Fluvial : Lyon se jette à l'eau et envisage une première ligne de transport de passagers dès 2025

Ce n'était pas une promesse de campagne, mais plutôt un projet "à l'étude" : et finalement ce jeudi, la majorité écologiste, aux commandes de l'autorité organisatrice des transports en commun Sytral Mobilités, a voté une délibération ouvrant la voie à la création d'une première ligne de transport fluvial à Lyon, dès 2025. Le format de la délégation de service public (DSP) est privilégié, alors même que l'ensemble du réseau de transport en commun (TCL) s'apprête lui-même à être remis en jeu fin 2024, à travers un nouvel appel d'offres marqué lui-même par une volonté d'allotissement.
Ce n'est cette fois pas sur le Rhône (ci-contre), mais sur la Saône que le projet de la majorité écologiste vise à lancer une première navette de transport fluvial, intégrée au réseau de transports en commun TCL.
Ce n'est cette fois pas sur le Rhône (ci-contre), mais sur la Saône que le projet de la majorité écologiste vise à lancer une première navette de transport fluvial, intégrée au réseau de transports en commun TCL. (Crédits : DR/ML)

Après le mode de transport privé Vaporetto déjà connu des lyonnais (qui propose depuis 2012 un trajet de quatre arrêts entre Confluence et la station Vaise pour un ticket de 5 euros), c'est un tout autre projet de transport fluvial qui s'apprête à transformer les déplacements du quotidien dans la capitale des Gaules : car sur la table de l'Autorité organisatrice des transports en commun (Sytral mobilités), figure désormais le projet de créer une première ligne de transport fluvial de passagers, qui serait ainsi raccordée directement au réseau de transport en commun (TCL).

Pour le prix d'un ticket de métro (2 euros), les lyonnais pourraient en effet se déplacer, non pas sur le Rhône mais sur la Saône voisine, entre les stations « Vaise - Industrie » et les « Terrasses de la Presqu'île », le long du quai Saint-Antoine. Une desserte de Confluence serait même envisagée, uniquement sur certains horaires.

Un projet ambitieux qui a été présenté ce jeudi dans une délibération aux élus du conseil d'administration de Sytral mobilités, et qui pourrait incarner un nouveau symbole pour la majorité écologiste, qui avait été contrainte d'abandonner son projet de téléphérique pour relier l'Ouest Lyonnais.

Il s'agit aussi d'une manière de remettre le transport fluvial sur le devant de la scène, alors même qu'un projet d'Hôtel de la Logistique Urbaine (HLU), hérité de la précédente majorité, avait été repris en main à l'issue de la crise sanitaire par la nouvelle municipalité, qui tentait d'y imprimer sa marque. Un consortium, composé de la SEM Lyon Parc Auto, de la Banque des territoires, La Poste Immobilier et la Serl@Immo avait remporté l'appel à manifestations d'intérêts de la part de CNR et de l'Etat visant à construire et exploiter ce nouvel équipement, dont la livraison est attendue au premier semestre 2023.

Jusqu'à toutes les 15 minutes en heures de pointe

Cette fois, pour son service de navette fluviale de transport de passagers, Sytral Mobilités envisage en premier lieu un service composé de quatre bateaux électriques avec secours thermiques. Quatre autres bateaux pourraient ensuite rejoindre la flotte si le service est amené à être élargi.

Une capacité de 70 à 90 places serait pour l'heure à l'étude, et dépendra également de la disponibilité des bateaux à l'achat : car compte-tenu des délais de fabrication actuellement rencontrés sur le marché, Sytral Mobilités pourrait avoir recours à des barges d'occasion ou à une offre de location. En tout, 2.000 voyageurs par jour sont attendus sur cette ligne.

Côté horaires, les bateaux devraient circuler entre 7h et 21h, jusqu'à toutes les 15 minutes en heure de pointe. « Sur cet axe, il n'y a pas de ligne de métro ou de tramway qui seraient plus rapides qu'une navette fluviale, cela nous semble très intéressant », confiait à la presse locale Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon et également premier vice-président de Sytral Mobilités, rappelant qu'à l'inverse, le Vaporetto qui relie aujourd'hui les quartiers de Vaise et Confluence sur la Saône demeure « vraiment un objet touristique ».

Un budget de 26 millions d'euros

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le sujet intéresse car lors de la campagne des municipales de 2020, le candidat LR Etienne Blanc avait alors proposé un projet de navette fluviale à hydrogène, qui reposait à l'époque sur la startup SeaBubbles du navigateur Alain Thébault (reprise fin 2020 par un fonds d'investissement lyonnais, Mediapps) et comptait transporter une quarantaine de passagers sur l'eau à une vitesse de 40 à 50 km/h.

Le budget global du projet qui sera soumis au vote de Sytral Mobilités est cette fois estimé jusqu'à 26 millions d'euros, et comprend notamment 12 millions d'euros d'investissement pour l'acquisition des quatre premiers bateaux (et douze autres millions si la flotte est élargie à huit) ainsi que la création des quatre pontons, d'une zone de remisage, et des principales études (deux millions d'euros).

Le coût d'exploitation pour assurer les quelques 500.000 voyages annuels attendus (à comparer avec les 496 millions de voyages annuels réalisés sur l'ensemble du réseau TCL avant-Covid en 2019 et les 393 millions en 2021) est estimé à 1,9 million d'euros par an pour le futur délégataire : car Sytral Mobilités n'a pas retenu l'option d'une gestion sous l'égide d'une régie publique mais a choisi de faire une délégation de service public (DSP) à un opérateur privé.

« C'est une première expérience, on va donc s'adresser à des entreprises qui ont l'habitude et les laisser faire car elles ont les compétences », a souligné Jean-Charles Kohlhaas en donnant l'exemple de Nantes ou Bordeaux où ce type de navettes est déjà opéré. A la fin de la DSP,  Sytral Mobilités prévoit de devenir toutefois propriétaire des navires.

De l'allotissement actuel à un second appel d'offres

Et cela, alors que l'autorité organisatrice des mobilités lyonnaise s'est justement lancée, en ce début d'année, dans la publication d'un autre appel d'offres visant à renouveler l'ensemble de sa DSP pour la gestion des transports publics pour la soumettre à un nouveau processus d'allotissement, séparant ainsi la gestion des modes lourds des modes légers. Actuellement assurée depuis 1982 par l'opérateur Keolis, la DSP actuelle doit en effet prendre fin le 31 décembre 2024.

Au sujet de cette navette fluviale, le calendrier envisagerait quant à lui plutôt un lancement de l'appel d'offres en avril 2023, pour une désignation du futur délégataire attendue dès octobre prochain, en vue d'assurer un lancement du service au printemps 2025.

Pour l'heure, aucun nom n'a encore filtré, mais on sait déjà que plusieurs candidats pourraient être en lice : des navettes fluviales et maritimes sont déjà opérées par plusieurs opérateurs (dont l'actuel délégataire des transports lyonnais, Keolis) au sein des réseaux urbains de province.

Selon le dernier recensement du Groupement des autorités responsables de transport (GART) -dont l'écologiste Bruno Bernard est par ailleurs premier vice-président-, des projets de transport, le plus souvent maritimes, ont déjà été intégrés au réseaux de transports en commun de Bordeaux (avec le service BatCub), à Calais (avec la ligne de navette fluviale « Majest'in »), à Marseille (avec les navettes estivales de la RTM à un tarif spécifique), à Nantes (avec le service Navibus) ou encore à Toulon (service Mistral).

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