bénéficiaires total", admet Bruno Bernard.

Des évolutions grâce aux remontéss de terrain

Les associations, les MJC, les maison de la Métropole, ou d'autres travailleurs sociaux de terrains ont été mobilisés pour faire connaître ce dispositif et aider les jeunes à en bénéficier. "La mission locale a accompagné 80% de ces jeunes bénéficiaires", ajoute Séverine Hémain, vice-présidente de la Métropole de Lyon à la politique d'insertion. En plus de l'allocation, des volets d'accompagnement et de levée de frein (logement, santé, garde d'enfant) sont prévus dans le dispositif.

"Un appel à projet avait été fait pour travailler sur les levées de frein et nous allons en refaire un car il y a une problématique importante que nous n'avions pas repérée qui est la santé mentale", complète Séverine Hémain.

Les retours de terrain ont aussi permis de modifier quelques réglementations de ce RSJ, comme la possibilité de le recevoir sur un livret A, car certains jeunes n'ont pas de compte courant, la modification du coefficient familial pour qu'un jeune rattaché au foyer fiscal puisse en bénéficier ainsi que la possibilité de verser le RSJ à des jeunes étrangers entre deux renouvellements de papiers.

 Ce dispositif qui pourrait aussi essaimer en France, car la Girond, les Pays de la Loire ou la ville de Rennes s'y sont également intéressé, selon la Métropole.

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