Autopartage : confronté lui aussi à la crise de la Tech, Wesk se cherche un repreneur

Après son départ de Navya, il s'agissait d'un projet qui comptait remettre son fondateur, Christophe Sapet, sur les rails d'une nouvelle aventure. Mais finalement, la startup lyonnaise à la tête de l'offre d'autopartage Shaary, Wesk, vient elle aussi d'arriver sur les bancs du tribunal de commerce de Lyon. Fragilisée à son tour par une nouvelle ronde de financement qui n'a pas pu être bouclée, elle se positionnait pourtant sur le marché, plus abouti que sa cousine Navya mais néanmoins concurrentiel, des solutions d'autopartage de véhicules électriques au coeur des métropoles.
La jeune pousse, cofondée par deux anciens de Navya dont son ex-pdg Christophe Sapet, se préparait à franchir de nouveaux paliers au sein des villes de Marseille, Nice et Strasbourg, avec une nouvelle levée de fonds qui n'a pas pu être bouclée.
La jeune pousse, cofondée par deux anciens de Navya dont son ex-pdg Christophe Sapet, se préparait à franchir de nouveaux paliers au sein des villes de Marseille, Nice et Strasbourg, avec une nouvelle levée de fonds qui n'a pas pu être bouclée. (Crédits : DR)

On avait laissé la jeune pousse début 2022, avec de fortes ambitions : car le lyonnais Wesk, fondé lui aussi par l'ex-pdg de Navya dans la banlieue lyonnaise de Dardilly (Rhône), visait à essaimer son service d'autopartage de véhicules électriques Shaary à travers l'Hexagone. Avec l'idée de se poser comme un outil dans l'éventail des futures ZFE, en cours de déploiement au coeur des principales métropoles.

A commencer par la ville de Marseille, où Wesk entamait il y a tout juste un an (début janvier 2022) le déploiement de sa flotte de 50 micro-véhicules électriques (rendue désormais à 100), devenant ainsi le troisième acteur à s'installer dans la cité phocéenne. Cette étape avait été suivie par les villes de Strasbourg (30 véhicules) en mai 2022 puis de Nice en juillet 2022 (50 véhicules), tandis que le dossier de Lyon, où la jeune pousse avait obtenu le label autopartage de la Ville, était encore en stand-by.

Mais l'aventure, qui employait jusqu'ici 25 salariés a finalement été stoppée net, trois ans après son démarrage, le 5 janvier dernier, date à laquelle une procédure de redressement judiciaire a été ouverte auprès du tribunal de commerce de Lyon. Avec, ironie du sort, quelques semaines d'écart avec celle de leur ancienne société Navya, spécialisée dans les navettes autonomes.

Une levée de fonds avortée

« En fin d'année, nous étions dans un process de levée des fonds afin d'assurer le développement de notre flotte et de franchir de nouveaux paliers dans les villes déployées : Marseille, Nice et Strasbourg », confirme à La Tribune Diego Isaac, cofondateur de Wesk, qui évoque un « contexte économique et financier global tendu », dans lequel « les investisseurs impliqués n'ont pas pu confirmer leur entrée au capital dans le délai imparti ».

La société avait réussi à obtenir un premier round de financement de 3 millions d'euros en mai 2021, notamment auprès de l'accélérateur dédié aux transitions écologiques du studio lyonnais Waoup, Greenpact, et avait également bénéficié d'un Prêt Amorçage Innovation d'un million d'euros de la Banque Publique d'Investissement (BPI).

Mais depuis, le début d'année marqué par la crise du monde de la Tech et la frilosité des investisseurs semblent avoir pesé sur cette nouvelle levée, qui n'est pas parvenue à convaincre à un moment où la société avait encore besoin d'investir massivement dans son parc.

Un pari technologique avec l'amovible pour le free-floating

Un coup dur pour l'aventure qu'avaient lancé ces deux anciens de Navya en 2020. Avec un double pari : se lancer sur le segment ultra-concurrentiel des véhicules électriques en autopartage, tout en conservant un pari technologique avec le lancement d'une offre de batteries « interchangeables » (c'est-à-dire sans bornes de recharge).

Le principe ? En achetant en premier lieu des modèles de véhicules Biro, conçus par l'italien Estrima, sa flotte de Marseille pouvait être ainsi proposée en mode « free-floating », c'est-à-dire « sans station », munis de batteries « interchangeables » qui pouvaient ensuite être remplacées par le service de maintenance de la compagnie directement sur son lieu de stationnement.

Il avait ensuite prolongé ce pari initial à Strasbourg en s'équipant de Dacia Spring électriques, qui seraient ensuite rechargées par ses propres équipes de maintenance, ainsi que par un autre modèle de quadricycle chinois 100 % électrique, le Xev Yoyo. équipé d'une batterie amovible lui permettant une autonomie de 150 kilomètres.

Côté modèle économique, Wesk basait notamment son modèle sur un tarif fixe de 1,50 euro par session de location et de 32 centimes d'euros par minute, avec un seuil de sa rentabilité sur une utilisation de ses véhicules « d'au moins 2 heures chaque jour », ce qui représentait une dizaine de rotations quotidiennes.

... sur un secteur ultra concurrentiel de l'électromobilité partagée

Mais Wesk était loin d'être la seule à opérer un service d'autopartage : en témoignait (entre autres) l'arrivée en force de la société Leo&GO du groupe Vulog à Lyon avec 300 véhicules (100 électriques et 200 hybrides) fin 2021. Mais aussi celle de la branche d'autopartage (Bolt Drive) de la société estonienne Bolt, arrivée à Lyon à l'automne 2022 puis à Villeurbanne.

Selon une récente étude de l'Ademe menée en 2022, on dénombrait 15 opérateurs proposant près de 11.500 véhicules en autopartage dont deux nouveaux arrivants, parmi lesquels on recensait justement Wesk et Zity. Deux autres opérateurs, Bluecub et Bluely, avaient quant à eux mis la clé sous la porte. Le marché du free-floating (sans stations) était visé par un tiers des acteurs présents sur le marché (6 acteurs sur 15), avec une moyenne d'utilisation estimée à 3,1 locations par mois et par usager (contre  2,8 locations pour les flottes en bornes fixes), pour des trajets cependant plus courts et plus rapides (65% des utilisateurs y feraient appel pour des trajets de moins d'une heure et 66% pour moins de 20 km).

Avec un délai dépôt des offres de reprise fixé au 13 février, Wesk est désormais à la recherche de repreneurs. « A ce stade, plusieurs entreprises ont marqué leur intérêt pour le dossier », confirme Diego Isaac, qui atteste à La Tribune que le service des trois villes est maintenu en l'attente de la décision du tribunal de commerce de Lyon.

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