E-kerosène : avec BioTJet, Elyse Energy se voit déjà comme l'un des futurs leaders des biocarburants

Après une première jambe réservée au e-méthanol, avec son projet d'unité de production à Lacq (Pyrénées-Atlantiques) à partir de CO2 capté, place également à une seconde activité dédiée aux carburants durables (SAF), et notamment au e-kérosène. Cette fois, le lyonnais Elyse Energy (fruit d'une joint-venture entre Vol-V et le fonds Falkor) veut aussi produire du carburant "vert" pour l’aviation durable, à partir de la biomasse, à travers une nouvelle société de projet, BioTJet. Avec à la clé, une première usine qui vise les 110.000 tonnes de SAF à horizon 2027.
« Les industriels sont très demandeurs, car rien que le marché français est estimé à 350.000 tonnes par an à l'horizon 2030, ce qui représente déjà plusieurs fois la capacité de notre future usine », affiche Mathieu Hoyer, directeur du développement des projets SAF pour Elyse Energy.
« Les industriels sont très demandeurs, car rien que le marché français est estimé à 350.000 tonnes par an à l'horizon 2030, ce qui représente déjà plusieurs fois la capacité de notre future usine », affiche Mathieu Hoyer, directeur du développement des projets SAF pour Elyse Energy. (Crédits : Airbus)

Cette fois, ce n'est pas dans la captation de CO2 pour produire du e-methanol, destiné aux industries du transport maritime et de la chimie, mais bien dans une nouvelle branche d'activité, le e-kerosene, qu'Elyse Energy s'engage avec sa nouvelle société de projet.

Son nom de code : BioTJet. Cofondée avec plusieurs partenaires dont Avril, Axens, Bionext et la filiale d'investissement d'IFP Energies nouvelles (IFP Investissements), cette nouvelle entité, dont Elyse Energy restera actionnaire majoritaire aux deux tiers, compte s'attaquer à un nouvel enjeu énergétique : celui de produire des de produire des biocarburants (appelés aussi les SAF - sustainable aviation fuel). Et plus particulièrement du e-kerosène, à partir d'un procédé innovant de valorisation de la biomasse.

C'est en s'appuyant sur un procédé technologique innovant, BioTfueL®, développé entre 2010 et 2021 au sein d'un consortium composé des partenaires du projet, qu'Elyse Energy (elle-même créée en 2020 par  Vol-V et le fonds Falkorcompte désormais passer à l'étape d'après.

Son objectif : reproduire le modèle de ce qu'elle visait déjà dans le e-methanol en construisant et en opérant ainsi « la plus grande unité industrielle française de production de biokérosène avancé, à partir de biomasse durable. » Avec comme cible, une unité de production capable de produire 110.000 tonnes par an de carburants d'aviation et de naphta durables, à destination des secteurs de l'aérien et de l'industrie.

Un projet qui comprendra la création de 600 emplois indirects et directs au sein de la filière (incluant la biomasse et la logistique), dont 100 à 120 équivalents temps pleins, rien que sur le site de la future usine, qui nécessitera plusieurs hectares.

« Les industriels sont très demandeurs, car rien que le marché français est estimé à 350.000 tonnes par an à l'horizon 2030, ce qui représente déjà plusieurs fois la capacité de notre future usine », affiche Mathieu Hoyer, directeur du développement des projets SAF pour Elyse Energy, qui compte ensuite stocker et distribuer ce biocarburant, sous forme liquide, aux plus grandes plateformes aéroportuaires françaises.

Une feuille de route et des défis à relever

A l'issue d'une première phase de développement du pilote industriel, les partenaires du projet recherchaient en effet un partenaire pour finaliser son développement et amener cette technologie jusqu'à l'échelle industrielle. Et c'est là que leur chemin a croisé celui d'Elyse Energy, puisque la promesse de produire du e-kérosène à partir de la biomasse intéressait aussi tout particulièrement le lyonnais, qui vise depuis sa création à se positionner comme le spécialiste des carburants bas carbone.

« La création de cette société va nous permettre d'entrer dans le vif du sujet, et de poursuivre notamment des études plus détaillées d'ingénierie ainsi que d'y accorder des moyens financiers et humains », explique Mathieu Hoyer.

Avec parmi les défis, celui de lever des fonds dans le courant de l'année (aucune enveloppe n'a pour l'heure été communiquée, mais on sait que le projet a déjà obtenu des subventions, dans le cadre du PIA 4, à hauteur de 7,9 millions d'euros pour sa phase de développement), mais aussi de structurer également toute une filière d'approvisionnement -des résidus de bois et de la sylviculture- pour l'organiser autour de son projet.

« Il s'agit d'un enjeu majeur, et c'est la raison pour laquelle nous avons dès aujourd'hui recruté un responsable des approvisionnements, quatre à cinq ans avant le démarrage même de l'outil industriel », note-t-il.

Une short-list de plusieurs sites industriels potentiels

D'ici la fin 2023, les équipes d'Elyse Energy espèrent d'ailleurs avoir acté l'implantation de ce nouveau site de production, au sein d'une short-list tenue pour l'heure secrète.

Elle devrait cependant se situer à la fois à proximité des filières d'approvisionnement en biomasse en amont, mais aussi des grandes plateformes aéroportuaires qui utiliseront ses biocarburants en aval...

Sans compter que la culture industrielle, et notamment l'adaptation des sites aux contraintes réglementaires et à l'expiration des recours potentiels, pèseront également lourd dans la balance à l'heure du choix à réaliser. « Il est certain que dans le contexte réglementaire français, nous ne pourrons pas nous installer sur des terres agricoles, il s'agira nécessairement d'une plateforme industrielle ou d'une friche industrielle, peu importe son usage précédent », glisse Mathieu Hoyer.

« Tout notre enjeu va être de pouvoir tenir les délais annoncés pour un démarrage de la production en 2027, car les attentes très fortes sur le marché du e-kérosène, avec l'entrée en vigueur des objectifs de décarbonation de l'aviation dans les années à venir », ajoute-t-il.

Les SAF, des carburants « verts » qui ne constituent qu'une brique

La société lyonnaise aurait d'ailleurs ouvert les discussions avec plusieurs grands noms de l'industrie aéronautique, actuellement à la recherche de nouvelles sources d'approvisionnement en carburants dits verts.

Pour autant, Elyse Energy est conscient, comme beaucoup d'autres acteurs de cette industrie, que les SAF ne constitueront pas l'unique réponse à la transition énergétique du monde aérien. Car si sa technologie BioTfueL permet de produire des carburants sans émissions de CO2 lors de son processus de production (en couplant notamment l'électricité nécessaire à l'utilisation d'un hydrogène décarboné), l'utilisation du e-kerosene au coeur des réacteurs des avions générera ensuite quant à lui toujours des émissions de CO2.

« On sait aujourd'hui que si l'on veut atteindre les objectifs de neutralité carbone que s'est fixée l'industrie aéronautique, la moitié des efforts sera déjà de verdir les carburants, et c'est sur ce segment que nous nous positionnons. Viendront bien entendu, à plus long terme, l'électrification et la motorisation hydrogène, mais nous ne sommes pas sur les mêmes échelles de temps. Elyse Energy propose une solution rapidement industrialisable, sur une échelle de cinq ans et éprouvée », nuance Mathieu Hoyer, qui rappelle que selon les prévisions de l'industrie, 63% de SAF seront incorporés dans la consommation des avions à horizon 2050.

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Commentaire 1
à écrit le 25/01/2023 à 17:23
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Ils vont la trouver où la biomasse..

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