Lyon: après plusieurs jours de polémique, Grégory Doucet annule la table ronde "Regards sur la Palestine"

La table ronde "Regards sur la Palestine" n'aura finalement pas lieu à Lyon. "J’ai décidé, avec mon équipe et les personnes participant à cette conférence, de surseoir à sa tenue", a indiqué le maire de Lyon, Grégory Doucet, dans un long courrier consulté par BFM Lyon.

Organisé pour célébrer les trente ans des accords d'Oslo, l'événement est au cœur d'une polémique depuis plusieurs jours, l'invitation de l'avocat franco-palestinien, Salah Hamouri ayant fait vivement réagir la communauté juive ainsi que la droite lyonnaise.

"C’est avec gravité mais raison que cette décision a été prise, afin de trouver les voies d’un dialogue renouvelé et d’un nécessaire apaisement", écrit Grégory Doucet dans son courrier.

Le maire de Lyon justifie sa décision "au regard de la situation au Proche-Orient, des postures irresponsables et inacceptables d’appel à la manifestation haineuse et anti-républicaine, et de [son] rôle d’assurer la sécurité de toutes et tous".

Selon les informations de BFM Lyon, la préfecture du Rhône avait mis en demeure la ville de Lyon d'annuler cette conférence, dans une requête envoyée ce lundi matin à Grégory Doucet. Le maire disposait de 24 heures pour réagir, avant que la préfecture ne prenne un arrêté d'interdiction.

Des "experts reconnus"

L'édile de Lyon dénonce dans sa lettre "que des libertés fondamentales telles que la liberté d’expression puissent être mises en péril" et balaie d'un revers de la main "tout procès en antisémitisme", en s'attaquant à des "adversaires politiques héritiers de partis jadis collaborationnistes".

Le maire se défend, également, de n'avoir "jamais imaginé convier des personnalités officielles afin de ne pas exporter le conflit israélo-palestinien, ici en France", tout en rejetant des critiques sur cet événement "accusé de partialité". La municipalité le répète, seuls "des experts reconnus dans leur domaine" ont été invités, et aucun "représentant officiel de l’Etat d’Israël" ou "de l’Autorité palestinienne".

"Jamais nous ne céderons au piège des identités meurtrières, à partir desquelles les volontés de vivre ensemble en paix sont amoindries", écrit le maire de Lyon.

Joint par BFM Lyon, le Crif Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) se dit "satisfait de l'annulation de cette conférence, mais ne crie pas au triomphalisme" et a, en conséquence, annoncé l'annulation de la conférence de presse prévue ce lundi et de la manifestation prévue mercredi devant l'hôtel de ville en même temps que la conférence.

L'opposition vent debout

Avec "Regards sur la Palestine", organisée le 1er février prochain, la ville de Lyon souhaitait "évoquer la situation dans les territoires palestiniens". À cette occasion, la municipalité avait notamment convié autour de la table des universitaires, des experts indépendants auprès des Nations Unies, des représentations associatifs, mais aussi l'avocat franco-palestinien, Salah Hamouri.

L'invitation de ce dernier avait provoqué de vives réactions, aussi bien auprès de la communauté juive, provoquant le retrait du grand rabbin de Lyon d'un groupe interconfessionnel, que de la droite lyonnaise, qui a réagi par la voix du président (LR) de la région Auverne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.

"J'ai été particulièrement troublé par votre décision", avait notamment écrit ce dernier dans un courrier adressé au maire de Lyon.

"Je vous demande, Monsieur le Maire, au nom de la nécessité de conserver cet esprit de concorde, de renoncer à I'invitation de Salah Hamouri ainsi que d'assurer, dans notre tradition lyonnaise, toutes les conditions pour la tenue d'un dialogue à la fois apaisé et équilibré", déclarait ce dernier.

Le maire de Lyon "espère", enfin, que le grand rabbin de Lyon, pour lequel il dit "conserver [son] amitié", reconsidérera sa décision, "au regard de l’importance du dialogue interreligieux".