Finance : « Avec une capacité d’investissement de 1,2 milliard d’euros, Siparex ne compte pas ralentir »

ENTRETIEN. Le groupe de capital investissement lyonnais Siparex aura réalisé une excellente année 2022, comme en témoignent ses trois principaux chiffres : 700 millions d’euros levés, 440 millions d’euros investis et 400 millions de cessions. Le fonds, qui gère actuellement 3,2 milliards d’actifs, vise encore les 5 milliards d’euros sous cinq ans, en s’appuyant sur ses nouvelles activités. Et malgré un contexte jugé très incertain, Bertrand Rambaud, son emblématique président, promet qu’il ne ralentira pas sa feuille de route en 2023.
« L'année risque d'être difficile, nous ne pouvons pas le nier. Ceci étant dit, nous ne nous inscrivons pas dans un scénario de récession. Siparex ne compte pas ralentir, nous ne mettons pas nos stratégies d'investissement et de cessions en sommeil », affirme Bertrand Rambaud, président du fonds lyonnais Siparex, spécialisé dans le développement et de la transformation des entreprises, de la startup à l'ETI.
« L'année risque d'être difficile, nous ne pouvons pas le nier. Ceci étant dit, nous ne nous inscrivons pas dans un scénario de récession. Siparex ne compte pas ralentir, nous ne mettons pas nos stratégies d'investissement et de cessions en sommeil », affirme Bertrand Rambaud, président du fonds lyonnais Siparex, spécialisé dans le développement et de la transformation des entreprises, de la startup à l'ETI. (Crédits : DR)

LA TRIBUNE - Après deux années de crise sanitaire, comment peut-on résumer l'exercice qui vient de s'écouler sur la scène du capital-investissement français en 2022 ?

BERTRAND RIMBAUD. L'activité avait été particulièrement dynamique en 2021, et elle a été un peu moins en 2022, mais le monde du capital-investissement ne s'est pas arrêté de tourner, avec les difficultés économiques provoquées par la guerre en Ukraine et l'inflation. L'activité est demeurée soutenue, animée par des liquidités importantes.

Pourtant, de nombreuses entreprises, notamment les jeunes pousses industrielles, signalent qu'elles ont désormais du mal à obtenir les financements nécessaires à leur développement...

Effectivement, nous sommes entrés dans un monde qui se polarise de plus en plus entre les différentes natures d'actifs. Certaines entreprises attirent les investisseurs sans trop de difficultés, en fonction de la nature de leur activité, de leur positionnement à l'international, tandis que d'autres peinent à trouver des fonds.

Et en particulier si les investisseurs les jugent trop dépendantes d'un environnement conjoncturel fragile, du coût de l'énergie, ou encore si elles ne sont pas ouvertes à des croissances à l'international...

Dans ce contexte, quel est le bilan 2022 de Siparex ?

Malgré tous les aléas 2022, nous avons poursuivi notre chemin et renforcé notre position d'acteur important sur la scène du capital-investissement français. Concernant nos prises de participation, nous avons investi 440 millions d'euros en 2022. C'est beaucoup plus qu'en 2021 (où Siparex avait investi 300 millions d'euros, ndlr).

Cela s'explique, en grande partie, par les nouvelles activités lancées l'année dernière : à savoir la gestion d'un nouveau fonds d'obligations relance, le fonds France nucléaire, ainsi qu'un nouveau véhicule d'investissement dans la transition énergétique (Tilt). Les deux tiers de la progression 2021/2022 proviennent de ces nouvelles offres et pour un tiers de l'augmentation des véhicules existants.

Parmi les opérations réalisées, je peux citer les prises de participations dans Aldes, Bassetti ou encore Dualsun. Pour mémoire en 2018, notre tendance d'investissement annuelle était de 230 millions, nous nous sommes beaucoup développés depuis !

Nous comptons actuellement 3,2 milliards d'euros d'actifs sous gestion, soit 60% de plus qu'il y a quatre ans, et nous visons les 5 milliards sous cinq ans. Notre capacité d'investissement s'élève désormais à 1,2 milliard d'euros, ce qui est considérable.

