Rhône Un Lyonnais jugé pour harcèlement contre le chanteur Eddy de Pretto
En juin 2021, invité dans le cadre du festival « Qui va piano va sano » à se produire au sein de l‘église Saint-Eustache de Paris, le chanteur ouvertement gay Eddy de Pretto avait interprété son morceau « À quoi bon », qui évoque les difficultés à concilier son homosexualité et la religion.
Et quelle meilleure démonstration de ses propos que les presque 3 000 messages d’insultes et de menaces de mort que le chanteur avait reçu sur les réseaux sociaux sur les réseaux sociaux, à la suite de cette performance.
« Tu veux chanter sodomite dans une église ? Pas de soucis, porte tes couilles et fait pareille (sic) dans une mosquée », « Nique ta mère », avaient notamment écrit des internautes, selon des captures d‘écran postées sur le compte Instagram du chanteur.
Eddy de Pretto s’était dit particulièrement affecté par cette vague de haine : « J’ai eu très peur de sortir de chez moi », indiquant qu’il souffrait de troubles du sommeil, et de troubles dépressifs.
Ce lundi s’est ouvert Le procès de dix-sept personnes, jugées pour un harcèlement aggravé en ligne visant le chanteur Eddy de Pretto. Âgés de 20 à 26 ans, les jeunes prévenus interpellés un peu partout en France et parmi eux, un Lyonnais.
Œil pour œil, blasphème pour blasphème
Kevin, visage poupin et nuque rasée, relate l’hebdomadaire Marianne , a tenté de se justifier lors de son audition par le tribunal. Selon le prévenu, appelé à la barre le message d’Eddy de Pretto était « une humiliation », « un crachat au visage » de la communauté catholique. « J’ai répondu directement après avoir vu la provocation », appliquant ainsi la loi du Talion évoquée dans l’Ancien Testament.
Quant à l’appel à flageller le chanteur sur la place publique, une fois encore, la parade est religieuse : « Le Christ flagellait, d’une manière figurée, les marchands du temple. J’ai pris cette analogie pour que ce soit fort », indique-t-il avant de compléter : « Flageller, il y a un sens figuré et un sens formel. Sur le moment, ce n’était pas destiné à être accompli ».
Reste l’insulte fiotte qui, selon le jeune homme, ne constituerait pas une insulte homophobe. « J’aime bien m’accrocher à l’étymologie des mots. Fiotte c’est un terme qu’on emploie souvent entre hommes. Cela caractérise l’homme lâche », réplique celui qui, selon Marianne, travaillait dans l’immobilier et envisage une reconversion dans « l’artisanat ».
La procureure brandit le Petit Robert, qui définit le terme comme une insulte censée faire référence à un « homosexuel efféminé ». Kévin n’en démord pas : « fiotte en Franc-Comtois, cela veut dire fillette ».
Le garçon regrette-t-il ses propos aujourd’hui ? Selon la journaliste Charlotte Piret, Kévin « réfléchit là-dessus actuellement ». Il a encore un peu de temps pour méditer, le procès aura lieu jusqu‘à vendredi.