Une infirmière prépare une dose du vaccin Pfizer/BioNTech dans un centre de vaccination à Nantes, le 9 avril 2021

Des nombreuses données suggèrent une baisse de l'efficacité du vaccin contre le Covid-19 au fil du temps.

afp.com/LOIC VENANCE

"Un sursaut de vaccination pour protéger" contre le Covid-19. C'est l'appel lancé ce vendredi 9 décembre par le ministre de la Santé François Braun, qui a tenu une conférence de presse sur la "triple épidémie" (Covid-19, grippe, bronchiolite) qui touche actuellement la France. "Trop peu de personnes sont vaccinées même si je constate des chiffres meilleurs ces derniers jours", a regretté le ministre. Selon lui, seulement 2,8 millions de rappels ont été réalisés depuis début octobre.

Publicité

"Tout le monde peut se faire vacciner" avec une dose de rappel anti-Covid, avait rappelé François Braun un peu plus tôt dans la journée, sur BFMTV et RMC. Alors que la communication sur la vaccination de rappel de cet automne a été critiquée pour sa confusion, François Braun a martelé que "la vaccination n'est pas réservée aux personnes à risque, aux plus de 60 ans (...) Mais la cible, même si le terme n'est pas très bon, ce sont les plus fragiles".

La neuvième vague de l'épidémie de Covid-19 est "toujours en progression" en France, associée à une hausse des hospitalisations et des décès, a observé jeudi Santé publique France.

LIRE AUSSI : Covid-19 : BQ1.1, le sous-variant qui menace les immunodéprimés

Les taux d'incidence ont continué à augmenter dans toutes les régions de métropole, sous l'effet d'une vague toujours portée par le variant Omicron, particulièrement le sous-lignage BQ.1.1. Selon le dernier comptage de Santé publique France, il serait devenu majoritaire dans les nouvelles contaminations avec 58% des cas.

Une baisse notable de la protection quatre à six mois après l'injection

L'une des raisons de cette hausse du nombre de cas est l'érosion dans le temps de la protection vaccinale contre l'infection. "De nombreuses données suggèrent une baisse de l'efficacité du vaccin au fil du temps. On considère que cette baisse est probablement plus marquée autour de quatre mois", détaille auprès de L'Express le virologiste Yannick Simonin. Cette baisse est "progressive" et commence environ "dix à douze semaines" après l'injection, poursuit l'enseignant chercheur à l'université de Montpellier.

La diminution de l'efficacité dépend néanmoins de plusieurs paramètres comme l'âge, le statut immunitaire ou encore le nombre de doses déjà reçues. "La corrélation est directe entre la chute des anticorps protecteurs et l'âge : plus on est âgé et plus cette baisse est rapide, autrement dit, le risque d'infection est plus rapide que pour les plus jeunes, explique à L'Express Bruno Lina, professeur de virologie au CHU de Lyon et membre du Covars, le successeur du Conseil scientifique. Ce gradient apparaît à partir de 60 ans et il est très marqué au-delà de 80 ans."

LIRE AUSSI : Covid-19 : les Français sont-ils prêts à remettre le masque ?

Selon Bruno Lina, la baisse progressive de l'immunité intervient "entre trois et six mois" après l'injection en fonction de ces différents paramètres. "Chez un adulte de moins de 60 ans, on peut considérer que la protection est encore significative six mois après la vaccination mais elle baisse ensuite assez rapidement", note-t-il, avant d'évoquer d'autres paramètres à prendre en compte. "Nous savons que les personnes vaccinées et infectées par le virus sont mieux protégées que celles qui ont uniquement été vaccinées."

Comme le relate franceinfo, selon Elisabeth Bouvet, la présidente de la commission technique vaccination à la Haute autorité de santé (HAS), l'efficacité des vaccins contre la transmission du virus se situe entre 50 et 60% juste après l'injection. Elle descend à environ 30% trois à six mois après. Dans tous les cas, les personnes vaccinées n'ont "quasiment plus de protection entre six mois et un an" après avoir reçu une dose, souligne Yannick Simonin, ce qui augmente donc de façon conséquente le risque d'infection, ou de réinfection.

Une dose de rappel pour "passer les fêtes le plus sereinement possible"

Parmi les plus de 80 ans, environ 20% ont reçu une quatrième dose, 35-40% pour les 60-80 ans, "c'est largement insuffisant", a regretté le ministre de la Santé François Braun.

LIRE AUSSI : Mircea Sofonea : "La France manque de moyens pour assurer le suivi des épidémies virales"

Chez les personnes les plus âgées, notamment les plus de 80 ans, "le système immunitaire réagit moins bien aux infections et à la vaccination", rappelle Yannick Simonin. Ce début de l'hiver est donc "la bonne période pour se faire vacciner", avance le virologiste. Il ajoute : "Cela vaut vraiment le coup de recevoir une piqûre afin d'essayer de passer les fêtes de fin d'année le plus sereinement possible." La dose de rappel est également recommandée pour des personnes en bonne santé si elles fréquentent des personnes à risque, âgées ou fragilisées, rappelle-t-il.

"Le rappel vaccinal nous permet de nous replacer pendant trois mois à des niveaux de protection extrêmement élevés, il est donc intéressant dans un contexte de circulation du virus", abonde Bruno Lina. Et ce d'autant plus que, comme le rappellent les deux virologistes, le bénéfice de la dose de rappel est quasiment immédiat : le système immunitaire est en moyenne rebooster une semaine après la vaccination, au plus tôt cinq jours après, au plus tard dix jours après.

La risque de faire des formes sévères réduit

Si le vaccin n'empêche pas l'infection ou la réinfection, y compris quelques semaines ou quelques mois après avoir reçu une dose, il permet cependant "de réduire les formes les plus sévères", autrement dit, il entraîne une "réduction de l'intensité et de la durée des symptômes", observe Yannick Simonin. Chez les personnes plus jeunes et en bonne santé, l'immunité cellulaire acquise grâce à une vaccination préalable permet toutefois une protection durable contre les formes sévères, au minimum pendant six mois, rappelle-t-il.

LIRE AUSSI : "Triple épidémie" : pourquoi la co-circulation de la grippe, du VRS et du Covid est inédite

"La vaccination et l'immunité qui se sont développées depuis deux ans et demi conduisent à une réduction extrêmement importante des formes graves de la maladie. Elles arrivent chez des personnes qui ont décompensé leur pathologie chronique", constate Bruno Lina.

Pour Yannick Simonin, si les autorités sanitaires préconisent actuellement aux personnes âgées de 60 à 79 ans de recevoir leur deuxième dose de rappel dès six mois après l'injection du premier rappel, les préconisations pourraient évoluer : "Il ne sera probablement pas inutile de faire un rappel tous les trois mois pour cette catégorie de personnes". Un délai de trois mois déjà préconisé pour les plus de 80 ans, les personnes résidant en Ehpad et les personnes immunodéprimées.

Publicité