Et côté cessions ?

Nous avons vendu pour 400 millions d'euros. C'est moins qu'en 2021, où nous avions cédé pour 522 millions d'euros, mais nous avions été portés par des volumes de d'investissements très importants, notamment dans le secteur de l'innovation. L'année 2022 a également été une excellente année pour nos activités Equity/LBO, avec les cessions par exemple Temps des cerises, Energygo et Clayens.

Est-ce que vos clients investisseurs vous ont suivi, dans ce contexte économique perturbé ?

Nous avons réussi à lever plus de 700 millions d'euros (contre 800 millions en 2021), et nous sommes fiers de cette confiance. Au-delà du montant, je note aussi la réussite de notre stratégie de diversification de nos investisseurs, annoncée en 2021.

En 2018, les investisseurs privés (family offices, etc ) pesaient pour 19% du montant de nos levées de fonds. Désormais, ils sont à 23% (un cinquième de cette catégorie provenant d'ailleurs d'investisseurs issus de la région Auvergne Rhône-Alpes).

Les investisseurs qui ont renforcé leur engagement, l'an dernier, dans notre holding sponsor Siparex Associés (grands acteurs financiers et industriels tels que Michelin, Seb) contribuent ainsi à hauteur de 15% du total. Globalement, cela signifie que nous sécurisons nos sources de financement, ce qui est une très bonne nouvelle.

Comment se portent les entreprises de vos différents portefeuilles ?

La résilience est notable. Il existe une vraie réactivité des entrepreneurs dans ce contexte très chamboulé. Je suis heureux de constater que nos PME/ETI (environ 100 entreprises dans cette catégorie) ont mené en 2022 une cinquantaine d'opérations de croissance externe. Elles ont également avancé considérablement sur les sujets ESG.

C'est d'ailleurs l'un de nos sujets prioritaires, nous considérons que nous devons prendre notre part en aidant nos entrepreneurs à faire bouger les lignes, à transformer leur business model, à participer à la décarbonation, notamment de l'industrie. Nous avons un devoir d'impact à travers nos participations.

Quelles perspectives entrevoyez-vous sur 2023 à l'échelle du tissu régional comme national ?

De nombreuses incertitudes nous attendent encore avec non seulement le ralentissement de l'économie européenne, mais aussi le resserrement des liquidités, la hausse des taux d'intérêt, le sujet de la compétitivité industrielle Europe/USA en lien avec l'énergie, etc...

L'année risque d'être difficile, nous ne pouvons pas le nier. Ceci étant dit, nous ne nous inscrivons pas dans un scénario de récession. En tout cas, Siparex ne compte pas ralentir, nous ne mettons pas nos stratégies d'investissement et de cessions en sommeil. Nous restons actifs et offensifs.

Trois entreprises de vos portefeuilles dont vous êtes particulièrement fier personnellement ?

Clayens, car son dirigeant a mené une stratégie ambitieuse post-covid de croissance externe, Rondot (industrie du verre) pour sa belle dynamique à l'international, et le transporteur Jacky Perrenot, qui est en train de verdir sa flotte pour répondre aux enjeux environnementaux.

Vous venez de citer trois entreprises de la région Auvergne Rhône-Alpes. L'histoire de Siparex est née à Lyon, mais avec le développement important de ces dernières années, que pèse aujourd'hui la région dans vos positions ?

Nous avons investi 72 millions en 2022 dans des entreprises rhônalpines. Celles-ci représentent aujourd'hui environ 25% de nos actifs, elles génèrent un chiffre d'affaires cumulé de 6 milliards d'euros avec 15.000 salariés.

Je peux citer Maped, Bassetti, Mathevon, Valentin Traiteur, Demeures Caladoises, Auxilium, Carso par exemple. Nous y tenons, nous voulons maintenir ce ratio car je suis persuadé qu'il est indispensable d'être fidèle à ses racines.

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