Le saviez-vous ? Le plus grand music-hall d'Europe était à Villeurbanne, à côté de Lyon

Des bals dansants aux concerts des plus grandes stars du 20e siècle, retour sur l'histoire du mythique Palais d'hiver, à Villeurbanne.

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Le Palais d’hiver, à Villeurbanne, était un lieu central des nuits lyonnaises. (©Bibliothèque municipale de Lyon)
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L’aventure aura duré 65 ans. Six décennies de fêtes, de folies et de concerts qui se sont succédées au sein du mythique Palais d’hiver, à Villeurbanne. Mais aussi une multitude de rebondissements un peu moins réjouissants…

Retour sur l’histoire d’un lieu qui a marqué à tout jamais celles des nuits lyonnaises et du rock’n’roll. 

Les années folles à leur paroxysme 

Avant de se transformer en music-hall, l’établissement n’était à l’origine qu’une piscine, inaugurée en 1908. C’est douze ans plus tard que les frère Lamour, des restaurateurs lyonnais, rachètent les lieux pour créer une salle de bal. Le nom du « Palais d’hiver » est adopté et la première soirée rassemble pas moins de 3 000 personnes. Le début d’une grande histoire encore insoupçonnée… 

Le Palais d'hiver, ouvert en 1920, pouvait accueillir des milliers de personnes.
Le Palais d’hiver, ouvert en 1920, pouvait accueillir des milliers de personnes. (©Bibliothèque municipale de Lyon)

En plein cœur des années folles, les soirées s’enchaînent à un rythme effréné : bals, banquets, galas, concerts… Les lyonnais s’y retrouvent surtout pour taper du pied. Sur les pistes de danse, les corps se déchaînent et s’adonnent au fox-trot, au charleston, ou encore au tango. 

Les gens de la vie mondaine se retrouvent lors de soirées chics, « tenues correctes exigées ». L’engouement est tel que les événements sont régulièrement annoncés des semaines à l’avance par voie de presse. 

Des animations divertissaient les invités entre chaque moment de danse.
Des animations divertissaient les invités entre chaque moment de danse. (©Bibliothèque municipale de Lyon)

Le Palais d’hiver, c’est aussi des animations en tout genre, programmées entre chaque moments de danse. Un véritable concept de music-hall avec des chanteurs, des danseurs, des acrobates et des magiciens qui enchaînent les numéros sur scène pour divertir le public.

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Les Nazis s’emparent du Palais pendant la Seconde Guerre mondiale

Alors que l’établissement est à son apogée, le début de la Seconde Guerre mondiale marque un tournant important dans son histoire lorsque le gouvernement français interdit la tenue des bals. Tant pis, il en faudra plus pour décontenancer les frères Lamour, qui continuent de faire vivre la salle en accueillant encore quelques événements sportifs. 

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Mais le Palais d’hiver finit par tomber entre les mains des Nazis en 1942. L’endroit est réquisitionné par l’armée allemande, qui l’utilise comme lieu de festivités pour ses soldats. Des assemblées de la Milice française du Rhône y seront même organisées. 

Réduit en cendres dans un tragique incendie

L’établissement rouvre finalement aux soirées à la fin de la guerre avec une nouvelle dynamique, impulsée dès les années 50 par Roger Lamour, fils d’un des deux frères et nouveau patron du Palais.

Jusqu’ici centrée sur les animations de music-hall, la communication de l’établissement met désormais l’accent sur la venue de grandes stars de la musique, françaises ou internationales. En 1955, on voit ainsi défiler sur scène Tino Rossi, Charles Trenet, Gilbert Bécaud ou encore Jacques Brel. 

Le début d’une nouvelle ère, tragiquement stoppée dans son élan en l’espace d’une seule nuit. Le 8 octobre 1962, l’heure n’est plus à la fête : le Palais d’hiver est réduit en cendres dans un incendie. Malgré les rumeurs farfelues sur l’origine des flammes, la thèse accidentelle est finalement retenue. 

Johnny Hallyday, les Stones, les Beatles…

Mais Roger Lamour ne se laisse pas abattre. Hors de question pour lui de laisser partir en fumée l’héritage familial. Des travaux de reconstruction sont entrepris et, un an plus tard, le Palais d’hiver rouvre ses portes. Plus grande, plus belle et plus accueillante, la salle de 3 200 m2 peut désormais rassembler 4 000 personnes. L’objectif est clair : que le Palais devienne le plus grand music-hall d’Europe. 

Johnny Hallyday au Palais d'hiver en 1968.
Johnny Hallyday au Palais d’hiver en 1968. (©Bibliothèque municipale de Lyon)

Les plus grandes stars de l’époque s’y produisent tour à tour : Johnny Halliday, Charles Aznavour, Dalida, Claude François, Chuck Berry, les Rolling Stones, les Beatles… Les foules se déchainent. La salle, toujours pleine à craquer, subit de plein fouet la passion des fans en trans venus voir leurs idoles. Le Palais est retourné, les sièges cassés… Il faut parfois plusieurs jours pour remettre les lieux en état. 

Les CRS devaient régulièrement calmer les foules qui assistaient aux concerts.
Les CRS devaient régulièrement calmer les foules qui assistaient aux concerts. (©Bibliothèque municipale de Lyon)
Les Stones lors d'un concert au Palais d'hiver, en 1966.
Les Stones lors d’un concert au Palais d’hiver, en 1966. (©Bibliothèque municipale de Lyon)

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Détruit par les bulldozers en 1988 

Dans les années 70, malgré une popularité toujours importante et la programmation de musiciens plébiscités, le Palais connaît des difficultés financières. Une période assombrie par le suicide de Roger Lamour en 1974. Son fils, Pierre-Yves, reprend la main mais décède lui aussi tragiquement en 1981 lors d’un accident de voiture. 

La fête continue malgré tout jusqu’en 1985, année durant laquelle le Palais d’hiver, englouti par les dettes, ferme définitivement ses portes. Malgré les tentatives de sauver l’établissement de la démolition en le faisant classer au rang des monuments historiques, les bulldozers viendront, trois ans plus tard, enterrer ces espoirs. 

L'établissement a fermé en 1985 avant d'être totalement détruit en 1988.
L’établissement a fermé en 1985 avant d’être totalement détruit en 1988.

Le Palais d’hiver n’est plus. A sa place, des bureaux seront construits. Seule une plaque, à l’endroit même, fait aujourd’hui écho des 65 années de souvenirs qui y subsistent. 

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