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De combien seront augmentés les enseignants en 2023?

Une enseignante fait cours à Lyon le 15 octobre 2021

Une enseignante fait cours à Lyon le 15 octobre 2021 - PHILIPPE DESMAZES © 2019 AFP

Avec 935 millions d'euros consacrés aux hausses de salaires des enseignants à la rentrée 2023, la hausse moyenne devrait s'établir à 268 euros par mois. Mais tous ne toucheront pas cette somme. Explications.

L'enseignement scolaire fera l'objet d'un effort financier supplémentaire. Alors que le ministre des Comptes publics Gabriel Attal envisageait dans le coeur de l'été une hausse de 3,6 milliards d'euros du Budget de l'Education nationale, l'enveloppe sera finalement augmenté de 3,7 milliards d'euros. Le Budget total du ministère sera donc de 60,2 milliards d'euros en 2023, en hausse de 6,5%.

Une bonne partie de cette hausse sera dédiée aux hausses de rémunération des enseignants.

"En poursuivant les mesures salariales déployées à partir de 2020, dont le Grenelle de l'Education, une enveloppe de 935 millions d'euros est prévue en 2023 pour augmenter les salaires des enseignants de 10% en moyenne à la rentrée scolaire 2023 et financer une augmentation supplémentaire pour ceux qui s'engageront dans les nouvelles missions du pacte qui seront définies en concertation", précise le document préparatoir au Projet de Loi de Finance 2023.

139 euros de plus par mois

Que représente cette somme globale pour chaque enseignant? Le pays compte en cette rentrée environ 870.000 personnes chargées de l'enseignement (730.000 dans le public, 140.000 dans le privé sous contrat). Si leur nombre reste le même pour la rentrée 2023, l'augmentation sera donc de 1075 euros en moyenne par enseignant pour les quatre derniers mois de l'année, soit 268 euros de plus par mois.

Tous ne toucheront pas cette rémunération supplémentaire. Une partie des 935 millions d'euros de hausse sera en effet consacrée aux nouvelles missions du pacte dont le contenu donnera lieu à une concertation avec les partenaires sociaux. En campagne pour sa réélection, le chef de l'Etat avait évoqué des pistes pour ces nouvelles missions comme le remplacement de collègues absents, le suivi individualisé des élèves ou encore une aide aux devoirs et un accompagnement personnalisé.

Des enseignants qui ont déjà bénéficié en juillet comme l'ensemble des fonctionnaires de la hausse de 3,5% du point d'indice dans le contexte inflationniste.

"Une enveloppe de 1,7 milliard d'euros finance en outre la hausse du point d'indice de 3,5% au 1er juillet 2022 pour l'ensemble des personnels du ministère, précise le document budgétaire. Les autres personnels bénéficieront également de revalorisations."

Au total, selon Bercy, le coût total de ces revalorisations s'établit à 2 milliards d'euros en année pleine. Le nombre de fonctionnaires concernés s'élève à 1,2 million de personnes (870.000 enseignants, 330.000 encadrants), soit 1666 euros en moyenne par an et par personne employée de l'Education nationale, soit 139 euros de plus par mois.

Des concertations autour des rémunérations doivent s'engager à partir du 3 octobre avec les syndicats. Dans un courrier aux enseignants, le chef de l'État avait ouvert la porte à une revalorisation totale tutoyant les "20%" pour les enseignants désireux d'accomplir ces autres tâches.

Un flou persiste

Mais le président n'avait pas précisé si les augmentations du précédent quinquennat - issues du Grenelle de l'éducation, qui avait débouché en 2021 sur une nouvelle enveloppe de 700 millions d'euros - seraient ou non comprises dans cette hausse.

Un flou persiste en outre sur le périmètre des personnels concernés par la revalorisation. Si les débuts et les milieux de carrière sont concernés, quid des fins de carrières ?Ces zones d'ombre ont fait tiquer les syndicats enseignants.

"Ce projet de loi n'est pas du tout rassurant, car on voit bien que cette hausse de 10% ne va pas être pour l'ensemble des enseignants", s'alarme Guislaine David, secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, à l'AFP.
"Nous sommes dans un reniement des engagements présidentiels de campagne d'Emmanuel Macron : il avait promis une hausse de 10% pour tous les enseignants en janvier 2023 et là, on constate que cela devient une augmentation avec un socle de 10% en moyenne... Il y a donc tromperie", renchérit Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat du secondaire.

Plus de marges de manoeuvre

Pour Stéphane Crochet du SE Unsa, "il est nécessaire de rentrer rapidement dans le vif du sujet, pour évoquer plus précisément cette enveloppe".

"Il ne faut pas que le gouvernement ferme la porte à une augmentation qui soit pluriannuelle", estime-t-il. "Malgré cette enveloppe, on ne va pas résoudre le problème de l'attractivité du métier d'enseignant. Il faut donc s'inscrire dans une trajectoire plus longue".

Rendre le métier "plus attractif (...) passe par une revalorisation", a relevé la Première ministre Élisabeth Borne sur BFMTV ce lundi. Mais la cheffe du gouvernement a également lié les questions d'attractivité aux "marges de manoeuvre (données) aux équipes pédagogiques" sur le terrain, une problématique au coeur du délicat chantier "École" voulu par Emmanuel Macron.

Sur cet épineux dossier, "le ministre (Pap Ndiaye) lancera la semaine prochaine les concertations", a annoncé Elisabeth Borne.

Enfin, le gouvernement a dévoilé le Budget qui serait consacré à une des promesses d'Emmanuel Macron de créer un fonds d'innovation pédagogique (le FIP) permettra de financer les projets portés localement par les équipes pédagogiques afin d'adapter leurs méthodes d'enseignement au plus près des besoins des élèves. Ce fonds qui est présenté comme une "extension du plan Marseille en grand" sera doté d'une enveloppe qui atteindra 300 millions d'euros en 2025 et 500 millions à la fin du quinquennat.

"Le FIP permettra de financer les projets portés localement par les équipes pédagogiques afin d'adapter leurs méthodes d'enseignement au plus près des besoins des élèves", assure le gouvernement dans le document budgétaire.
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco