La Région ouvre un fonds d'urgence de 6 millions pour les boulangers... sous conditions

La Région Auvergne Rhône-Alpes a acté ce lundi l'attribution d'un fonds d'aide exceptionnel de six millions d'euros pour venir aux artisans boulangers qui font face à la crise énergétique et la hausse de leurs charges et matières premières. En revanche, cette enveloppe bénéficiera uniquement aux boulangers qui ne sont pas basés au coeur des métropoles de la région. Une décision que fustige l'opposition.
(Crédits : Maxime Giol)

Le 3 janvier dernier, la Région Auvergne Rhône-Alpes avait décidé de créer un fonds d'urgence de six millions d'euros, dédié aux boulangeries de moins de quinze salariés, afin de les aider à affronter la crise énergétique et la hausse de leurs matières premières. Ce lundi 16 janvier, la mesure a été votée en commission permanente et le fonctionnement de ces aides a désormais été précisé.

Lire aussiQui paiera la facture d'électricité des TPE ? Dans les coulisses du bras de fer entre l'Etat et les fournisseurs

Un sujet d'actualité car plusieurs représentants de la profession ont alerté sur les difficultés qu'ils traversaient, tout en étant dans l'impossibilité d'augmenter le prix de leurs produits en conséquence. Selon la collectivité, il existerait ainsi 4.600 boulangeries employant 17.000 salariés en Auvergne Rhône-Alpes, mais ce fonds d'urgence ne bénéficiera pas à tous.

« On s'attendait à une mesure ample et efficace »

En effet, cette enveloppe, « qui s'inscrit techniquement dans le cadre budgétaire des aides économiques aux entreprises », se décompose en deux parties : une aide au fonctionnement, soit une « subvention correspondant à 50% de l'augmentation de la facture énergétique de fin 2022 à début 2023, plafonnée à 3.000 euros », et une aide à l'investissement « pour des travaux d'optimisation de la consommation énergétique, plafonnée à 10.000 euros ».

Mais les boulangeries situées dans les territoires des métropoles de la région (Grenoble, Lyon, Saint-Étienne, Clermont-Ferrand) ne pourront pas prétendre à l'aide au fonctionnement, sauf si leur métropole a choisi d'y participer.

L'aide à l'investissement est quant à elle « prioritairement éligible » aux boulangeries situées hors-métropoles ou alors uniquement si elles se trouvent au sein d'une commune de moins de 2.000 habitants ou en quartier prioritaire de la ville.

Une disparité que l'opposition dénonce. « On s'attendait à une mesure ample et efficace, or il s'avère que les boulangeries situées dans les métropoles ne pourront pas bénéficier de cette aide. La Région est pourtant cheffe de file du développement économique. Dans les Métropoles, il y a aussi des petites communes. On peut aider des grandes villes comme Roanne, mais pas ces petites villes. Les boulangers sont les victimes collatérales de la détestation qu'a Laurent Wauquiez pour les Métropoles », affirme Johann Cesa, vice-président du groupe socialiste, écologiste et démocrate à la Région.

La décision de corréler l'aide à la situation géographique agace d'autant plus que la Région sait faire autrement. En novembre dernier, l'exécutif régional avait débloqué entre cinq et dix millions d'euros afin d'aider le secteur de l'hôtellerie restauration à faire face à la crise énergétique. Ces aides-là n'étaient pas conditionnées au fait d'être dans une métropole, ou non. « Il s'agit d'un vrai choix politique », selon Johann Cesa.

« Les métropoles ont le budget »

De son côté, la Région légitime ce choix en appuyant que les métropoles ont aussi la compétences économique sur leurs territoires.

« Nous avons demandé aux métropoles - qui ont la compétence économique -  de participer à cet effort avec nous et nous n'avons pas eu de réponse », déclare à La Tribune Stéphanie Pernod-Beaudon, première vice-présidente de la Région, déléguée à l'économie.

Selon la vice-présidente, « les métropoles ont le budget » et le conditionnement de l'aide garantirait une certaine « égalité du territoire ». Elle pointe par ailleurs le fait que l'opposition (socialiste et écologiste) est à la tête de certaines de ces métropoles : « qu'elles votent un dispositif et qu'elles arrêtent d'ergoter. »

Une déclaration vraie pour Grenoble, Lyon et Clermont-Ferrand, mais pas pour Saint-Étienne, tenue par les Républicains. Sollicitée, la Métropole de Lyon n'a pas souhaité commenter cette décision.

« C'est dommage qu'il n'y ait pas eu de concertation entre les métropoles et la Région, mais c'est une opportunité pour les boulangers. [...] Nous allons reprendre contact avec chaque métropole et pour voir si nous pouvons trouver un terrain d'entente », affirme Xavier Bordet, président de la Fédération régionale de la boulangerie-pâtisserie.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.